Débat. Lorsqu’on chronique un album, doit-on prendre en compte sa conception ou se contenter d’écouter ses pistes sans se demander les efforts fournis pour arriver à un tel résultat ? Autrement dit, doit on la jouer opacifié, ne pas se baser sur les informations dont on dispose pour juger de la qualité d’un travail et de sa performance ? Si tel est le cas, les quatre années de problèmes et d’adversité qu’ont dû traverser les DEF LEPPARD pour accoucher du chef d’œuvre Hysteria n’auraient représenté qu’une anecdote déplaisante en trame de fond, et les quinze nécessaires à l’élaboration du Chinese Democracy des GUNS n’auraient pas dû influer sur la déception ressentie par les fans et les journalistes. De même, l’enregistrement inhumain du Rock Bottom de Robert Wyatt et son martyr grandeur nature n’eurent pu être reliés pour justifier de la superbe musique émergeant d’une tragédie. Mais il est impossible lorsqu’on suit l’élaboration d’un album d’occulter le temps nécessaire à sa préparation, ni l’abnégation dont doivent faire preuve certains artistes pour arriver à leurs fins sans toujours manger à leur faim. Car entre l’idée maîtresse et sa concrétisation, un long laps de temps s’écoule souvent, période durant laquelle un groupe doit faire face à des imprévus, à des financements personnels mettant leur compte en banque à rude épreuve, d’autant plus lorsqu’ils choisissent de produire eux-mêmes leur travail sans pouvoir compter sur un label ou une agence de management. Et depuis deux ans, je suis sur une plateforme sociale bien connue le boulot accompli par Remzi Kelleci, qui pour enfin pouvoir sortir son huitième longue-durée dans de bonnes conditions a dû consentir à d’énormes sacrifices, de jouer sur le bouche à oreille, d’essayer de récolter des fonds pour avancer dans son enregistrement, pour finalement nous proposer depuis Halloween dernier son nouveau bébé, ce Master of Giallo qu’il m’a été donné d’écouter et de décortiquer en toute objectivité. Et face à la tâche titanesque à laquelle le leader a du s’atteler, l’objectivité est une valeur indispensable sous peine de l’insulter par procuration.
Nonobstant ce parcours du combattant, il convient aussi de garder le recul nécessaire pour ne pas sombrer dans l’apitoiement ou la commisération, en dépit de l’affection que je porte à ce musicien unique qui a su se faire une place à part sur la scène underground Indus internationale, au point d’en incarner aujourd’hui une solide référence. Un simple coup d’œil aux guests venus prêter main forte à notre héros électro suffit à comprendre qu’en 2018 le nom d’OBSZÖN GESCHÖPF attire et attise la curiosité, et pas étonnant de retrouver au casting de ce nouveau long quelques noms connus de la scène Metal mondiale, dont les plus fameux restent ceux de Christian Olde Wolber (FEAR FACTORY), Glen Drover (ex-MEGADETH/ex-TESTAMENT/ex-KING DIAMOND/ex-QUEENSRYCHE), Eric Forrest (ex-VOIVOD/E-FORCE), Dave Sherman (ex-THE OBSESSED/SPIRIT CARAVAN/EARTHRIDE), Chris McCarvill (DOKKEN/HOUSE OF LORDS/MAXX EXPLOSION), Uwe Lulis (ACCEPT/GRAVE DIGGER), Billy Morris (QUIET RIOT/WARRANT), Tracy G. (DIO/TRACY G GROUP), Stacey Blades (RATT /L.A GUNS/ROXX GANG) ou encore Frank Blackfire (ex-KREATOR/SODOM). Mais loin d’être un simple étalage d’instrumentistes fameux, Master of Giallo est surtout le fruit d’un travail gigantesque accompli par Remzi, qui offre à son public l’album le plus ouvertement Metal de sa carrière, et surtout, celui se concentrant sur une forme de nostalgie tout à fait louable, renvoyant l’auteur et créateur à l’orée de sa jeunesse et de son apprentissage de la musique et des arts visuels. Et enrobé dans une sublime pochette signée Mario Lopez (METALLICA, IRON MAIDEN, MEGADETH, KING DIAMOND...) se cache peut-être la musique la plus personnelle qui soit, et en tout cas l’un des plus beaux doubles hommages qu’un homme peut rendre au Metal des années 80 et à l’art séculaire du Giallo, ce style transalpin que Mario Bava a fait naître et auquel Dario Argento a donné ses lettres de noblesse.
Pour autant inutile d’attendre une partition signée Keith Emerson ou des GOBLIN, puisque la thématique principale de ce nouvel album reste le Metal, beaucoup moins Indus et martial que d’ordinaire, mais toujours aussi sombre, sauvage et indomptable, dans une optique vintage beaucoup plus fine et déviante que d’ordinaire. Cette fois-ci, OBSZÖN GESCHÖPF se pare d’un costume taillé dans le velours des années 90, d’une coupe pouvant évoquer les tenues les plus dark de la décennie précédente, et se lâche dans un libretto d’opéra horrifique pour les oreilles qui multiplie les citations directes ou indirectes aux maniaques de son adolescence. En tendant vos ouïes sur ce Master of Giallo, vous ne manquerez pas de constater que les ombres de MANSON, d’ALICE IN CHAINS, de TYPE O NEGATIVE hantent les couloirs de chaque piste, évoquant parfois une réunion d’outre-tombe dans un vieux cinéma de quartier décati aux sièges maculés de traces de pop-corn, de rouge à lèvres couleur sang, et autres souvenirs de séances nocturnes dégoulinant de sueur et de plaisir. Et il n’est pas anodin de constater que l’auteur a pris soin de dissimuler en fin d’album son morceau le plus ouvertement Dark Synth-Wave (« Giallo Forever »), comme un ultime clin d’œil à des portes de théâtre qui se referment sur vous, alors que vous rejoignez votre époque pour continuer votre vie d’adulte. La tentation de signer un disque pouvant passer pour une B.O de pellicule d’époque était palpable, mais le risque de sombrer dans le pastiche et la parodie était trop grand, et aurait sans doute trop dénaturé la personnalité du concept initial. Alors, loin d’un CARPENTER BRUT, OBSZÖN reste GESCHÖPF, et préfère adapter son style de toujours à un projet différent, ce qui nous donne droit à une immersion totale dans une décade rongée par le rejet du Metal et l’adoption du terme « alternatif » à toutes les sauces, ayant pourtant aussi produit son lot d’œuvres impérissables.
Et si les guitares acoustiques servent de détonateur, dans un style assez proche de l’ALICE IN CHAINS nostalgique de Dirt, le long et déchirant solo électrique en nuançant la douceur ne laisse planer aucun doute. Master of Giallo se veut aussi Metal que le signe du diable de DIO ou les clous de JUDAS PRIEST, et il peut compter pour cela sur la frappe toujours aussi puissante de Franky Costanza (ex-DAGOBA/BLAZING WAR MACHINE) venu jouer les métronomes-forgerons sur l’intégralité de l’album. Et avec ses guitares aussi rugissantes qu’un MINISTRY sous perfusion, « The New York Ripper » donne le ton en réconciliant Brian Warner et FEAR FACTORY, tout en gardant la tonalité fixée sur des mélodies amères et vénéneuses. Nineties donc, puisque « April Fool's Massacre » continue sur la même lancée, se rapprochant même des rugissements de Jerry Cantrell et du NOLA des DOWN, multiples clins d’œil aux initiés via des titres sous influence, mais aussi pluralité des atmosphères, qui ne se contentent pas de piller les toiles d’araignée du passé. Certes, et c’est facilement notable, c’est évidemment le maître es-horreur MARILYN MANSON qui semble s’imposer en tant que modèle indirect (« Body Pieces »), mais la lourdeur et l’oppression globale n’occultent pas le fait que Remzi affectionne aussi les eighties, comme en témoigne le riff très RATT de « Murderock » (coucou au sieur Fulci par la même occasion…), posé sur une nonchalance digne des meilleurs GIRLS AGAINST BOYS. La voix en retrait, presque blasée, la basse traitée en avant, quasiment claquée (« The Moon Watches Me When I Kill »), les arrangements électro en renfort de soli costauds (« The Black Gloves of Terror », qui d’ailleurs sonne comme un pendant maléfique du « Girls & Boys » de PRINCE), le tout glisse sur la soie comme la lame du rasoir sur la gorge d’une pauvre et innocente victime, et OBSZÖN GESCHÖPF de nous offrir le ticket d’un tunnel horrifique avec squelettes dans le placard et monstres infâmes dans le noir…
Masterisé par Chris ZEUSS Harris (ROB ZOMBIE, SOULFLY, JOEY JORDISSON, CROWBAR, SIX FEET UNDER...), Master of Giallo bénéficie d’un traitement sonore épais mais tout confort, et justifie en cinquante minutes les années consacrées à son élaboration. Travail en amont qu’il est donc impossible de passer sous silence, et qui explique comment ce huitième album parvient à concrétiser son but originel, et rendre hommage au Metal et au cinéma d’horreur sans sombrer dans la redite ou la référence un peu trop appuyée. Alors je te le dis Remzi, tu peux être fier de ton boulot et heureux de voir enfin cette aventure prendre forme définitive. Et tes cauchemars vont donc devenir notre plaisir…
Titres de l'album :
1. The New York Ripper
2. April Fool's Massacre
3. Body Pieces
4. Murderock
5. The Moon Watches Me When I Kill
6. The Black Gloves of Terror
7. My Scalpel Dances at Midnight
8. The Death Kiss
9. Shadow of the Hat Killer's Knife
10. Giallo Forever
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41
Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)
03/05/2025, 21:36
Oui c'est tellement américain cette histoire, je juge même c'est tellement un autre monde. Mais il semblerait qu'il ait, c'est peu dire, dépassé les bornes.
03/05/2025, 21:31
En France, sa mère serait tout sourire sur un cross volé devant les caméras en train de dire "qui n'a jamais fait un refus d'obtempérer".
03/05/2025, 19:37
Ou alors personne n'aurait sorti de flingue, et ça aurait fini autour d'un pastis.
03/05/2025, 16:30
Faut dire quand même qu'il n'y a rien d'plus soulant que de ramasser des putains d'feuilles hein...Surtout si c'est celles de l'aut' con !
03/05/2025, 10:09
Oui je n'avais pas précisé les causes de la mort... C'est tellement cliché comme mort pour un ricain
03/05/2025, 08:34
“According to The Daily Journal, Montana was involved in a dispute with his neighbor in South San Francis(...)
03/05/2025, 08:09
Armé et dangereux, il a été flingué par la police de SF. Visiblement il est allé jusqu’au bout du concept du nom du groupe..
03/05/2025, 08:03