Voilà un comeback que je n’attendais guère…Il faut dire que nous n’étions que quelques milliers à connaître CRIME dans les années 90, alors que le groupe profitait de cette décennie pour mettre deux albums sur le marché. Le plus remarqué des deux fut le premier, Hard Times, lâché en pleine vague Grunge en 1993 et qui n’avait donc aucune chance de s’imposer face à la concurrence, principalement scindée en plusieurs tendances, entre Death, Néo Metal, Power Metal et Black Metal. Le Hard n’Heavy classique était alors au creux de la vague, ce qui a eu pour effet d’enterrer prématurément d’excellents albums peu promus. Et Hard Times faisait partie de cette catégorie.
Devenu totalement muet après No Cure, publié en 1995 en autoproduction, le groupe s’est ensuite consacré à un cover-band d’AC/DC (THE JACK), avant d’intégrer les rangs du concept international PENDULUM OF FORTUNE. 2022 sonne donc l’heure de la revanche pour ces musiciens à la foi indéfectible, qui avec Master Of Illusion nous en reviennent avec un sac à malice Heavy plein à ras-bords.
L’impulsion de départ a été donnée par Matze Ehrhardt, guitariste de la formation originelle, rapidement suivi par ses anciens compères Achim Aubele (basse) et Alex P. Meli (batterie). Le trio de tête, complété par le chanteur Francis Soto et le claviériste Gunter Kierstein, a donc resserré quelques boulons, poli les chromes et redonné un coup de fouet au moteur pour se donner toutes les chances dans cette course au mérite, prétendant même pouvoir augmenter le niveau atteint dans les années 90.
Pour qui a connu CRIME il y a trente ans, les similitudes crèveront les tympans. Même allant Heavy agrémenté de quelques fioritures mélodiques plus volontiers Hard-Rock, même puissance, même hargne, et même classicisme assumé. Jouant la carte de la nostalgie sans se fondre dans la masse old-school, CRIME soigne sa droite, et rend tous les coups. Et pour être honnête, un seul morceau me permet de mettre en avant ce troisième album que plus personne n’attendait, « Master of Illusion ».
Ouverture dantesque qui donne des frissons, ce titre est une véritable déclaration d’amour au Heavy allemand le plus digeste et léger sur le palais. La guitare est énorme, le son décoiffant, l’attitude bravache et les muscles saillants. Matze Ehrhardt n’a rien perdu de ses qualités de guitariste rythmique implacable et de compositeur pertinent, et ces quelques petites minutes sont le meilleur argument pour vous rallier au pavillon CRIME.
Mais CRIME n’a pas oublié que son arme la plus efficace était la diversité, et les années passées à jouer du AC/DC et du Power Metal ont été mises à contribution, ce qu’on réalise en bougeant son fessier sur le lourd et tendu « Shoot Shoot ». Groove suintant, lubricité rythmique, l’ombre des australiens n’est pas loin, mais la lumière de DEEP PURPLE et WHITESNAKE brûle aussi la peau, et ce Blues collant et plein de stupre entraîne des crises de priapisme auditif.
Le groupe remanié est au sommet de sa forme, sans conteste possible. La hargne des années 90 s’est transformée en colère et en revanche sur le destin, et le tracklisting de Master Of Illusion se montre impeccable, inattaquable et infaillible. On aime ces aménagements plus sombres et mélancoliques, on aime cette guitare toutes dents dehors, et cette facilité à passer d’une nuance à l’autre sans dénaturer le propos d‘origine. Ni gras ni sucré, le Metal des allemands se permet des citations plus romantiques, mais des citations qui savent garder une certaine amertume, héritée des années Grunge, et « No Life » de sonner comme du DIO repris par ALICE IN CHAINS.
Assumer son passé tout en allant de l’avant, tel est le leitmotiv des troupes. Entre balancement vénéneux et limite Sleaze (« Movin On »), binaire pesant à la ACCEPT des années harmonieuses (« All Good Things »), progression méchamment puissante et groovy comme un PANTERA heurtant de plein fouet un BAD MOON RISING (« Kingdom of Desire »), CRIME joue sur du velours, et fait la nique aux grandes équipes européennes.
En effet, comment ne pas penser que ce troisième album rivalise sans effort avec le meilleur des écuries FRONTIERS, NUCLEAR BLAST et AFM ? C’est impossible, et c’est sans doute ce qui transforme ce comeback en épiphanie de plaisir Metal. Et que vous soyez un vieux de la vieille ou un petit jeunot, cette musique vous parlera et vous concernera, tant elle semble hors du temps et donc des modes.
La perfection n’est donc pas loin, ce qui est d‘autant plus époustouflant que le groupe n’a pas joué les pinces. Une heure de musique pour douze morceaux, largement de quoi commettre un faux-pas, qui ne viendra pourtant jamais. La fin de l’album, qui aurait pu décliner fait au contraire monter la pression sous le coup d’un up tempo aussi irrésistible et inoxydable que « Sisters of Mercy », avant de se reposer quelques instants pour se remémorer quelques souvenirs personnels (« Show Me Love »).
CRIME a donc réussi son pari, et revient la tête haute et la besace remplie de hits. On imagine sans peine le carnage en concert, où Master Of Illusion ne rougira pas de la comparaison avec ses deux ainés. Le crime est doux, la sentence délicieuse, et on applaudit des deux mains puisque les véritables réussites classiques sont rares.
Titres de l’album :
01. Master of Illusion
02. Tears Are Falling Down
03. From My Mind
04. Shoot Shoot
05. No Life
06. Movin On
07. All Good Things
08. Kingdom of Desire
09. Nowhere to Run
10. Sisters of Mercy
11. Show Me Love
12. The Chains
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