Nouveau groupe, side-project, après tout peu importe le flacon pourvu qu’on manque de tendresse. C’est un peu la leçon à tirer du premier EP de ce projet un peu à part, qui nous en vient de Canberra, Australia, et qui en janvier de cette année (mars pour la sortie en version tape) nous a proposé une poignée de titres en format EP pour asseoir sa réputation de machine Hardcore performante, rouillée, mais quand même bien huilée.
Aux commandes de ce quatuor, quatre musiciens (Alex Young – basse/chant, Aaron Osborne – guitare/chant, Rohan Todd – guitare et Simon Murphy – batterie), soit les trois quarts de l’entité I EXIST, groupe connu et reconnu hors de ses frontières Australes.
Alors, du Hardcore, des noms que l’on peut placer dans une conversation, mais quelle en serait justement la teneur, puisque les tenants et aboutissants de cet exercice restent encore un peu flous ?
Gageons que les arguments annoncés resteraient en rapport avec des valeurs sûres de l’underground Core mondial, et que des noms tels que ceux d’EYEHATEGOD, AUTOPSY ou CROWBAR retiendraient l’attention et se verraient validés d’un seul coup d’œil.
Comme l’affirme Aaron Osbourne, co-fondateur du projet et co-chanteur sans rejet, le but du jeu était de s’extirper de son groupe principal pour se vautrer dans une musique en hommage aux combos ornant sa collection de t-shirts personnels.
Alors, les noms déjà lâchés en pâture, plus quelques autres (BOLT THROWER, TRAGEDY, IRON MONKEY, HATEBREED ou MINDSNARE), et surtout une optique délibérée permettant à la quasi intégralité du line-up d’I EXIST (plus Rohan, nouveau venu de l’extérieur) de se concentrer sur une orientation qu’ils n’ont pas choisie il y a quelques années, préférant miser sur des riffs plus bluesy et une vision plus nuancée, pas forcément cathartique si l’on en croit les options retenues pour ce projet MENTAL CAVITY.
MENTAL CAVITY, en substance, n’est pas facilement qualifiable. Hardcore évidemment, mais aussi Metal, forcément, un peu à cheval entre les deux en équilibre sur une selle sludgy, bien calée sur la colonne vertébrale d’un Crust qui permet à la course d’adopter une cadence heurtée et pas forcément régulière.
Un peu de tout donc, mais surtout de la violence, de la lourdeur, de la vitesse et des heurts, pour un premier EP en coup fourré qui s’avère beaucoup plus riche qu’un caprice de gamin de riches.
D’une piste à l’autre – il y en a peu et elles sont brèves - le quatuor se révèle multicartes, et refuse la stagnation. Eparpillés sur des compilations, ces mêmes morceaux pourraient se vouloir d’interprètes différents, et sont pourtant l’œuvre des mêmes têtes brulées, qui ont pris la décision de tout cramer.
Enregistré et mixé par Mike Deslandes au Black Lodge studios, mais surtout masterisé par l’incontournable Brad Boatright aux légendaires Audiosiege, Mental Cavity est la grosse surprise sortie de nulle part de ce premier semestre en termes de Hardcore chaotique et sludgy à tendance crusty, et dame le pion à des formations plus établies et conséquentes tout en restant d’une fausse fraîcheur pas vraiment éclatante.
On pense à un triumvirat entre le NOLA bien bourbeux, le Crust Anglais ambitieux et le NYHC teigneux, qui se partageraient les tâches pour en faire encore plus sur la table du Metal lourd le plus impitoyable.
Si les noms d’EYEHATEGOD et CROWWBAR sont les plus à mêmes de vous aiguiller sur la bonne piste, celui d’EXTREME NOISE TERROR n’est pas forcément le plus incongru, même si un peu noyé dans la masse des sons graves.
Mais aussi percutant et lourd soit cet effort, il n’en oublie pas pour autant de se montrer accrocheur via une bordée de riffs bien façonnés, comme le démontre le final séduisant et collant « Terminus », qui ose un lick mémorisable sur fond de bruitages sonores aux dommages irrémédiables.
A l’opposé, le long (trois minutes, tout est relatif) « Buck The Trend », s’amuse beaucoup à percuter de plein fouet UNSANE et AUTOPSY, sous la direction mouvante de MARTYRDOD, pour une sorte de désillusion urbaine du bout du monde, coincée dans un rêve en forme de vortex Death/Crust assez hermétique et compact. Ça fonctionne, très bien même ; ça fait mal, c’est pensant et dense, mais c’est assez révélateur de la personnalité de ses auteurs qui décidément ne se sont fixés aucune limite de style.
Dark Crust vraiment rapide et pourtant ludique et addictif (« Closing In »), entame au riff ultra redondant qui vous prend aux oreilles et vous rend dépendant (‘Omnibus », vers nulle part, mais un riff à rendre Tommy Victor et Phil Anselmo fous de rage), NYHC adapté à la sècheresse d’un soleil de Canberra, qui vous donne de soudaines montées d’hormones (« Abuse », oui en effet, on le serait à moins), Sludgecore massif qui dérape souvent dans les plates-bandes Crustcore sans laisser de trace au fond du calcif (« Deconstruct Fools »), en gros de la variété dans la concision, et de l’homogénéité dans l’éventail de décisions.
Pas mal pour une simple récréation…
Alors d’aucuns commenceront à se dire que l’anecdote MENTAL CAVITY est finalement plus intéressante que l’histoire principale I EXIST, et qu’elle mériterait un chapitre un peu plus conséquent. C’est une possibilité et une option que je ne peux occulter, mais le caractère fugace et instantané de ce premier et peut-être unique EP le rend encore plus précieux à mes yeux, et l’aventure pourrait s’arrêter là sans que je ne regrette quoi que ce soit.
Parce qu’après tout, le Hardcore, c’est aussi ça. Des plaisirs coupables en déviance, des histoires de foi en partance. Alors qu’il y ait une ouverture ou que le chapitre soit déjà clos, Mental Cavity reste une solide pièce de Hardcore qui ne refuse aucun abord, et qui se complaît dans les références, tout en risquant d’en devenir une.
Et puis, moins sérieusement, tout ça vous donnera peut-être envie d’agrandir votre collection de t-shirts, juste pour voir si vous aussi êtes capables de leur composer des hymnes valables.
Une déclaration d’amour à sa garde-robe, tel est le fondement de la création de MENTAL CAVITY. Pas pire que n’importe quelle autre raison de faire du bruit, juste une légende plus amusante que les autres. Pour une musique très sérieuse qui leur appartient à eux, mais qui veut devenir vôtre.
Titres de l'album:
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