Il est de notoriété publique que les Italiens sont d’indécrottables romantiques et des séducteurs invétérés. Ce qui s’avère juste à la terrasse d’un café ou celle d’un hôtel quatre étoiles l’est aussi en matière de musique où nos amis transalpins font preuve d’une douceur de ton et de caresse de fond, et ce depuis de nombreuses années. Et lorsque le label national mythique Frontiers fait une petite pause, c’est une autre maison de disques qui prend le relais pour propager la bonne parole du Hard Rock sensible mais viril, en l’occurrence les locataires de la Via Balbi d’Ospedaletto Lodigiano de Tanzan Music.
Que nous proposent donc ces latins malins en ce dimanche matin ?
Un album sorti il y a quelques mois, et qui perpétrait la tradition des combos du cru, les MARKONEE, SHINING LINE et autres LIONVILLE, pour développer une approche assez généraliste d’un Hard-Rock à haute tendance mélodique, qui fait autant bouger les petons que défaire les boutons…de chemisier.
Alors, plantez le décor, un soleil couchant, une jolie romaine aux cheveux brillants et au sourire aveuglant, un verre de chianti, et quelques astuces de bonimenteur charmant…Vous visualisez ? Maintenant, faites tourner Matter Of Faith et croyez-moi, vous y serez…
Pourtant, ce deuxième album des SOUL SELLER est tout sauf une affaire de séduction cliché, mais bien un regard lucide et sans fard sur notre société. De l’aliénation des média aux conflits internationaux en passant par la crise économique ou les problèmes environnementaux, le sextette Italien mené par les frères Zublena (Dave – guitare et Mike – basse) passe en revue tous les maux de notre époque, mais a la gentillesse et la délicatesse de le faire sur fond de Hard-Rock puissant et racé, symptomatique de l’école Italienne contemporaine.
Ce second LP annonce donc le grand retour d’un groupe que l’on avait presque oublié depuis son premier méfait, Back To Life, publié en 2011, et qui leur avait ouvert les portes d’un certain succès.
Depuis, des tournées, mais aussi une longue période de silence, et de gros problèmes de formation. C’est donc un groupe aux visages renouvelés que nous retrouvons, avec la moitié de sa composition ajustée. Outre les frangins Zublena et Cris Audisio (lead guitar), seuls rescapés de la purge, nous accueillons donc en fanfare les petits nouveaux Eric Concas (chant) Simone Morandotti (claviers) et Italo Graziana (batterie), pour célébrer un second effort qui après quelques écoutes s’avère aussi riche que son aîné, et d’une maturité flagrante.
Si les trois anciens assurent le lien avec le passé, une autre de ses figures occupe toujours son poste clé, le producteur Alessandro Del Vecchio (Joe Lynn Turner, Glenn Hughes, Fergie Frederiksen, Deen Castronovo, Roger Glover, Bobby Kimball, entre autres), qui renifle toujours les bons coups et offre une fois de plus aux SOUL SELLER un son béton, mettant en relief des compositions solides, ne recherchant pas l’originalité, mais misant sur une qualité constante qui laisse quand même admiratif. Pas de surprise donc si vous aviez été enchanté par Back To Life puisqu’on retrouve sur son successeur les mêmes ingrédients, à savoir un peu moins d’une heure de Hard Rock mélodique de grand classe qui n’hésite pas à tirer la couverture de l’AOR du pied du lit pour réchauffer vos petits cœurs aigris.
Si la base instrumentale est toujours plus ou moins fidèle à la même éthique, c’est bien sûr la voix d’Eric qui reste le point de focalisation, puisqu’elle amène le changement, assez subtil il faut l’admettre. L’homme a donc un organe puissant, certes un peu monocorde dans ses envolées, mais qui supporte très bien les efforts accomplis par son backing band qui assure dans les grandes lignes en respectant celle tracée par le Hard Rock national, aussi versé dans les mélodies séduisantes que dans les attaques saignantes.
En gros, une belle illustration de la dualité machisme/romantisme à l’Italienne, avec ce mélange de violence maîtrisée et de séduction assumée, qui a fait les plus belles heures du Metal transalpin depuis une bonne dizaine d’années.
Si parfois le groupe n’hésite pas à loucher du côté des valeurs sûres du patrimoine ricain (JOURNEY et tous les autres) sur des morceaux comme « Given To Live », tout ça ne l’empêche pas de rugir sur des accès de fièvre Heavy à la limite du Power Progressif (« Get Away » et ses soli incendiaires nuancés d’une intro synthétique bien frappée), avant de retomber dans des tics typiques de l’AOR en vogue outre Atlantique (« Alchemy », la vôtre est la bonne).
En gros, de la variété, des refrains travaillés, des guitaristes qui connaissent le boulot, pour un survol de tout ce que le Hard Rock à tendance Heavy et harmonique propose de plus chaud et beau. Classique ? Oui, mais terriblement bien fait.
La patte Del Vecchio est reconnaissable entre mille, avec cette production qui brille de mille feux et qui polit les lignes vocales jusqu’à les rendre aussi éclatantes que les étoiles dans les yeux d’une milanaise, tout en patinant les guitares pour qu’elles s’enflamment à la moindre étincelle de passion.
En gros comme en détail, Matter Of Faith et sa profession de foi envers un Hard Rock traditionnel est l’archétype même d’album qui aurait pu grossir les rangs de l’écurie Frontiers, tant son style colle de près à l’éthique du célèbre label.
Ce qui, vous en conviendrez, est un sacré gage de qualité…
De là, à vous de faire vos courses sur l’étal mis en place par les Italiens, que vous ayez l’humeur sensible et les nerfs fragiles (« Wipe Your Tears Away », jolie ballade qui évite les poncifs les plus éculés et sur laquelle la voix de Cocas module plus varié), que vous soyez prêt pour une virée downtown qui finira sur la plage avec des guitares et un bourbon vingt ans d’âge (« Tide Is Down », et son Hard Rock survitaminé qui mime très bien les mouvements oscillants de la marée), ou que votre état d’esprit soit coincé entre deux pensées, l’une à tendance mélodique policée, l’autre plus revancharde et aiguisée (« Get Stronger », le genre de tube que les PRIDE OF LIONS auraient pu enfanter).
De tout, des petits riens, de grandes déclarations, des confessions murmurées, du lyrisme et de l’intimisme, tel est donc le modus operandi de ce Matter Of Faith qui effectivement, risque de raviver votre foi en un groupe qu’on avait à tort cru disparu corps et biens.
Ces Italiens sont vraiment les plus forts finalement…Il ne manquerait plus qu’ils délocalisent Venise du côté de Stockholm pour faire alliance avec les Suédois et dominer le monde de leur mélodies de choix.
Vous imaginez le tableau ?
Arrivederci bella…
Titres de l'album:
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