Je vais m’adresser ici à tous ceux que la beauté dégoûte, à tous ceux que la lumière aveugle, à tous ceux qui n’éprouvent que de l’indifférence envers les sentiments comme l’empathie, la générosité, la compassion, qui se sentent nauséeux à la vue d’une famille heureuse et qui ne conçoivent la vie que comme un lourd fardeau à porter jusqu’à une issue fatale que tout le monde connaît d’avance. Si les petits lapins gambadant et les petits chatons miaulant vous ennuient comme une rétrospective du « Grand Echiquier », alors ne soyez pas heureux - puisque vous ne pouvez pas l’être - mais sachez que vous êtes en zone de confort en lisant cette chronique, puisqu’elle va aborder le cas d’un des groupes les plus néfastes, les plus brutaux, les moins compromis du circuit. Il arrive parfois que l’on tombe sur des albums qui dégagent une telle vilénie qu’on éprouve le besoin de se laver l’âme après les avoir écoutés par mégarde, et ce nouveau long des canadiens d’EROSION en fait indiscutablement partie. Il faut dire qu’en étant constitué à la base de trois quarts du line-up des BAPTISTS, d’un tiers de SUMAC et du vocaliste légendaire des 3 INCHES OF BLOOD, EROSION avait toutes les armes en main pour composer la musique la plus agressive et oppressante possible, ce qui est immanquablement arrivé, le karma de ces mecs-là étant fixe depuis leur naissance, et leur crédo voué à l’ignominie musicale la plus extrême, mais même en étant conscient de cet état de fait, Maximum Suffering dérange, démange, révulse et donne des haut-le-cœur, comme si la méchanceté la plus pure avait été synthétisée pour être intégrée à un schéma bruitiste parfaitement agencé. Pour avoir une petite idée de l’étendue des dégâts, replongez-vous dans les arcanes du temps, et souvenez-vous de l’effet produit par In The Name of Suffering des impitoyables EYEHATEGOD. La sensation est à peu près la même, à vingt ans d’intervalle, et si certains noms vous viennent à l’esprit en écoutant ce long, dites-vous que c’est tout à fait normal.
Même conscience de ne rechercher que les aspects les plus bruts, même puissance vomitive, même effluves écœurantes, même énergie laxative, et surtout, mêmes moyens employés pour arriver à ses fins. Ce combo de Vancouver, à cinq têtes et dix bras (A. Drury - basse, J.Hooper - chant, D.Marshall - batterie, R. O’Dell - et N. Yacyshyn - guitares) use et abuse de toutes les possibilités de déstabilisation et emploie des guitares au son le plus sale possible, la rythmique la plus appuyée dans la violence, et se repose sur une assise vocale à la limite de l’extrême onction pour vous glacer d’effroi, transformant ce qui devait n’être au départ qu’un simple album de Crust/D-Beat en séance de torture auditive renvoyant les pires nuisibles de l’histoire au rang de simples parasites. Exit l’école scandinave du genre, salut les timides VERMIN WOMB, NAILS, EXPULSION et autres PRIMITIVE MAN, et bonjour EROSION, qui mérite cruellement son nom et qui vous érode les tympans de ses constants coups de boutoir et autres facéties en montagnes russes qui filent la gerbe. Pourtant, en s’adressant à la crème de la crème pour élaborer leur son, les canadiens semblaient faire preuve de professionnalisme. Et pas forcément étonnant dès lors de retrouver au mix le nom de l’increvable Kurt Ballou, ni celui de James Plotkin au mastering. Mais un simple coup d’œil à la splendide pochette élaborée par Ryan Patterson suffit à piger que quelque chose va clocher avec ce disque-là, ce que l’ouverture traumatisante de « Maximum Suffering » confirme immédiatement. De bruit et de fureur, de colère et d’horreur, et du Crust maladif, à la limite du Death suédois parfois (« Black Waves »), comme un DISMEMBER en phase terminale lisant son testament à un EYEHATEGOD trop heureux de le voir crever dans la pisse et le sang. De la pitié ? Pas une trace, mais une somme de violence ahurissante, et surtout, effective et créative, ce qui la rend encore plus dangereuse à l’organisme humain qui n’a jamais été conçu pour supporter un truc pareil.
Car loin de se contenter de refiler douze ou treize hymnes à la débauche, les canadiens ont échafaudé leur plan avec une intelligence rare. Leur boucan est agencé, méthodiquement, et aborde tous les aspects d’un extrême craspec et louche, à l’image d’une balade dans les bas-fonds les plus sordides de l’humanité. Et si la communication promotionnelle met justement l’accent sur ces déviances les moins tolérables, c’est à juste titre puisque le produit en question à de sérieux airs d’impasse de l’espoir…Pour en revenir à cette introduction parfaitement dégueulasse et éponyme, « Maximum Suffering » incarne le degré zéro du Crust contemporain, son extension la plus ignoble, sa forme la plus larvée et primale, et pendant cinq minutes (car en plus le titre est le plus long du lot, quel sadisme…) accumule les figures de proue d’un lupanar de l’âme, avec ses guitares qui passent au papier de verre les rares illusions traînant dans le coin, avec sa rythmique qui écrase chaque floraison émergeant du sol, et avec son chant asséchant de ses exhortations toute velléité d’expression humaniste. C’est parfaitement ignoble, mais la fascination morbide que l’acheteur potentiel le plus dépravé éprouvera à l’écoute de cet album sera justifiée par un extrémisme inouï, et pas seulement pour l’art de la formule. En utilisant les recettes de base du D-Beat le plus foutoir, Maximum Suffering joue la fausse facilité, pour ensuite biaiser et broder des thèmes moins conventionnels, issus du Grind, du Death, de la vague Nola, et de la gerbe southern la plus crasseuse des marais de Louisiane. Plus que d’écouter une œuvre, on plonge les deux jambes dans le marigot le plus repoussant de la terre, et on s’enfonce dans les traumas existentiels les moins curables, avec comme seule interrogation le temps qu’il nous faudra pour pousser notre dernier râle d’agonie. Mais comment concevoir autrement des saloperies de l’envergure de « Need For Death », aussi Black que Death, aussi Crust que D-Beat, ou des aberrations comme « Human Error », qui permet à J.Hooper de dégobiller sa bile sans se tâcher les pompes ?
Car chaque morceau est un pas de plus vers une issue unique, la révulsion et l’abhorration, et ce LP en chute vertigineuse dans les abysses a été construit comme un labyrinthe en descente sans rappel, égrenant ses dogmes néfastes avec une implacable logique en crescendo. Ainsi, après avoir trébuché sur l’infâme et lourd « The Crone », à faire passer n’importe quel taré Sludgecore pour un petit caillou dans la proverbiale chaussure, vous vous ramasserez méchamment la gueule dans la boue païenne de « Deep In Hell » qui de son Crust/Death morbide vous coupera le souffle encore plus rapidement qu’une attaque, avant de finir votre course sur « Storm of Steel », enterrement de première classe Punk faisant passer DISCHARGE pour une bande de hipsters avides de renommée Pop au quinoa bon marché. Moins de trente-cinq minutes pourtant, mais une douleur sourde qui semble durer des heures, et qui singe la métronomie du supplice chinois de la goutte d’eau (« Dusted », Doomcore à mort) qui fait déborder le cerveau. Ne reste plus à « Consumed » qu’à se délecter de vos cendres encore fumantes, et la crémation auditive est terminée, et vous aussi.
Fully damaged crust illness from the dank recess of Vancouver’s rat infested alley’s.
Faites-moi confiance. Ils ne se foutent pas de votre gueule en affirmant ça. Sauf que dans ce cas précis, les rats c’est vous. Et de laboratoire, ce qui en dit long sur votre funeste destin.
Titres de l’album :
1.Maximum Suffering
2.Everything Is Fucked
3.Need For Death
4.Human Error
5.Serpent Lust
6.The Crone
7.Deep In Hell
8.We Have Failed Us
9.Scorched Earth
10.Black Waves
11.Storm Of Steel
12.Dusted
13.Consumed
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