Il y a toujours deux façons d'aborder les choses. De biais, ou de face. Tout comme pour affronter la réalité. On peut la prendre de plein fouet, ou tenter de s'en évader par n'importe quel moyen, paradis artificiels, sexe, casino, ou tout autre activité nocive et/ou addictive. Alors, quel que soit le cas de figure, deux attitudes sont possibles. En cas d'altercation, on peut calmer le jeu pour ne pas que la sauce ne monte, ou envoyer chier l'autre et lui coller un gros pain dans la gueule. Lorsqu'on rencontre une femme, au bar ou ailleurs, on peut jouer la séduction en mode métaphore ou y aller franco, tout en restant courtois. Il en va de même en musique, où la tergiversation n'est pas toujours le meilleur argument à mettre en avant. De temps à autres, on apprécie la franchise, la simplicité, même si elle confine ses auteurs à un statut de bon élève et non pas de maître. C'est un peu le cas de nos amis de DROP DEAD, dont le premier album ne finasse pas vraiment, et ne cache aucunement ses influences. Est-il méprisable ou condamnable pour autant ? Certainement pas mesdames et messieurs, bien au contraire. Et petit tuyau, si vous avez grandi dans les années 90 et que le Hard Rock un peu biaisé de cette époque là vous manque comme un premier baiser, laissez-vous séduire. Vous ne le regretterez pas.
Les DROP DEAD sont quatre, line-up Rock classique (Rob : Chant et guitare solo, Lukk : Guitare rythmique, Théo : Batterie et Gus : Basse), se sont formés fin 2014 et ont connu diverses configurations, mais semblent aujourd'hui suffisamment stables pour nous proposer leur premier LP via la promotion Dooweet, qui semble se satisfaire de la découverte de ce poulain pas encore vraiment débourré. Au menu de ce Mayhem Inc., pas vraiment les enfers, mais plutôt une sorte de paradis rétro qui nous entraîne sur les traces des cadors des nineties, les STONE TEMPLE PILOTS, la version post-glam des MÖTLEY, un poil d'ALICE IN CHAINS en plus Rock et moins torturé, mais aussi quelques solides traces de Seattle, via des guitares crades, un chant graineux et traînant, et une façon de concevoir le Rock sous son aspect le plus direct et le plus brut. Au menu de cette première livraison, une bordée de chansons qui ne prennent pas de gants, mais qui vont à l'essentiel sans sombrer dans la facilité triviale des nostalgiques de l'alternatif bon marché. Ici, le courant est continu, mais savamment dosé pour ne pas nous prendre pour des buveurs de bière jamais étanchés, puisque les ballades amères et les binaires plombés se succèdent à bon rythme. Bénéficiant d'une production franche, parfaitement adaptée à leur optique, les originaires de Sens nous offrent donc une performance haute en monochrome, et évoquent à merveille les paysages MTV 1991/1993, sans pour autant piller sans vergogne l'héritage des grands anciens de la scène Rock de l'époque.
Mais le tout sent bon l'authenticité et le feeling. Sans esbroufe, mais avec un maximum de sincérité, les boys se la jouent bad, mais pas pour magazines hipsters. Ici, on riffe chauffé à blanc, on soigne les couplets et on mise tout sur les refrains, et surtout, on donne de sa personne, comme si l'avenir n'avait aucune importance et que seul comptait le présent. Et le présent de Mayhem Inc. est multiple, dense mais léger, et surtout, méchamment burné tout en restant sensible. Évidemment, premier album oblige, tout n'est pas parfait, et on note de ci de là quelques approximations de mise en place rythmique, mais loin d'être gênants, ces détails ajoutent un petit feeling Punk à l'ensemble, et lui confèrent une aura un peu crade qui lui sied à merveille. La voix de Rob, très rauque et Rock domine du chef des parties de guitares travaillées, mais qui sonnent lâchées comme en live, pour un petit tour sur les montagnes russes du temps. Le propos n'est pas à prendre en détail, mais bien à avaler d'une traite, comme le confirme un hit aussi immédiat que « Fuck You (I'm a Rockstar) », qui affirme sans ambages un état d'esprit collégial assez savoureux. Pas là pour amuser la galerie, mais pour lui donner du plaisir, les DROP DEAD jouent leur va-tout comme les plus grandes références lors de leurs débuts, et nous gratifient même d'instants acoustiques graciles à l'instar du solide et nostalgique « High School », qui ramène à la surface de notre mémoire des souvenirs de lycée que nous partageons tous, sur fond de mélodie amère comme une vieille photo jaunie retrouvée dans un tiroir.
Chansons courtes, et juste une dizaine pour passer la barre de la demi-heure, le timing est parfait, et lorsqu'on entame les débats avec un brûlot aussi instinctif que plombé de la trempe de « Taste Of Money », c'est qu'on sait parfaitement ce qu'on veut. Jouer un Heavy Rock sale, gorgé de références marquées, mais assez libre pour rester personnel. Pas de solo envahissant, mais des individualités notables, pour une Prom Night en direct d'une adolescence pas si perdue que ça, qui se laisse rythmer par des histoires du passé emballées comme une première petite amie dans l'ombre d'un fourré. Et lorsque le gang joue la dualité d'un titre coup de poing et d'un développement chafouin (« Anarchy »), la sauce prend, et on se prend à rêver d'une fugue en compagnie de vieux amis, le pack a portée de main et l'insouciance plein la tête. Et ils ont beau nous faire croire qu'ils veulent revenir à la raison (« Path To The Reason », plus GUNS qu'une intro de « Welcome To The Jungle »), ou qu'ils ont vraiment du mal à se remettre de la torchée de la veille (« Hangover », chaloupé, customisé, entre TESLA et SOUL ASYLUM), on les croit sur parole, et on ne doute pas de leur envie de s'affranchir de toutes les étiquettes. Alors, est-ce que la franchise et la sincérité paient encore en 2018 ? A en croire les DROP DEAD, la mise est bien capitalisée, et le talent a parlé. Un premier album qui ne fera sans doute pas date dans l'histoire, mais qui vous en racontera d'attachantes. Et surtout, des mélodies qu'on retient, des riffs qu'on mime dans le miroir, et une attitude, de blousons noirs. Un petit trip musical dans le passé n'a jamais fait de mal à personne, et puis la réalité, vraiment...Who gives a fuck ?
Titres de l'album :
1.Taste Of Money
2.Fuck You (I'm a Rockstar)
3.Anarchy
4.Reason To Work
5.Path To The Reason
6.Never Enough
7.High School
8.Hangover
9.No Mercy
10.Wake Up
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49