Duo anglais originaire de Birmingham, SWORDS OF DIS fait partie de ces artistes inclassables, à l’aise dans l’extrême sans éprouver le besoin de baliser leur démarche. Si leur ville rappelle évidemment la légende BLACK SABBATH, leur musique en emprunte certaines astuces Heavy, mais au bout du compte, seule la maison de disques du groupe nous permet d’entrevoir une vérité plutôt qu’une autre. Puisqu’on sait finalement qu’I, Voidhanger ne signe que des orchestres atypiques, vilains, expérimentaux, avant-gardistes et plus originaux que la moyenne.
SWORDS OF DIS, ce sont deux musiciens. Richard et Alice Corvinus, qui se partagent les tâches, Alice prenant en charge le chant, et Richard le reste. Deux musiciens qui se connaissent évidemment bien, et qui s’étaient présentés à nous il y a de cela une décennie, via un premier album déjà à part dans la production de l’époque. Tides of Malediction permettait de tester un sens de l’à-propos lourd et vicieux, combiné à des volutes vocales éthérées et poétiques, mais autant dire que comparé à ce gigantesque Melencolia, il ressemble aujourd’hui à un joli brouillon sur papier fané.
En 2013, le duo posait les jalons d’une construction en tour de Babel, qui aujourd’hui vient défier les Dieux en les chatouillant au-dessus des nuages. Avec plus d’une heure et dix minutes de métrage, Melencolia écrase son aîné en termes de créativité et de proportions, et réussit la difficile gageure de maintenir l’attention sur une durée rédhibitoire.
Si les fondamentaux n’ont pas changé, avec toujours cette alternance de plans chaotiques et de longues complaintes hivernales, SWORDS OF DIS a accentué toutes ses caractéristiques en se frottant au symphonique larvé, loin des théâtres de velours des divas esseulées criant leur malheur à des foules conquises par des costumes en synthétique. Non, le système opératique des anglais repose plutôt sur un principe de scène abandonnée dans une ville industrielle fatiguée, et les arias époumonées par Alice sont bien plus déprimantes que les envolées de ses consœurs adeptes de gothique bon marché.
Dans un registre exploré par THE FUNDAMENTAL WISDOM OF CHAOS, OPETH, KATATONIA, MY DYING BRIDE et NIGHTBRINGER, SWORDS OF DIS embrasse la lourdeur du Doom, la rudesse du Death et le lyrisme d’un Heavy Metal venu du fond des temps, tout en acceptant le principe généraliste de l’extrême sans réelle étiquette. Et s’il est évident que les fans de Doom orchestral et pompeux seront aux anges (ou aux démons selon la confession), les amateurs de sensations fortes et pures ne cracheront pas non plus sur ce feuillet triste comme un dimanche de pluie.
Très intelligemment construit, Melencolia se scinde en trois parties distinctes, séparées par une approche temporelle différente. La première partie de l’album, imposante et lourde, nous offre des titres cohérents, pour une ambiance générale à la limite de la dépression globale. Des éléments de divers sous-genres se percutent pour créer une symphonie christique, et la durée des morceaux, entre six et neuf minutes laisse à penser que le duo a refusé de se brider une fois arrivé en studio. Le son d’ailleurs, ample et dynamique, suscite paradoxalement un sentiment de claustrophobie que l’on retrouve parfois chez EMPEROR et MAYHEM, ce qui tend à rapprocher le projet d’un BM grandiloquent et vénéneux.
Alice Corvinus, interprète émérite, parvient à créer un décalage fascinant entre son chant mélodique et un instrumental radical, ce qui contribue à renforcer le paradoxe déjà énoncé plus haut. « Our Lady of the Naked Flame » en étant le plus parfait exemple, dissonant, discordant, atonal et traumatique, comme une litanie Doom déformée par un lecteur fatigué aux piles usées. Cette sensation de privation des sens est indéniablement le point fort de cet album qui gomme les repères sur le calque, nous laissant déambuler à l’aveugle dans un labyrinthe d’émotions et de sensations.
Brisé en son milieu par une poignée de chansons plus concises et brèves, Melencolia ne baisse pourtant pas la garde en accentuant la violence de son discours. « Oculus Diaboli », hommage indirect à la diva Diamanda GALAS nous balaie de sa rythmique surpuissante et de son duo de voix expressif. On pense aux débuts de MYRKUR, à LINGUA IGNOTA perdue dans les couloirs du Metal le plus violent, et on se laisse guider par ces druides de l’étrange dont les recettes procurent des effets secondaires assez violents.
Performance notable, ce deuxième longue-durée nous évite miraculeusement l’ennui par un habile jeu d’arrangements divers, dont un fin tapis de cordes et de bandes inversées sur l’introduction du pantagruélique « לִוְיָתָן ». Dix minutes d’invocations païennes pour une leçon de Doom/Death sublimé par ces accents désespérés émanant des cordes vocales d’Alice, qui se donne corps et âme à son art pour le rapprocher d’un Doom amer, nostalgique, aux réflexes lents.
On peut évidemment rester de marbre face à cette démonstration de tristesse. Il est tout à fait possible de ne pas être réceptif à ce style étrange, constamment entre deux ou trois eaux, qui bafoue les lois du Death, se donne des libertés conséquentes avec le Metal extrême, pour donner naissance à un monde imaginaire, peuplé de créatures inquiétantes, aux paysages monochromes, et aux aventures épiques.
Epique, le mot est lâché, et à dessein. Difficile en effet de faire plus épique que cette réalisation aux ambitions majeures, qui permettent de retrouver un duo en pleine possession de ses moyens. SWORDS OF DIS, sans trop verser dans l’avant-garde réussit pourtant à se démarquer, sans se compromettre. Un retour en force annonciateur d’une apocalypse qui sur fond de « Palimpsest », sera un dernier spectacle flamboyant et dramatique.
Titres de l’album:
01. Orison
02. Mask of the Myriad
03. Sea of Storms
04. Melencolia
05. Our Lady of the Naked Flame
06. Oculus Diaboli
07. Oculus Dei
08. Eclipsing the Deathless Sun
09. לִוְיָתָן
10. Palimpsest
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