A force de chroniquer des albums, EP de Crust, de D-beat, je commençais à me dire que la chose tournait salement en rond. L’école suédoise, les instigateurs anglais, les riffs se répétaient et devenaient trop familiers…Il fallait bien qu’à un moment donné, quelqu’un donne un coup de Doc dans la fourmilière sur les docks, et fasse avancer les choses…Pas forcément en jouant plus vite et en tombant dans le piège de l’outrance, mais au moins en tentant des approches différentes…Certes, le style était somme toute assez figé et ses extrapolations mesurées, mais il devait bien exister un « ailleurs » quelque part. Et, finalement, oui, cet ailleurs existe, mais n’est pas ailleurs. Il est…autrement, mais toujours situé dans un pays à l’influence majeure. Ni en Suède ni en Angleterre, aux USA, mais il est de notoriété publique que les Américains, en termes de Core ne font pas tout à fait tout comme tout le monde tout le temps.
La preuve, le quartette SÖFT DOV, qui ne vient pas de Stockholm malgré ce que son nom semble indiquer, mais de New Brunswick, New Jersey, et qui propose son premier album via Horror Pain Gore Death Productions, toujours à l’affût sur les bons coups et les plus tordus…Et comme en plus, certains de ses membres ne sont pas vraiment des nouveaux venus, on était en droit de s’attendre à un truc bien solide. Et solide, ce premier LP l’est, mais il est surtout…différent. Vraiment différent.
Mark Bronzino à la guitare, vient des IRON REAGAN, Ian Thompsen au chant, fait partie des ANOTHER SOCIAL DISEASE, Erin quant à elle assure la batterie et Söft Steven la basse. Un quatuor assemblé mais à l’effort homogène, qui se permet de retrouver le souffle initial du Crust, tel que les anglais ont pu le définir dans les années 80, via DISCHARGE, DOOM, CRASS et pas mal d’autres qui avaient enfin compris que non seulement le Punk n’était pas mort, mais qu’il pouvait se montrer encore plus radical et méchant qu’avant. Depuis, le style s’est encore plus radicalisé, s’est même salement refroidi dans les congélateurs scandinaves, mais est régulièrement revenu vers ses rivages de brutalité brute, comme en témoigne ce Massacre Through Seduction qui porte terriblement bien son nom. Difficile de croire qu’un disque aussi agressif et dissonant puisse être séduisant, et pourtant c’est le cas, même dégueulant de stridences, de feedback, de chant traité et de riffs déglutis à l’arrache. Le groupe lui-même définit sa mixture d’un laconique surreal Death-Crust, ou d’un dédaigneux filth-Rock, et il est certain que leurs morceaux ne respirent pas la joie de vivre. Pour être honnête, à l’écoute des douze pistes de cet effort initial, on n’a aucun mal à imaginer un vieux junkie affalé sur le sol tentant d’aguicher une vieille pute aux traits fatigués et aux seins tombant, les deux partageant ce même goût pour l’autodestruction qui régit le Punk depuis sa création. Le tableau n’est certes pas des plus ragoutants, mais il a ce quelque chose d’excitant dans la transgression et la non-gestion du chaos qui le rend incroyablement séduisant…Allez savoir…
Mais au petit jeu du « je mélange du DISCHARGE, du GENOCIDE (celui de Submit To, pas l’autre), du No-Wave traité Crust, avec une moue dédaigneuse et un certain sens du beat Rock », les SÖFT DOV sont vraiment les plus forts et organisent donc un vrai massacre dans les règles, celui de la musicalité, de la logique et de l’harmonie, en maltraitant les rares mélodies qu’ils laissent passer la porte…Les deux points forts de ce premier jet, en dehors de cette production abominable truffée d’effets et laissant les guitares trancher les veines en toute liberté, sont justement ces dernières qui frisent l’overdose de larsen à chaque intervention, et ce chant noyé dans la réverb, qui prend des libertés inouïes avec les tonalités usuelles bien graves et rauques du genre. Ici, le balbutiement se veut sexy, le déhanché dégingandé, et sublime des riffs qui se perdent dans le delay et l’écho sans qu’on puisse vraiment pouvoir les discerner. Le tout est éminemment chaotique, terriblement bruyant, mais addictif comme une drogue bon marché vers laquelle on revient quand le manque commence à chatouiller. Après avoir dealé des centaines de disques du cru, je n’aurais jamais pensé pouvoir être surpris par un nouveau rendu, et pourtant je le suis, me noyant dans leur chaos comme un chien léchant son propre vomi. Et le spectacle n’est pas joli-joli.
Cyberpunk for the modern age.
La formule est aguicheuse, et partiellement vrai. Cyberpunk, je ne suis pas sûr, ou alors en considérant que l’informatique n’a pas progressé depuis les Pentium 75, mais il y a en effet quelque chose de virtuellement mécanique dans cette musique froide et robotique, qui semble émaner d’un vieil ordinateur apprenant les bases du Punk sans vraiment savoir de quoi il traitement de texte. Avertis dès le départ par un « Cyberwar » qui ne dissimule rien de son Noise, nous sommes vite happés dans un cyberespace Crust sale et nébuleux, au réseau fonctionnant par intermittence et au débit pas vraiment régulier. Difficile de télécharger des données stables face à un Crust bizarre, comme joué par de vieux punks UK n’ayant pas vraiment suivi l’actualité depuis la mort de Sid, et utilisant leurs instruments un peu comme ils le peuvent, sans chercher à savoir si leur barouf reste cohérent.
Ces Punks se souviennent d’ailleurs que leur style de prédilection se doit d’être court, et multiplient les saillies immédiates, mais entraînantes (« Industrial Genocide », « The Merger », « Haus »), et osent faire preuve d’un peu d’ambition, en mélangeant leur venin à un nectar malin alambiqué dans les 70’s, plutôt du côté anglais d’ailleurs (« Nëightmare Trip »/ « Nightmare Trip II », genre de Punk hippie très bizarre aux soli en écho). Les accélérations sont bien présentes, mais très modérées dans l’irrévérence, et toujours écrasées et dominées par ce chant si déformé et craché comme une haine mal digérée (« S.G.C »), alors même que le Punk-Rock peut parfois faire encore semblant d’exister (« From Where I Stand », MOTORHEAD tente de percer dans le Death-Crust psychédélique, et Lemmy, d’outre-tombe, se souvient qu’il aurait pu fondre HAWKWIND dans les DAMNED).
Un vieux squat dans le New-Jersey, des mecs qui jouent sur du matériel de fortune, dans des costumes défraichis, et qui envoient la purée sans penser au lendemain. Non, plutôt habillés comme des greasers qui confondent le Rock sale et le Punk qui a la dalle, et une Erin bien jolie comme figure de proue un peu sexy. Et un Crust indécis, mais qui se souvient qu’il a toujours été imprécis.
Merci.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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