Dans la série « l’arrière-garde meurt mais ne se rend pas », certains soldats font figure de force de frappe de première bourre pour renforcer les lignes du front de l’extrême. C’est simple, à les écouter, on a le sentiment qu’ils sont encore plus galvanisés par le combat qu’à leurs débuts, si bien qu’on a vraiment du mal à croire à leur presque trente ans de carrière sous les drapeaux du Metal fatal. C’est le cas de nos chers ATROCITY germains, qui depuis la fin des années 80 mènent vaille que vaille leur bataille, changeant allègrement de camp selon les tendances, mais restant fidèles à une force de frappe non négligeable que beaucoup pourraient leur envier. Ceux qui les connaissent – et ils sont nombreux – savent parfaitement qu’on est en droit d’attendre tout et n’importe quoi de leur part, à tel point que la référence Encyclopedia Metallum préfère avancer un timide « various » en parlant de leur style de prédilection. Et pour cause. Entre des débuts férocement Death, des alternances Indus, et de petites récréations en covers d’eighties qui n’en demandaient pas tant (la série des Werk 80, notable à cinquante pour cent), difficile de suivre le parcours non linéaire des rangs allemands, qui à contrario de leur production de bracelets cloutés, ne jouent pas vraiment le jeu des lignes coordonnées. Mais depuis quelques années, une ligne de conduite se dégageait mine de rien, entamée subtilement par Atlantis, mais surtout par Okkult, le fameux premier opus d’une trilogie dont nous attendons toujours la suite, et qui devrait voir le jour sous la forme évidente d’un Okkult II en 2018. Alors heureux ? Bien sûr, d’autant plus que cet EP avant-coureur de quatre titres nous donne la mouvance, et surtout, la puissance. Quant à savoir si les morceaux qui y sont présentés feront partie de la prochaine fournée, pas plus de précisions à donner.
Mais que trouve-t-on sur ce Masters Of Darkness ? Des maîtres ? Des ténèbres ? Les deux ? Des maîtres des ténèbres ? Oui, tout ça, et plus encore, beaucoup de mélodies, de la brutalité, du Death vu et repensé à la sauce Power, et pas mal de persuasion, dans la directe lignée de leur dernière production. Les ATROCITY sont allés à l’essentiel, et ont privilégié des morceaux directs, mais non dénués d’orchestrations ambitieuses, dans la plus pure tradition de leur discographie de plomb. Des riffs qui cartonnent, un chant qui détonne, grave et porteur, mais aussi des subtilités parfois bien amenées, et de la grandiloquence évidemment, puisque le quatuor allemand (Alexander Krull – chant, Thorsten Bauer – guitare, Pete Streit – guitare et Joris Nijenhuis – batterie) semble incapable de faire les choses humblement et discrètement, mais c’est sans doute pour ça qu’on l’aime tant. On a parfois l’impression d’un gigantesque crossover entre leur première partie de carrière et une adaptation très personnelle des motifs de Keith Emerson, période Inferno de Dario Argento (« Devil’s Covenant »), le tout joué avec l’énergie d’un DIMMU BORGIR fraichement sorti de sa sépulture. C’est calibré, équilibré, mais démesurément gonflé, comme cette production signée Alexander Krull lui-même aux Mastersound studios, et sévèrement martial et burné comme cette pochette gravée de la main de Stefan Heilemann (LINDEMANN, EPICA et KAMELOT). On pense même parfois à un mélange surnaturel entre le NIGHTWISH de Tarja et le PAIN de qui-vous-savez, sauf qu’au milieu de cette débauche baroque, les blasts nous rappellent à l’agressivité d’un BM fortement teinté de Death Indus, qui n’est familier qu’aux proches des principaux concernés. Ainsi, « Masters Of Darkness », déjà proposé en amuse-gueule sur Youtube fait largement son job d’entrée en matière tonitruante, et nous séduit de son absence de mesure et de ses thèmes aussi catchy qu’un barbecue en enfer.
Mais l’enfer, ce sont les autres, on le sait, même si les diablotins d’ATROCITY ont développé le leur. Il est toujours à base de violence instrumentale et de rigueur rythmique martiale, et dérive directement de leur entame de carrière, en suggérant des accointances plus que prononcées avec des albums cultes comme Todessehnsucht, spécialement lorsque les débats s’enveniment et s’emballent (« Menschenschlachthaus », guttural et natal, mais méchamment convaincant au final). Chœurs opératiques féminins, propulsion atomique en souterrain, le travail est souverain, et les efforts de cohésion paient, puisqu’on retrouve l’ambiance qui nous avait séduits sur Okkult, et qui laisse augurer du meilleur pour sa suite à venir. Le chant d’Alexander est toujours aussi performant, même si la batterie mortellement triggée à tendance à légèrement agacer les tympans, d’autant plus que les découpes de guitares sont toujours aussi précises et létales. Emballement de BPM, dramatisation globale, le produit est parfaitement enrobé dans un emballage mastic mais pas toc, et on s’enfonce les quatre titres dans la gorge pour qu’ils remontent jusqu’à la mémoire, au moins jusqu’à la parution prochaine d’un second tome en longue durée. Et comme les malandrins nous servent bouillant un slow tempo bien glauque et spectral, mais strié de riffs qui ont la dalle, au point de suggérer des sympathies troubles avec le DEICIDE le plus intempestif (« Gates To Oblivion »), on accepte la livraison dans toute sa brièveté en promettant de faire preuve de patience et de dévotion. Après tout, ils le méritent non ?
On aurait beau jeu de croire voir et entendre en Masters Of Darkness un simple hors d’œuvre, mais en tant qu’EP à part entière et détaché d’un plus grand projet, il convainc et persuade de retenir son souffle, certains de retrouver l’an prochain un ATROCITY souverain. Et puis, des groupes de ce calibre ne sont pas légion, et malgré les approximations, et le volume de la production, les uns adoreront toujours tandis que les autres détesteront. Choisissez votre camp, mais méfiez-vous, choisissez le bon !
Titres de l'album:
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49