Me voilà rassuré, Hollywood n’a rien perdu de sa superbe ni de son sens du spectacle. Il faut dire que la scène Hard Rock devenait un peu triste ces derniers temps, et perdait de vue les excès de ses origines…Entre les adorateurs du passé incapables d’extirper leurs modèles d’un schéma bien établi, les tristes sires nous plombant le moral de leurs leçons de morale, les tournées d’adieux sans fin des cadors et les pastiches plus ou moins grotesques, il n’y avait pas vraiment de quoi s’enthousiasmer. D’aucuns me diront que la musique en tant qu’art peut se vouloir sérieuse, et délivrer des messages construits, argument auquel j’opposerai un gros besoin de fun. Non pour s’évader d’une réalité qu’il faut bien affronter, mais pour lui faire face avec un peu plus d’énergie et d’espoir. Alors oui, je l’affirme, nous avons besoin de groupes comme SALEMS LOTT, qui au-delà d’une apparence chamarrée et de looks bigarrés propose une vision du quotidien lucide, mais surtout une musique qui essaie de s’extirper de sa condition figée pour s’ancrer dans un réalisme qui fait souvent défaut aux créateurs actuels. Il serait pourtant facile à la vision des photos promo et des clips lâchés sur Youtube de les ranger dans la catégorie des amuseurs fardés, s’en remettant à quelques astuces d’enrobage et de production pour se distinguer de la masse, mais une simple écoute de leur musique et de leur message suffit à comprendre qu’ils sont beaucoup plus que ça. Frondeurs par nécessité, provocateurs par besoin, ces américains pur jus n’en sont pas pour autant les clowns que certains imaginent, mais bien des musiciens solides et des compositeurs habiles, capables de trousser de véritables hymnes sans occulter le monde qui les entoure.
Se revendiquant d’un Shock-Rock à la Alice COOPER, mais se consacrant corps et âme à la pratique d’un Hard Rock flamboyant et légèrement Power sur les bords, les SALEMS LOTT pourraient tout aussi bien se rattacher à la vague Visual-Key de la fin des années 90, sans en emprunter tous les tics irritants. Formé fin 2013, le groupe peut s’enorgueillir d’avoir créé sa propre structure de publication et d’édition, d’avoir bourré à craquer des salles mythiques comme le Roxy Theatre, le House Of Blues, ou le Whisky a Go-Go, et surtout, d’avoir mis sur le marché l’un des EP les plus excitants du moment, ce fameux Salems Lott éponyme paru il y a trois ans. Alliant provocation visuelle (les musiciens ressemblent à des enfants illégitimes des PRETTY BOY FLOYD et de GENOCIDE) et clinquant musical, le quatuor peu discret mais disert (Kay Wada - basse, Tony F. Corpse - batterie, Jett Black - guitare/chœurs et Monroe Black - chant/guitare) nous offre donc aujourd’hui une vue panoramique de la suite de ses aventures, sous la forme d’un long qu’un nouvel EP avait préfiguré il y a un an. Mask Of Morality reprend donc les trois titres déjà parus en 2017 (« Enigma », « When Heaven Comes Down » et « You Can’t Hide From The Beast Inside »), qu’on retrouve ici en ouverture, et les complète avec les sept autres morceaux inédits, qui une fois assemblés forment une litanie dédiée à l’individualisme, à la pensée personnelle, et au désir de se détacher d’une masse sociétale de suiveurs adoptant un comportement en adéquation avec les attentes de gouvernements peu amènes à satisfaire les instincts personnels de leur peuple. Une vieille affaire de révolte, de refus des convenances, et de libre-arbitre, thèmes récurrents dans le Rock qui trouvent ici une lumière nouvelle, à mi-chemin entre un show carnavalesque et une prise de conscience exubérante qui accepte la musique comme exutoire, et la liberté comme catharsis.
Toute cette prose ne doit pas vraiment vous aider à savoir à quelle sauce musicale vous allez être mangés, mais il serait peut-être trop facile de voir en ce premier LP un équivalent contemporain au Theater Of Pain de MÖTLEY CRÜE, graphiquement et thématiquement parlant. Artistiquement, il en est pourtant assez éloigné, reprenant plus volontiers les codes du Heavy clinquant japonais, et quelques bribes de philosophie Power-Metal européenne, tout en proposant de nouvelles pistes mélodiques très agréables à suivre. Et au bout du compte, il devient très difficile de situer les originaires d’Hollywood, qui prennent un malin plaisir à brouiller les pistes, non consciemment, mais en jouant leur musique, butinant un peu partout de quoi polliniser des fleurs éclatantes de couleurs chatoyantes. Association d’un message individualiste et de chansons étranges, empruntant tout autant au Hard-Rock californien qu’au Heavy Metal à l’allemande, Mask Of Morality se veut tremplin de talents individuels, qui une fois mis en commun aboutissent à la gestation de morceaux terriblement attachants, et séduisants, à l’image de cet ambivalent, fragile et épique « Shattered To Pieces », qui allie la délicatesse d’une harmonie subtile à l’emphase d’une structure opératique flamboyante. Mais loin de se poser en indécrottables romantiques, les américains n’ont pas oublié comment les instrumentistes de leur pays sont capables de faire hurler les décibels et brûler les frontières, lorsqu’ils s’abandonnent enfin aux joies d’un Power/Speed aussi empreint de la vague nippone de Metal brûlant que de celle plus réaliste du RIOT de Thundersteel (« Thin Ice »). Se montrant aussi allusif que franc, le quatuor n’hésite pas à flirter avec le Thrash moderne pour imposer son point de vue, ce que l’introductif et déjà connu « Enigma » prouve de sa rythmique pulmonaire et de sa guitare létale. Dextérité, fluidité, variété, telles sont donc les qualités mises en avant sur un premier album faisant aussi la part belle aux arrangements, en trouvant toujours la bonne approche pour donner encore plus d’ampleur à des chansons déjà bien carton.
Et on se prend facilement au jeu, tant leur Hard-Rock estampillé 2018 sait se montrer mordant, et délicatement synthétique, sans tomber dans l’Alternatif stérile (« Royal Desperado »), tout autant que puissant et mélodique sur l’instant (« Fatal Attraction » et sa rythmique ludique). Mettant à profit toutes les armes de leur arsenal, les SALEMS LOTT proposent de belles envolées sur fond de sextolets (« Mother Of Chains », qui rappelle autant la deuxième vague de Heavy US que la véhémence européenne des JUDAS PRIEST), et surtout, un final homérique de plus de sept minutes qui prouve que leur créativité est en parfaite adéquation avec leur sens du spectacle auditif. En tant qu’épilogue, « Alexandria’s Genesis » est l’apothéose que nous étions en droit d’attendre d’un ensemble qui refuse toute limite, et qui joue crânement sa carte sans se soucier d’en faire trop ou pas assez. Catapulté encore une fois par une rythmique qui explose tout sur son passage, et doté d’une puissance complètement Thrash, cet ultime morceau incarne l’au-revoir digne d’un quatuor qui sait ce qu’il vaut, et qui réconcilie dans un même élan Power symphonique, Thrash apocalyptique et théâtralité dramatique, pour imposer un style qui n’appartient qu’à lui. Ramage adapté au plumage, foi en un art consommé de l’excès, Mask Of Morality fait tomber les masques des usurpateurs qui se contentent souvent d’exhumer les artefacts du passé pour avancer vers leur avenir. Une déclaration d’intention sans humilité, mais qui peut compter sur ses propres qualités pour s’imposer. Et surtout, une façon s’envisager le Hard et le Heavy de papa sous le point de vue des enfants de la génération suivante, qui refuse de rester dans l’ombre, ou d’adopter les grimaces qu’on essaie de lui imposer. Pas forcément discret, mais nous sommes là pour assister à un spectacle non ? Et c’est exactement ce que les SALEMS LOTT nous offrent…
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09