Mine de rien, la scène Ukrainienne est en train de devenir l’une des plus prolixes en termes de BM classique, et je pourrais jeter quelques noms à la volée dont ceux de WHILE THEY SLEEP, KAOSOPHIA, SHADOWS GROUND, ULVEGR, CHATEAU NOIR ou encore VÖEDTÆMHTËHACTÅTT.
Et les locaux peuvent compter sur le soutien indéfectible de l’écurie Russe Satanath Records pour les soutenir, puisque le label peut s’enorgueillir de compter une nouvelle signature à son cheptel, en l’occurrence celle du trio LAVA INVOCATOR et son patronyme pour le moins énigmatique.
LAVA INVOCATOR (Ingvaar – guitare/chant, Silent – basse et Yggr – batterie) nous offre donc en ce mois de mars son premier longue durée, assez empreint de culture violente locale, mais ouvert à d’autres influences, en faisant un des groupes les plus intéressants du moment, et la fierté de son label qui ne tarit pas d’éloges à son sujet.
L’idée de la conception du groupe a émergé de la petite ville de Lund, près de Malmö. Des nuages orageux planant au-dessus des rochers d’Öresund, des forêts denses, et des murmures mystiques, le tout se mélangeant dans un tourbillon d’émotions, tel est donc le propos qui a servi de fondement à l’élaboration de la direction musicale présentée sur ce Mörk (« Ténèbres » en suédois), qui tout en puisant son inspiration dans la tradition la plus séculaire et nordique du BM, s’autorise quelques incartades mélodiques et modérément symphoniques assez prenantes, histoire de varier le propos de sa brutalité revendiquée.
Fondé en 2015, LAVA INVOCATOR est né des cendres encore fumantes de DEF / LIGHT, et se veut union de Black Metal abrasif et sans compromis, et de mélodies et d’atmosphères plus mystiques et opaques, pour aboutir à un mélange assez onirique dans l’agression, comme une menace sombre survolant des forêts de désolation et de solitude.
Une forme de poésie outrancière qui associe crudité du propos et malléabilité des arrangements pour parvenir à un résultat équilibré, certes encore loin d’une originalité d’avant-garde, mais suffisamment fouillé pour intéresser les plus exigeants d’entre vous.
Niveau références, leur label se plaît à les comparer à des icônes telles que DISSECTION, MAYHEM, DARK FUNERAL, ULVER, DARKTHRONE, mais d’autres connaisseurs ont inévitablement évoqué l’emphase d’IMMORTAL, celle d’EMPEROR bien sûr, mais aussi des réminiscences de DRUDKH, pour cette nostalgie harmonique larvée qui parvient à transcender des morceaux de facture classique sans en édulcorer le propos. Et il est certain que ces noms ne sont pas lâchés au hasard, tant la musique de Mörk semble familière au premier regard auditif. De longues plages qui se veulent aussi brutales qu’atmosphériques, évoquant à merveille le climat mouvant des côtes nordiques, tout en gardant cette rudesse propre à la culture de l’Est. Le mélange est subtil, alternant avec bonheur les passages en mid terriblement accrocheurs, et les violentes envolées de blasts, qui sont presque systématiquement contrebalancées par de légers arrangements en arrière-plan, qui n’ont toutefois pas la grandiloquences des cadors du genre, mais le résultat étant voulu, on ne saurait blâmer les LAVA INVOCATOR de rester discrets dans leurs orchestrations.
L’archétype même de morceau symptomatique de la démarche ambitieuse des Ukrainiens pourrait bien être ce « Dark Thunder Sky », qui cavale de thème en thème sans perdre son propre fil, mais en combinant des parties accrocheuses à la CRADLE OF FILTH et de longues séquences de contemplation écrasante qu’Ihsahn lui-même aurait pu décrire sur un de ses albums solo.
D’un autre côté, le radicalisme Death’n’Roll d’un épidermique « Totenkampf » suggère une alliance pas si contre nature que ça entre un DARKTHRONE vraiment inspiré et un MARDUK débarrassé de ses impulsions les plus guerrières et se sentant pousser des ailes lui permettant de planer sur un riff vraiment catchy. Comme vous le constatez, la linéarité n’est pas de mise sur Mörk, et c’est bien ce qui en fait son charme, puisque tous les secteurs de jeu sont dominés d’un professionnalisme assez peu fréquent pour un premier album.
Trois entrées attirent l’attention par leur timing desserré, « Empyrium et Nihil » qui débute comme un tir de barrage à la MARDUK, sans aucune pitié, gardant le cap sur une réelle intensité, et rappelant même les meilleurs efforts des suédois depuis l’intégration de Mortuus.
« Black Dawn », qui au contraire joue sur les évocations ambivalentes à la MAYHEM, déviant très rarement de son tempo lourd parfois explosé d’un torrent de blasts enragés, sans cracher sur des mélodies disséminées avec parcimonie qui n’aèrent pas vraiment le propos malsain.
Et bien évidemment, le final « Mörk » se taille la part du lion avec ses sept minutes patiemment égrenées, se voulant feutré, sournois, usant d’un chant murmuré et de segments en mid typiques d’un BM des nineties. Tour de force en version concentrée, cet épilogue permet de placer les LAVA INVOCATOR dans le peloton de tête des groupes à suivre, proposant une sorte d’hommage au style tout en y apportant leur touche personnelle indéniable et facilement détectable.
N’oublions pas de citer dans le rôle du trublion dans un jeu de croix inversées « Gestapofallos », qui se repaît de ses trois minutes de citations Crust et Black’n’Roll à la ENTOMBED/DARKTHRONE, parvenant même par fugaces impressions à évoquer le spectre d’un BATHORY, voire d’un Quorthon en solo.
Ajoutez à ça une intro travaillée qui nous plonge directement dans l’univers particulier du groupe, et qui distille des harmonies étranges et déformées pour nous déraciner de notre emprise rationnelle et nous transporter dans un décor onirique et fantasmagorique (« Awaken », qui n’oublie pas pour autant de déchainer les enfers d’un BM hautement corrosif), et vous obtenez un album très solide, qui sans révolutionner le genre, parvient à le tirer vers le haut et se montrer digne des impératifs de l’école Ukrainienne, l’une des plus rigoureuses de la planète.
Avec Mörk, LAVA INVOCATOR nous enserre de ténèbres, certes pas les plus opaques et effrayantes de la création, mais suffisamment denses pour que l’on regarde dans les moindres recoins secoués d’un petit frisson. Une belle synthèse des mouvances scandinaves adaptées aux exigences de l’Est, pour un premier album assez remarquable, qui ne fera pas tâche dans la production de leur légendaire label.
Titres de l'album:
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