Réparer.
C’est ainsi l’objectif que se sont fixé les lituaniens d’AU-DESSUS, à une époque où justement, l‘homme a tendance à jeter ce qui est abimé, ou à accepter la triste réalité des faits sans chercher à trouver une solution certes plus complexe, mais plus enrichissante. Aujourd’hui, on met au ban les bancals, les différents, les iconoclastes, les apatrides, les déviants, les boiteux, les penseurs-libres, les sans-le-sou, on met au placard un smartphone jugé obsolète, pour en racheter un autre plus moderne, plus tape-à-l’œil, quitte à s’endetter. Car le paraître est devenu plus important que l’être, et on ne se définit plus par ce que l’on est, mais par ce que l’on a. Ainsi, le temps file entre nos doigts, nous laissant avec une blessure béante que personne ne voit, mais qui pourtant perce l’âme et la laisse fuir de son agonie.
Tout va trop vite.
On pourrait y trouver une excuse, mais tout va trop vite justement parce que nous ne prenons pas le temps de ralentir pour analyser les faits. Les fake news se succèdent à vitesse grand V, les catastrophes aussi, avant d’être dépassées par d’autres, plus actuelles, et l’homme tourne en rond à la recherche de sa propre nature qu’il a perdue en route. Alors, un simple pansement ne peut plus permettre de cicatriser et de ne pas infecter une vilaine blessure ouverte. Il faut opérer, et pour ce faire, il faut stopper la course.
AU-DESSUS justement, prend son temps, et nous donne enfin des nouvelles moyen-format, les premières depuis leur unique et superbe album End Of Chapter. Cette fin de chapitre signifiait l’écriture d’une nouvelle aventure, qui prend enfin forme via les cinq titres de ce Mend, qui se propose de réparer l’humain pour qu’il puisse découvrir…sa véritable nature.
Mend est composé de cinq chapitres, où chaque chanson représente l’implication d’une âme brisée sur le chemin de sa propre réparation, afin de trouver la paix avec ses propres démons. Chaque titre incarne un état d’esprit durant le pèlerinage de sa propre perception.
Court, mais ambitieux, et volontairement cathartique. Si chacun voit la Némésis à sa porte, si l’enfer, selon Sartre, c’est les autres, il est aussi parfois caché à l’intérieur de nous-même, nous empêchant de voir la lumière qui émerge de notre âme. Sans vraiment changer la recette établie sur ses deux premières réalisations, AU-DESSUS regarde en-dessous et à l’intérieur, pour tenter de se définir, et d’exposer des vues à son public.
Džiugas (batterie), Simonas & Jokūbas (guitares), et Mantas (chant/basse) creusent donc la piste de l’introspection, et du cheminement intérieur. S’il est évident que ce pèlerinage fait souffrir et fait saigner des blessures encore vives, il est indispensable à la reconstruction d’une identité soldée au nom du collectivisme le plus stupide, comme les moutons de Panurge se suivant aveuglément. Avant d’être la partie d’un tout et d’une civilisation, l’homme est une individualité, qui défectueuse, ralentit le reste de la troupe, et l’oblige à freiner son avancée. Et de son Post-Black dissonant à l’extrême, le groupe de Vilnius se propose de décrire ce processus chaotique fait de cris de douleur, d’étonnement et d’irritation, ce que des guitares en perpétuel affrontement transcrivent avec beaucoup d‘acuité.
Si thématiquement, Mend est d’importance, il l’est aussi musicalement, en proposant cinq pistes complexes, longues, chargées en thèmes, et saturées de violence.
Entre Ambient introductif, préparant le corps et l’âme pour ce processus de purification et de réassemblage (« Negation I »), et BM sans concessions autre qu’une brutalité assumée et décuplée (« Negation II »), Mend passe en revue tous les traits de caractère d’un groupe difficile à classer, mais qui sait pertinemment imposer sa singularité. Et s’il est évident que la franchise musicale n’est toujours pas à l’ordre du jour (difficile de trouver un riff stable ou un tempo régulier), la créativité bouillonne une fois encore, et AU-DESSUS offre une suite tout à fait logique à son chef d’œuvre End Of Chapter, à tel point que le temps passe beaucoup trop vite.
Pourtant, ces cinq morceaux sont pleins, volubiles, mouvants et sinueux. Entre classicisme à la suédoise et expérimentation à l’Allemande, AU-DESSUS déconstruit sa musique, pour en retirer la substance la plus pure et évocatrice. On se laisse alors happer par la cruauté de « Lethargy », en totale opposition avec son titre, atteignant enfin cette « Epiphany » qui synthétise la démarche d’un groupe toujours sur la brèche, et toujours aussi friand de stridences, de dissonances, et d’avant-gardisme replacé dans un contexte d’efficacité immédiate.
Je ne sais pas si Mend recollera les morceaux épars de notre âme damnée, mais en tout cas, il s’échine à trouver des remèdes contre l’uniformisation ambiante. En constant décalage entre normalité brute et vice de biais, cet EP est d’une logique artistique implacable, et d’une richesse musicale incontestable. La voix incroyable de Mantas, la complémentarité perverse des guitares de Simonas & Jokūbas, et ce jeu si complet de Džiugas permettent à cet EP d’avoir l’épaisseur d’un véritable album, et on se prend à rêver d’une suite achevée à End Of Chapter, qui à n’en point douter aura des proportions épiques.
Titres de l’album :
01. Negation I
02. Negation II
03. Lethargy
04. Epiphany
05. Alienation
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