Un dimanche matin comme les autres ? Pas vraiment, même si la grisaille extérieure le pare d’une ambiance légèrement plombée, de celles qu’on ne rencontre qu’en janvier. Non, résolument, un dimanche à part, puisque ce matin, j’ai décidé de me lancer dans une entreprise folle eut égard aux heures de sommeil accumulées. Je me suis lancé un défi, j’ai choisi d’affronter une de mes Némésis, puisque finalement, il n’y a que dans l’adversité qu’on reconnaît ses propres besoins.
En effet, j’ai choisi de chroniquer le dernier album d’un groupe évoluant dans un style que je déteste au plus haut point, tout en occultant mon aversion totale pour restituer des propos objectifs et dénués de parti-pris.
Alors, au hasard des mails soumis par les différents labels, j’ai choisi le plus connoté d’entre eux, Nuclear Blast, pour parler d’une de leurs dernières signatures, les Suédois de LANCER.
LANCER, c’est un peu le symbole de mon rejet de ce Power Metal que je honnis tant, et sur lequel j’ai lancé un haro il y a de nombreuses années.
Guitares d’airain, paroles empreintes de mysticisme bon marché, imagerie médiévale usée jusqu’à la chaîne du pont-levis, clichés True Metal prononcés, enfin, tout le barnum d’un groupe traumatisé par HELLOWEEN, HAMMERFALL, MANOWAR, SABATON, STRATOVARIUS, DRAGON FORCE, et juxtaposant fièrement rythmique concassante et mélodies prononcées, emballant le tout dans un lyrisme de supermarché du Metal.
Pourtant, Dieu sait si je déteste au plus haut point ce genre de procédé qui consiste à s’attaquer à un ennemi de biais pour le mettre à terre de quelques formules lapidaires, que je juge insultantes pour le groupe en question, et pour ses fans.
Mais si vous me connaissez un peu, vous savez que je ne suis pas le genre de chroniqueur à planter ma dernière banderille dans le corps sanglant d’un taureau à l’agonie. Non, le taureau, je l’affronte de face, avec honnêteté, courage et avec le plus grand respect.
Mais vous devez aussi vous dire que si ma plume s’est attaquée au cas des LANCER à l’occasion de la sortie de leur troisième album, c’est qu’il y a anguille sous roche…
Enregistré aux Leon Music Studios par le producteur Gustav Ydenius, et mixé par Miro (AVANTASIA, RHAPSODY, KAMELOT) aux Gate Studios, Mastery fait donc suite à l’acclamé Second Storm, publié en 2015 et salué par une critique dithyrambique et des fans emballés, et se permet de relever la barre encore plus haut, pour atteindre aujourd’hui la perfection dans un style pourtant soumis aux aléas d’une imagination souvent bridée par l’efficacité à outrance et à l’émotion de façade.
Pourtant la recette du quintette (Isak Stenvall - chant, Per-Owe "Ewo" Solvelius - guitare, Fredrik Kelemen - guitare, Emil Öberg - basse et Sebastian Pedernera - batterie) n’a pas vraiment dévié de sa philosophie d’origine. Elle a juste été portée à la perfection qui transforme aujourd’hui ce troisième effort en véritable concentré de Power Metal insurpassable, délicieusement puissant, mais délicatement nostalgique sur les bords de sa composition.
Car oui, j’ai aimé ce disque, beaucoup même, sinon, je ne serais certainement pas là à perdre mon temps à vous en parler.
Pourtant, je déteste au plus haut point tous les ingrédients qui le composent. Mais le rendu est d’une telle flamboyance et souvent, d’une réelle grandiloquence aux atours intimistes que je me suis laissé prendre au jeu, sifflant des mélodies de çà et là, et headbangant sur une rythmique un peu plus folle que la moyenne.
D’abord, le son. Enorme bien sûr, mais aéré, homogène mais ouvert sur d’autres tendances que celle du « boom boom tchak tchak » que l’on retrouve habituellement ruinant ce genre de productions.
Et puis surtout, une interprétation habitée, et des chansons qui ne se contentent pas de proposer des harmonies éculées et des riffs qui le ne sont pas moins, en misant sur un enrobage hollywoodien à même d’en cacher la pauvreté.
Non, sur Mastery, les LANCER – bien que suivant les préceptes presque à la lettre - ont élaboré de véritables hits Heavy/Power qui tiennent vraiment la route vers le château pour le protéger du dragon, et qui peuvent compter sur un niveau instrumental élevé, sans tomber dans la complaisance.
A vrai dire, en écoutant ce troisième disque, j’ai retrouvé le souffle épique des meilleurs moments de STRATOVARIUS, de HELLOWEEN, et même du BLIND GUARDIAN de début de carrière, ainsi que quelques allusions au progressif/épique des années 70, époque que le quintette Suédois semble affectionner particulièrement.
Alors pourquoi LANCER plutôt qu’un autre ? Le hasard sans doute, mais aussi parce que j’aime vraiment le timbre de voix d’Isak Stenvall, qui m’apparaît comme un magnifique mélange du lyrisme de Michael Kiske et de l’intensité dramatique de Timo Kotipelto, le tout enroulé dans une magnificence précieuse à la Midnight de CRIMSON GLORY.
Mais surtout, parce que les morceaux de ce Mastery ont vraiment été travaillés pour sonner comme de vrais chansons, et pas seulement une succession de plans chocs destinés à en mettre plein la vue.
En citant pour exemple « Follow Azrael », hymne Heavy Metal comme on en fait de moins en moins, je pense pouvoir illustrer toute la richesse de cet album qui sonne vraiment en tant que tel. Riff simple mais accrocheur, tierces qui ne sont pas que des boules de strass sur un sapin de Noël en plastique, chant posé mais réellement prenant, basse en circonvolutions, ce titre est une fine allusion aux 70’s et 80’s, sans pour autant capitaliser sur les meilleures idées de ces époques.
Un break très MAIDEN plus loin, et l’adhésion de l’auditeur est déjà emportée, surtout après cette ultime accalmie très bien sentie qui nous renvoie sur les traces des QUEENSRYCHE les plus inspirés.
Mais les exemples sont légions. De ces soli bien sentis qui ne sont pas que course à la note de plus en passant par le feeling général qui se dégage d’arrangements vraiment bien troussés, tout est de qualité.
Et du tonitruant « Dead Raising Towers », digne du The Warning de la bande à Tate en passant par l’épique « Victims of The Nile » et son intro en arpèges délicate, jusqu’à l’envoutant final homérique « Envy Of The Gods », Mastery résulte d’une réelle volonté de faire avancer les choses tout en se montrant vraiment respectueux du style, tout simplement parce que ces musiciens en sont vraiment amoureux et souhaitent en montrer le visage le plus séduisant et le moins trompeur.
Un Speed Métal vraiment hargneux (« Future Millennia »), un Heavy surpuissant mais expurgé de tous ses tics les plus agaçants (« Mastery » et son refrain STRATOVARIUS irrésistible), des allusions poussées au HELLOWEEN le plus flamboyant (« Freedom Eaters », un peu GAMMA RAY sur les bords aussi), et quelques embardées Hard Rock vraiment chauffées à blanc (« Widowmaker ») poussent le bilan encore plus en avant, et achèvent de transformer ce troisième essai en triomphe sans précédent.
Alors, non, décidément, ça n’était pas un dimanche comme les autres. J’ai écouté, analysé, disséqué un album de Power Metal, et j’ai aimé ça. Je ne sais pas si Mastery me réconciliera avec la cause Heavy, mais il m’a toutefois fait comprendre qu’aussi ancrés dans la conscience soient les préjugés, il est toujours facile de les y enterrer si on le souhaite.
Et si j’ai apprécié LANCER, il y a fort à parier que vous le pourrez aussi. Fan ou pas. Il faut parfois savoir sortir de sa zone de confort…
Titres de l'album:
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