La vie est-elle un long fleuve tranquille ? Pour quelques privilégiés/chanceux/bien-nés, oui sans aucun doute. Mais pour la majorité d’entre nous, l’existence s’apparente plus à un long chemin rude, arpenté les tripes en avant, dissimulant de nombreuses bosses, trous, déviations et autres virages à négocier. Alors, autant accepter ce postulat pour ne pas être déçu, et pour apprécier les moments de tranquillité ou de beauté. Ces moments de beauté se matérialisent souvent en musique, notre passion à tous, lorsqu’un groupe ose aller plus loin que le regard se posant sur un horizon fixe. Car il faut parfois regarder le ciel pour y voir notre avenir, aussi sombre puisse-t-il être.
Les ETOILE FILANTE connaissent bien le ciel, ils en font partie. La cartographie céleste les place au centre de l’univers, dans un recoin plus ténébreux que la moyenne, ce qui leur permet de traverser les espaces en exauçant quelques vœux au passage. Mais pourquoi faire un vœu quand on a sous la main un album aussi magique que ce Mare Tranquillitatis ? Car après tout, il contient tout ce qu’on peut espérer d’un album de Black atmosphérique et progressif, un peu comme si PINK FLOYD se reconvertissait en tribute band d’OPHTALAMIA.
Mais bien évidemment, le trio francilien vaut beaucoup plus qu’une simple comparaison plus ou moins habile. Les esthètes de la brutalité noire les connaissent depuis quelques années, et surtout, depuis ce premier album incroyable, Magnum Opus Caelestis, qui osait un intitulé plein de grandeur en parfaite adéquation avec son contenu.
Chazoul (guitare/claviers), Einsiedler (basse) et Phobos (chant/textes) nous embarquent donc une fois encore dans le cosmos, observer les galaxies et écouter le chaos phénoménal du vide spatial qui souvent prend des allures de nouveau Big Bang. Leur approche du Black Metal n’a pas changé, les ambitions n’ont pas été revues à la baisse, bien au contraire, et ce deuxième longue-durée tient toutes les promesses tacites passées par son prédécesseur.
Utilisant les claviers à plein régime, pour créer des ambiances et offrir des textures sonores, Chazoul nous gâte de ses riffs stellaires et de ses nappes synthétiques oniriques, quelque part entre le Rock progressif des années 70 et le Metal très méchant de NOCTURNUS. Le membre original s’est donc encore dépassé pour empiler les couches et les strates, afin de composer un mille-feuilles sonore épais, complexe, mais harmoniquement riche.
Mare Tranquillitatis est notre voyage sur les vagues de la perdition, l’impossible quête de notre Atlantis stellaire. Une croisière sans fin à travers la damnation de Neptune, où l’espoir subsiste alors que notre vaisseau subit. Rejoignez-nous dans notre voyage vers l’éternité.
C’est ainsi que le groupe présente son travail, sous la forme d’un carnet de bord rempli d’annotations, de ratures, d’opinions et de formules. En tant que capitaine d’un navire assez spécial, ETOILE FILANTE nous propulse dans un espace/temps différent, plus difficile, plus éprouvant, avec de longues minutes de violence et quelques secondes mélodiques. Capables de se montrer allusif à tous les sous-genres du Black Metal, les trois musiciens profitent parfois d’un riff accrocheur pour oser s’aventurer sur le terrain de l’efficacité, mais la globalité de l’album hésite entre planant enivrant et agressif déstabilisant. Comme une gravité capricieuse nous happant vers le haut avant de nous fracasser vers le bas, Mare Tranquillitatis alterne les émotions et les sensations, illustrant à merveille ce voyage promis à l’origine.
Entre 2001 et Event Horizon, proche de Sunshine mais aussi d’Alien, Mare Tranquillitatis progresse selon les humeurs et les obstacles rencontrés, mais laisse un goût de perfection dans la mémoire. Difficile en effet de ne pas féliciter les musiciens pour une telle débauche d’énergie intelligente, et pour cet agencement de plans qui se suivent avec une logique indéniable.
Inutile donc de craindre l’habituel déferlement de blasts et l’éternelle litanie de vomi vocal. La sophistication est en effet au centre des débats, sans que le concept ne sombre dans l’élitisme déplacé. Souhaitant rester abordable et osons le terme, « populaire », le groupe se propose donc de combiner des idées tirées du Black Ambient, du Black traditionnel et du Black synthétique et grandiloquent, pour en sortir une symphonie à rendre les étoiles pâles de jalousie.
Il est évident que ce second long est à écouter en entier pour en saisir le propos. Les thèmes utilisent un copier/coller assez malin pour assurer les transitions et l’homogénéité, mais pourtant, les petites variations, les effets sonores en bip de sonar, les harmonies passées et délavées font de cette mer un océan de créativité et de folie qu’il serait injuste de bouder.
Plus qu’un simple album, Mare Tranquillitatis est l’expédition d’une vie. On mesure la somme de travail abattue par ETOILE FILANTE qui a peaufiné toutes les compositions jusqu’à la moindre demie-croche, au point de nous offrir un interlude sci-fi déroutant de crédibilité 70’s (« Mare Tranquillitatis »).
L’espace, sans fin, terrain de jeu ultime pour musiciens téméraires. Et si personne ne vous entend crier, beaucoup peuvent vous entendre jouer. Un air de violence, un sifflement de souvenirs, pour un album impeccable, qui vous promet des étapes mouvementées et un final terrifiant.
On ne revient pas tous de nos pérégrinations spatiales. Certains restent dans les étoiles toute leur vie, sans jamais se souvenir de leur passé.
Ce qui est une bénédiction parfois. Alors, au lieu de faire un vœu, achetez cet album. Les voyages immobiles sont rares et précieux.
Titres de l'album :
01. Sur Les Stèles Des Soleils Entrevus, Ou Le Châtiment De Neptune
02. Fragments De Poseidonis
03. Mare Tranquillitatis
04. La Traversée
05. Naufragés De L'océan d'Onyx
06. Le Vent Des Éternels
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