Quel plaisir d’entamer une nouvelle semaine en restant l’âme coincée dans les ténèbres, les pieds fermement plantés en terre française, pour y découvrir l’un des nouveaux venus de la scène Black nationale. Pour autant, et même si Mass of Perdition est son premier album, ORDALIE est tout sauf une association de débutants trempant leurs pieds dans l’eau pour voir si elle est chaude. Non, le projet existe depuis plus de dix ans, et repose aujourd’hui sur les épaules d’Ioldar (guitare, basse et chant) et Mörkk (batterie), qui perpétuent un certain esprit de classicisme avec une foi inébranlable, et un concept assez familier.
Lequel ? L’insignifiance de l’humanité face à l’indifférence de l’univers, et la froideur de l’espace. Une thématique comme une autre, assez proche d’une réalité indiscutable, le temps passant et effaçant toute trace de vie sur des planètes dont l’échelle d’existence dépasse de loin toute espérance de vie humaine.
ORDALIE nous ramène donc à notre condition de poussière dans le sablier du temps, et relativise au maximum l’importance de notre misérable existence passée à nous croire au centre d’un univers qui se moque bien de nos actes et de nos pensées. Une remise à l’échelle cruciale au moment même où notre planète agonise et nous fait comprendre qu’il serait de bon ton que nous disparaissions.
Inspiré par l’incontournable Lovecraft, Mass of Perdition, messe de perdition de masse se concentre sur un Black Metal d’obédience classique, violent, sourd, discordant, agressif et ténébreux. Rien de surprenant donc, mais de la constance dans la qualité, et un attachement certain aux racines les plus profondément enterrées du genre. Des riffs acides dans la veine d’un MAYHEM de légende, une voix grave et granuleuse sous-mixée, une batterie analogique qui squatte les avant-postes, et un respect des anciens qui détiennent toujours le savoir, des décennies après leur émergence.
On pense immanquablement à un mélange entre MAYHEM et MARDUK, même si l’ombre d’un BM plus généraliste à la norvégienne plane au-dessus de ces compositions carrées, propres, mais suffisamment charbonneuses pour mériter le sceau de l’artisanat consciencieux. Et beaucoup de choses sont dites très rapidement, à l’occasion de « Monotony of the Eternal Void » qui nous décrit avec une certaine acuité le vide du cosmos qui nous contemple de ses millénaires silencieux.
Bien joué, composé avec panache et crédible artistiquement, ce premier album se fait l’écho de la seule démo du groupe, du même nom, publiée en 2015. On retrouve certains titres proposés alors, réarrangés évidemment, et cette répétition dans le temps s’accorde très bien d’une thématique similaire, offrant ainsi au projet une cohérence assez appréciable.
Mais au-delà de la violence et du nihilisme se cachent des éléments plus troubles, presque progressifs dans l’esprit, qui se manifestent de façon irrégulière sur certaines entrées. Ainsi, « Cyclopean Wanderings » taquine le Dark Ambient tout comme le fantôme d’HELLHAMMER, tandis que l’épilogue « Endless » se fait l’écho de signaux étrangers résonnant dans le grand vide de l’espace. De la diversité donc, un sens de l’à-propos assez remarqué, pour un premier album formel, mais qui dessine déjà des pistes différentes pour parvenir à son but : adapter les stances du passé pour modeler de nouveaux mouvements au présent, et ainsi échapper à la sentence vintage figée qui ne pardonne que très rarement.
On soulignera dans un désir d’exhaustivité le radicalisme d’un « Destroyers » qui détruit tout à grands coups de blasts généreux, et l’intelligence de propos de « Resurrection », tranche d’ultraviolence froide et sourde qui reprend les grandes lignes du concept avec fidélité.
ORDALIE réussit donc son examen d’entrée, et nous entraîne dans les dérives du cosmos à la recherche d’un sens de la vie moins restrictif et autocentré que celui qui nous guide dans nos choix. Car une fois accepté le statut d’anecdote, on ne peut qu’envisager la vie différemment, comme un court passage qui à l’échelle d’un univers ne peut finir que comme anecdote de bas de page sans grand intérêt.
Titres de l’album:
01. Projection
02. Monotony of the Eternal Void
03. Resurrection
04. Cyclopean Wanderings
05. Destroyers
06. Mass of Perdition
07. Endless
Bon ça me parle déjà plus que leurs dernières sorties, on retrouve un peu d'adhérence dans les guitares, à voir !
14/04/2025, 07:29
La différence de style n'est pas surprenante, ils n'ont jamais refait le même album. Mais ça rend mou, fatigué, sans inspiration... et décevant après une si longue attente. Espérons que le reste soit meilleur.
13/04/2025, 12:10
@DPD je suis d'accord avec toi et c'est vrai que dans le genre, Vektor est l'un des rares groupes à avoir proposé quelque chose de neuf. Pour ma part, je rajoute également Power Trip qui, même s'il ne propose rien de foncièrement neuf, a un gr(...)
13/04/2025, 07:58
Arioch91, c'est juste que le thrash basique on a largement fait le tour, depuis une trentaine d'années en fait. Vektor avait remis un coup de boost dans la scène avec ses tendances progressives et autres, mais il semblerait que le mec était pas sympa dans sa vie pri(...)
13/04/2025, 02:02
Grosse déception pour ma part.C'est sûr que faire poireauter les fans après 34 ans, l'attente est forte et surtout, on attend LE truc qui va tout niquer.Mouais.Je passe sous silence la cover qui pue l'IA à plein nez.Qu'est(...)
12/04/2025, 18:53
Ouh que c'est bon ça !!! !!! !!!Un truc qui puise à mort dans les 90s !NECROMANTIA et BARATHRUM en tête... ... ...
11/04/2025, 09:36
Je veux bien que la société polonaise soit différente, mais ses provocations à deux balles passent pour du Manson 20 ans trop tard, c'est tellement commun..
10/04/2025, 16:41
Juste une remarque, je suis pas au courant des lois françaises, si j'ai outrepassé mes droits vous pouvez virer ce commentaire pas de soucis.
10/04/2025, 15:17
Cher Emptyrior, je suis juste homophobe, voilà tout. Il y a des gens comme ça que veux-tu. Mes excuses si tu es blessé par mes propos, j'espère que tu sauras t'en remettre.
10/04/2025, 15:04
@ DPD : Certaines personnes ne comprennent en effet pas ce qu'implique une guerre, et se permettent de faire tranquillement des commentaires dans leur canapé en mettant pays agresseur et pays agressé dos à dos. L'ignorance et la bêtise n'ont aucune limite(...)
09/04/2025, 23:31
Emptyrior, va donc écouter Taylor Swift si tu veux un safe space
09/04/2025, 05:02
"Des soli qui n’en sont pas et font passer les débuts de KREATOR et SODOM pour des examens de conservatoire" ha ha !Ce groove nihiliste encore. Le pied.
08/04/2025, 22:52
Perso j'ai de quoi faire pour me régaler avec cette affiche : Dark Angel, Enforcer, Benediction, Hexecutor (miam), Belenos, Houle, Suffo (what else ?), etc, sans parler de la scène stoner assez bien représentée cette année... Alors oui déj&agra(...)
08/04/2025, 22:45