Encore un groupe que je pensais défait, K.O pour le compte, et jeté aux oubliettes. A vrai dire, il m’a fallu pas mal réfléchir pour me souvenir de la chronique que j’avais écrite il y a presque dix ans, avant d’aborder de nouveau la problématique aujourd’hui. Mais une fois l’affaire sur les rails, la mémoire m’est revenue en pleine face comme un boomerang. Je me suis alors rappelé de Hate Injection, qui en 2015 m’avait suffisamment enthousiasmé pour que je lui consacre quelques feuillets. J’y avais découvert un Thrash sympathique à défaut d’être indispensable, et la conclusion reste valable en 2024. Mais je reconnais que la bande a fait des progrès en termes de composition, puisque ce Maze Of The Mind affiche une santé de fer.
BATTLECREEK est donc l’un des fers de lance de la nouvelle vague Thrash allemande. A tel point qu’on a pu les voir dans l’indispensable documentaire Total Thrash - The Teutonic Story de Daniel Hofmann (disponible en replay sur le site d’Arte) dans le rôle de représentant de sa génération violente. Tout ça méritait donc une réévaluation de la situation, et un intérêt sérieux porté à ce troisième album.
Qui dit troisième album, dit virage à négocier. Tout le monde connait l’importance de cette étape, et sait pertinemment qu’il vaut mieux éviter le frein à main. Mais les allemands ont largement eu le temps de préparer leur passage dans la cour des grands, puisque pas moins de neuf années ont été nécessaires pour accoucher de ce nouveau pamphlet. Et sans trop en faire, sans chercher la différence à tout prix, sans taquiner l’originalité ou provoquer le mépris, le quatuor passe la rampe sans avoir besoin de s’arrêter au pit.
De l’essence, de la décence, une efficacité ne se démentant pas, pour un pilotage fluide et une tenue de route plus que correcte. Enregistré et produit au 48Nord Studios par Chris Schmid, Maze Of The Mind n’a certes pas la complexité de son titre ou de sa pochette, mais il n’en demeure pas moins une bonne surprise dans le paysage vintage actuel. Avec une bonne humeur coutumière, les quatre lascars (Nodeng - basse, Phil - batterie, Chris - guitare et Berne - chant, soit un line-up inchangé en vingt ans) se ruent donc tête baissée dans l’actualité, pour en retirer les évènements les plus explosifs.
Avec un son sec et une attitude nerveuse, de nombreux passages mid qui dynamisent le tout, et des accélérations maitrisées, BATTLECREEK nous propose un trip agité, mais au confort auditif certain. Avec en guest Philly Byrne de GAMA BOMB, le groupe construit un pont entre l’Allemagne et l’Irlande, et célèbre l’hédonisme de cette jeunesse Néo-Thrash qui n’en finit plus de louer ses aînés tout en jouant le même jeu qu’eux.
En découlent des morceaux solides, à la rythmique fluide, et aux riffs saccadés. Embrassant le classicisme germain, Maze Of The Mind se propose de lui offrir un nouveau look, plus en phase avec les attitudes contemporaines. Avec l’ajout de passages en guitare classique, d’arrangements simples mais pertinents, et d’interludes tout à fait charmants, BATTLECREEK construit son effort pour ne pas s’essouffler dans le premier kilomètre.
Moins déluré que ses cousins irlandais, mais tranchant comme un nouveau-thrash-né californien, Maze Of The Mind n’a rien d‘un labyrinthe de Thésée, et ressemble plus volontiers à une longue ligne droite qu’on arpente à une cadence d’enfer, en mode randonnée de l’extrême le sourire aux lèvres. Avec des tandems comme « Thou Shalt Not Kill » / « Slaves to the Virtual God », les allemands jouent la franchise et le commentaire social, perpétuant la tradition d’une musique engagée, mais dégagée de toute obligation contractuelle.
Les encyclopédies vivantes jugeront sans doute l’entreprise trop traditionaliste pour mériter des palmes académiques. Je ne peux qu’abonder dans leur sens, tant cet album fleure bon le Crossover entre bon nombre de têtes d’affiches des eighties. On y renifle du TANKARD, on y sniffe du S.D.I, de l’ACID REIGN, et si l’euphorie s’installe parfois pendant plusieurs minutes, la lucidité est toujours assez pointue pour qu’on ne se laisse pas prendre au piège de la redite qui crève les tympans.
Ceci étant dit, la plus grande partie de Maze Of The Mind reste d’un très bon niveau. Avec une production qui confère à la rythmique un surplus d’énergie très palpable, et qui place les chœurs suffisamment en avant, BATTLECREEK s’en sort sans trop de problèmes, et nous trimbale dans le dédale de la mémoire, qui commence à accuser le coup de la vague old-school.
Mais il faut bien des héritiers, et ces quatre-là le méritent autant que d’autres. « Granville´s Hammer », un peu fêlé sur les bords, nous rappelle que le Thrash a souvent été synonyme de fun, et « Pleasures of the Hangman » qu’il a toujours su se montrer assez Heavy pour séduire les plus acharnés des fans de Metal plombé.
Il faut évidemment accepter le fait que le tracklisting joue la sécurité, et que les soli doivent autant à Kerry King qu’à Dave Mustaine. Mais une fois le bon état d’esprit atteint, Maze Of The Mind se digère très facilement, malgré quelques longueurs qu’on ne peut guère passer sous silence.
BATTLECREEK réussit donc son retour, et taille dans le gras sans vraiment parvenir à le détacher de la viande. Mais avec un peu de complaisance, et une humeur badine, le plaisir est réel, comme les jumelles de Shining qu’on aperçoit au centre de ce labyrinthe mental qui fut aussi végétal dans le roman éponyme. Une telle référence ne peut que flatter les cinéphiles dans le sens du poil, alors que celui des thrasheurs va valdinguer de tous les côtés.
Titres de l’album :
01. Implosion of the Sun
02. King of Rats
03. Maze of the Mind
04. Knockout in the First Round
05. The Cords of Death
06. Thou Shalt Not Kill
07. Slaves to the Virtual God
08. Granville´s Hammer
09. To the Gallows
10. Pleasures of the Hangman
11. Border Patrol
12. Goliats Revenge
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