En guise de préambule à un week-end qui s’annonce pluvieux et venteux, demandons-nous ce que devient la scène Hardcore australe. Visiblement, elle est en grande forme, et nous envoie un « nouveau » représentant en guise de preuve formelle.
Alors, Hardcore, certes, mais Hardcore, vraiment ? Oui, mais pas seulement, puisque les REACTIONS ne sont pas du genre à rester cantonnés dans un seul créneau. L’Australie, c’est grand, Adélaïde aussi, et les influences convergent dans cette partie du monde, qui si elle ne vit pas en autarcie artistique, s’imprègne de culture locale pour métisser les genres d’une approche tout à fait personnelle.
Fondé en 2011, le quintette (Lachy Pitcher – chant, Nathan Morphett & James Harris – guitares, Liam Anderson – batterie Joshua Anderson – basse) s’est déjà illustré par un EP et un LP, Out Of The Dark en juin 2013 et Soul Witness en janvier 2015, qui répandaient des effluves de crossover en Océanie, avant de débouler sur le monde en rangs resserrés, jusqu’à parvenir au stade du deuxième LP, ce fameux March of Dissolution dont je m’apprête à vous parler ce matin.
Hardcore donc comme je le disais, un peu Beatdown par moments, méchamment Metalcore par instants, mais terriblement compact et puissant sur l’ensemble. Une sorte de point de convergence de la violence et de la mélodie, dans un contexte libre, que les fans d’ouverture musicale brutale trouveront certainement très à leur goût.
Enregistré par Machy Pitcher, mixé et masterisé par Shane Edwards aux Karma studios, March of Dissolution est plus qu’un simple album au son écrasant et étouffant, c’est un constat d’un monde qui part à la dérive, rongé jusqu’à la moelle par le consumérisme, l’égoïsme, l’avidité, l’immoralité et la dérive mentale et morale. La conclusion est certes très en phase avec son époque, mais elle s’accompagne d’une véhémence musicale qui parvient à équilibrer les harmonies et les poussées de fièvre avec une justesse incroyable, en s’appuyant sur des compositions fracassantes, et des incarnations individuelles notables.
De la raison, de la maîtrise et du professionnalisme, telles sont les qualités d’un combo qui n’a pas froid aux yeux et aux lyrics, et qui utilise toutes les armes Core à sa portée pour propager son message, qui sera entendu à des kilomètres à la ronde.
Plus prosaïquement, il y a fort longtemps que je n’avais pas entendu tel cocktail de rage et de violence. Si la base de la musique des australiens reste dans des balises Metalcore assez nettes, leur interprétation nuance et module, au point d’atteindre les standards en vogue sur les productions des THE GHOST INSIDE ou JUSTICE FOR THE DAMNED, tout en gardant un ADN propre.
Le mélange et les références vous conviennent ? Alors prenez place, et écoutez avec les yeux et les oreilles ce mélange détonant qui ne fait jamais preuve de complaisance à l’égard d’une société qui se regarde mourir à petit feu, le dernier smartphone à la main…
Ce qu’on remarque au prime abord sur March of Dissolution, c’est sa diversité appuyée par une puissance de feu phénoménale. On connaît le principe d’alternance entre Metal et Hardcore, et entre férocité et séduction harmonique. Mais les REACTIONS poussent la combinaison dans ses derniers retranchements, en profitant d’un son gigantesque, qui pourtant n’uniformise pas leurs attaques, toujours pertinentes et explosives. A tel point que ce second longue durée prend des allures de best-of à peine déguisé qui risque de faire trembler la scène Core mondiale sur ses bases.
L’exemple introductif de « Confirmation Bias (The Storm) » est assez probant, et étale toutes les qualités d’un groupe qui impose la versatilité sur la table des négociations, sans vraiment négocier. Graves qui aplanissent, rythmique qui concasse et varie les attaques, riffs qui taillent dans le gras de la réalité, et chant qui diffuse ses litanies comme un discours de l’absurde, celui de la dernière chance. En à peine trois minutes, le quintette appose son sceau sur le Hardcore contemporain, utilisant les BPM comme bon lui semble, et décélérant violemment après une entame véloce pour mieux nous faire ouvrir les yeux.
Agressif, mélodique, nuancé et ondulé, c’est une entame probante qui met les choses au poing. Mais la messe est loin d’être dite, et les quarante minutes à peine entamées.
Alors attendez-vous à d’autres uppercuts en plein nez.
« Heavy Chains » ne les brise justement pas, et se relie directement au titre précédent pour en incarner une continuité en fondu, tâtant même du Metal le plus franc pour augmenter la pression jusqu’au niveau voulu.
« Wrong Direction » commence à nous entraîner sur des chemins plus tortueux, et laisse sa rythmique frapper comme une damnée, pour un pilonnage en règle qui vous incruste les idées dans votre cerveau sans demander votre accord. Mais un refrain beaucoup plus harmonique que la moyenne vient troubler le chaos ambiant, et sans tomber dans le piège du Metalcore le plus éculé, les REACTIONS parviennent à s’adresser à la jeune génération sans faire preuve d’opportunisme déplacé.
C’est bien ce qui caractérise le plus ce deuxième album, qui parvient à faire la jonction temporelle entre passé et présent, en évoquant tout autant les MADINA LAKE que les THESE STREETS. Leur talent pour conjuguer des riffs mémorisables et des lignes de chant viscérales est bluffant de cohérence, ce que démontre avec puissance « Follow The Leader » qui n’a pas grand-chose à envier à son homonyme KORNien. En prenant le parti de concentrer leurs idées sur quelques minutes sans les diluer, ils gagnent leur pari haut la main, ce qui leur permet quand même de jouer les prolongations en une occurrence, celle assez fascinante de « Coulourblind », au cheminement plus progressif et envoutant.
En utilisant avec parcimonie quelques arrangements électroniques, « March Of Dissolution » s’impose comme le titre le plus écrasant, avec toujours cette propension qu’ont les guitares d’aller piétiner les plates-bandes du Néo Heavy des 90’s. Le chant de Lachy ne lâche jamais la pression, et se montre l’arme de dissuasion la plus efficace. L’homme hurle et vitupère, mais jamais dans le vide.
« Side Effects » ose même mélanger le PANTERA le plus sombre avec un IN FLAMES retrouvé sous les décombres, tout en gardant cette optique Hardcore qui incruste des chœurs guerriers dans les interstices, plutôt minces il faut l’avouer.
La densité ne faiblit jamais, et le Hardcore moderne des REACTIONS ne présente aucun risque de porosité, puisque même le final « Victims Of Discipline » monte encore en puissance pour taquiner le Hardcore le plus létal.
Le Hardcore australien va bien, très bien même. A l’inverse du monde dont il dénonce les travers. Mais sachons écouter les oracles de la lucidité qui font ce qu’ils peuvent pour nous prévenir et nous éviter de tout gâcher. A moins qu’il ne soit déjà trop tard. Mais avec une telle bande son pour accompagner l’Armageddon, nous partirons au moins l’écume aux lèvres et la haine en oraison…
Titres de l'album:
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