On nous a déjà fait le coup des dents de la mer, via un gigantesque truc en mousse aux crocs acérés, validé par Steven S. himself (et qui avait traumatisé des générations entières de baigneurs intrépides), puis on nous a collé entre les flots des Sharknado, des requins fantômes qui traversent les flaques, et même des requins zombis qui affrontent des pieuvres mutantes. Alors, pensez bien que lorsqu’une nouvelle créature pointe le reflet de ses yeux morts sur le devant de la scène, on la voit justement arriver de loin. Donc, Megalodon ou pas, les prédateurs isolés qui se repaissent de sang et de membres déchiquetés ne sont pas créatures à nous effrayer du moindre coup de nageoire dorsale. Aussi imposante soit-elle. A moins que ces dites créatures ne soient qu’avertissement métaphorique de la fringale dévorante d’artistes confirmés, qui préfèrent célébrer leur retour en affichant leurs intentions plutôt que leur dentition. Mais là encore, attention. C’est bien joli de montrer les chicots, encore faut-il qu’ils soient aiguisés, et surtout, que le ballet s’accompagne d’une musique qui file le frisson et non le bourdon. Car je veux bien tremper mes petons dans un pédiluve hanté par un machin belliqueux, mais garantissez moi au moins que l’eau sera chaude et la sensation valable. Et c’est visiblement le cas de nos amis suédois de MOTHER MISERY, qui nous en reviennent donc de leur Scandinavie natale avec un nouveau-né dans le filet, dont les mailles menacent de céder sous la pression. Pour autant, pas question de BM ici, ni de Hard vintage, d’AOR de cépage ou de Death en ravages, mais bien d’un Hard-Rock moderne louchant sévèrement sur le Heavy qui se démène, sans pour autant bouffer toute la place aux mélodies. Jouer fort, certes, mais jouer efficace, et surtout, avec des harmonies qui cassent, et une énergie qui fracasse. Et sous cet aspect-là, Megalodon a fière allure, et pourrait bien impressionner quelques vacanciers en mal de blessures. Pas fortuites du tout d’ailleurs…
Il faut dire que ces dresseurs ont du métier, puisqu’ils y traînent leurs basques depuis 2004, l’année de leur explosion via un premier LP plutôt porté sur le Rock burné que sur le Hard plombé. Grandiosity annonçait donc le menu, par son versant le plus digeste, et son succès en Suède fut confirmé par des tournées encensées, mais aussi par une suite qui se voulait assez conséquente. Ainsi, entre All Eyes On You en 2007 et Standing Alone en 2010, le quatuor (John Hermansen - chant/guitare, Stiff Hell - basse, Thomas Piehl - guitare et Jimmy Lindbergh - batterie) a fait victime de tout testeur de vague, et a largement eu le temps de peaufiner sa tactique d’attaque, qui consiste à frapper fort et à bon escient, histoire de ne pas claquer des dents. Et si quelques années furent nécessaires à l’élaboration d’une nouvelle technique de recensement pleine de flair, le temps passé ne fut pas perdu à jamais, puisque ce nouvel album est symptomatique d’une nouvelle orientation définitivement entérinée (et beaucoup plus agressive que leurs débuts ténus). On retrouve donc des musiciens sûrs de leur fait, et au sommet de leur forme, prêts à surfer sur une vague d’enthousiasme qu’ils auront eux-mêmes déclenchée de leurs mouvements brassés. Difficile toutefois de les identifier clairement, même avec les jumelles de Mitch Buchannon, puisque les lascars se font un malin plaisir de se faufiler entre les bancs de poisson pour ne pas tomber dans les rais de pêcheurs en traquenard. A cheval entre Hard moderne super efficace et Heavy vraiment marqué, les suédois se veulent aussi ricains qu’européens, au point de suggérer une union marine et badine entre l’ANTHRAX de John Bush et les suisses de MAXXWELL (« Stained », hypercutant, et hyperactif, sur lequel les accents de John Hermansen singent à merveille ceux de God Bush, y ajoutant même un tempo presque synthétique martelé comme aux plus beaux jours des MADINA LAKE), mais échappent à tout calibrage par une science des arrangements assez volatile et quelques cordes introductives séductrices (« The Challenger », qui risque fort de devenir leader). Doté d’une énorme production léchée et signée par les studios GreyHate d’Enköping, et d’un mixage au cuir tanné par Mikael Andersson, pour un mastering plissé par Peter In De Betou, Megalodon peut même faire penser, lorsque le soleil se met à briller, à une version survitaminée des HAREM SCAREM, soudainement convertis au Post Grunge en vogue il y a quelques années (« Ashes In Your Crown »). Son intensité ne se dément d’ailleurs jamais, grâce à des trouvailles bien amenées, à une section rythmique qui avance rapidement sans ramer, et un batteur qui n’est jamais le dernier à motiver ses troupes déjà galvanisées (« Into These Lies », au refrain étonnamment radiophonique). Du classique up in time qui ose quand même regarder plus loin que le reflet de l’horizon, pour s’ancrer dans son époque sans renier son passé. Bien joué ? Oui, et juste assez bien dosé pour ne pas lasser.
De beaux soli bien exécutés, sobres mais élancés, un chanteur qui a du coffre et qui sait rameuter sans exagérer, quelques dualités harmonies/Heavy pour rester dans le ton de saison (« 100 Eyes », ambivalence d’averses et de rayons, sans contradictions), de soudaines envie de fiestas sur la plage desquelles on sort lessivé Rock et en nage (« Stonecold Killer »), et même si le tempo est parfois un peu trop posé sur le dos et risque la brulure au repos (« Down In The Dirt », seule redite qui aurait pu/dû être évitée), le final en subtilité acoustique maritime permet de se rattraper à la dernière marée (« If You Fall », fausse ballade mais réel moment d’émotion), et de replonger vers les grands fonds en étant assuré d’un travail de traque bien fait. Non, décidément, je ne vois rien à dire de négatif sur ce groupe qui nous rassure quant à ses capacités à nager à contre-courant, et à revenir à la surface juste à temps pour ne pas se faire oublier définitivement. MOTHER MISERY signe donc un comeback qui a défaut de se montrer fracassant, se veut séduisant et attachant, et réconcilie Hard atypique, Heavy symétrique, et Rock épidermique, pour finalement boucler la boucle de sa propre carrière et en offrir un résumé qui se veut aussi perspective que prospective. On pressent déjà une tournée locale triomphale, et pourquoi pas, quelques excursions sur les côtes européennes pour propager la bonne odeur du sang. M’est d’avis qu’avec un nouveau répertoire aussi cinglant, les suédois ont de quoi faire frémir les touristes égarés dans le vent. Un disque qui s’apprécie comme une bonne nage coulée sans bouée, et qui fournit même la serviette au final pour se sécher. Une bonne affaire somme toute, alors que nous sommes encore loin de l’été.
Titres de l'album:
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