Glosons un peu et admettons que tous les courants extrêmes vous séduisent. Que vous soyez incapable de choisir entre le dernier combo Post Black à la mode, l’ultime découverte Sludgecore moderne, ou les héros contemporains du Hardcore chaotique et malsain. Vous voilà donc bien marri et obligé de fouiner dans l’underground à la recherche de plusieurs denrées à incorporer à votre gamelle quotidienne. Soit, ce même underground s’est tellement diversifié qu’on peut maintenant y trouver des ensembles multifonction qui remplissent plusieurs critères.
Mais la plupart du temps, leurs influences sont mixées dans le broyeur de leur inspiration, et il s’avère souvent difficile d’en déterminer la provenance. Pourtant, de temps à autre, surgit une bête au traçage un peu plus clair, mais dont les origines couvrent pas mal de terrain.
On en trouve souvent trace en Russie, et c’est d’ailleurs de Yekaterinburg que viennent nos sujets d’étude du jour, qui visiblement, ont écouté pas mal de choses avant de se mettre à la musique. Et du coup, leur second jet et premier d’une durée honorable tente le coup du tir tous azimuts, sans pour autant perdre ses balles dans les nuages. Pas mal non ?
Pourtant pas facile comme exercice.
Autant vous le dire de suite, je ne sais pas grand-chose d’eux. Selon les photos éditées sur leur Vk, ils sont quatre, trois hommes et une femme. Une sortie à signaler, celle d’Octopus Soup en avril 2016, mais pas grand-chose de plus, la traduction Google étant toujours aussi performante sur le net.
Mais après tout, qui a besoin d’une description pour apprécier une musique aussi foncièrement atypique, sombre, glauque même parfois, et des morceaux qui déterrent un maximum de cadavres dans les placards de la terre pour en faire une sorte de créature de Frankenstein de l’est, hideuse, mais incompréhensiblement séduisante de laideur ?
Personne. Il suffit de se passer cet album, qui de plus est disponible gratuitement sur le Bandcamp du band.
Je l’avoue, j’en ai entendu des saloperies bruitistes et haineuses dans ma vie. Mais rarement de cette intensité, et de cette variété. Il semblerait que ces russes n’aient retenu que les aspects les plus craspecs de chaque sous-genre pour faire leur propre tambouille, qu’ils ont en plus pimentée pour la relever.
Ils l’avouent pourtant sur leurs pages officielles, le statisme n’est pas leur truc. Ils évoquent du Mathgrind, du Sludgecore, du Post Black, du Mathcore, et le pire est qu’ils n’exagèrent pas pour se faire mousser. On pourrait craindre un excès de zèle, et surtout, une mixture imbuvable, et pourtant, le crossover fonctionne et Mental Paralysis devient de fait un des albums les plus malsains et dérangeants de cette demie année. Tout en restant d’une puissance rare et d’une efficacité indéniable. En somme, un tour de force qui n’a rien d’un tour de France, mais plutôt d’une visite guidée des bas-fonds Core de la Russie, version abus de vodka et histoires de revenants du KGB.
Soit.
Le cauchemar commence en décalé sur un « Shlam » qui déraille grave d’un Hardcore chaotique et nauséeux à la UNSANE. Ça hurle, ça rythmique de biais, ça riffe sombre et rouillé, et les breaks s’amoncèlent sur fond d’ambiance BM bien vilaine et vomie des entrailles de Belzébuth.
Le tempo s’écrase, ça dégueule ses tripes façon BURZUM, et puis ça part en vrille Mathcore bricolé un soir de pluie pendant que la TV raconte la dernière catastrophe ferroviaire tragique.
OK.
Le cauchemar se termine via « Fever », un machin qui pue autant le Post-Hardcore véreux que le Post-Black vénéneux. Une symphonie de douleurs en cris majeurs, un peu comme un Punk qui se rendrait compte que son karma est finalement aussi pourri que le collier de son chien. Maladif, et vraiment traumatisant. Mais ce ne sont que le début et la fin d’une sale histoire qui entre temps, vous réserve encore plus de mauvaises surprises dans l’ombre de l’étagère ou sous votre matelas.
« Dog’s head », n’est ni plus ni moins qu’une relecture psychopathique de la confession sur canapé des ACID BATH en consultation avec des CONVERGE fatigués d’entendre toujours les mêmes névroses.
Et « Bad Time to Die », c’est un peu du même tonneau, mais répété et déformé par des NAILS méchamment grisés par une vinasse bon marché. C’est bordélique, c’est cryptique, rythmique, et super concentré pour tenir en deux minutes et quelques.
« Karma -/+ », c’est une minute de Grind joué par des gens qui ne veulent pas jouer le jeu du Grind, et qui n’accélèrent pas jusqu’au bout par mépris pour des blasts trop galvaudés. Et encore une fois, je me demande bien ou le guitariste va chercher ses riffs ailleurs que dans sa psyché vraiment torturée. On dirait un membre des SHADOWS mis en scène par David Lynch un soir d’automne. Flippant.
Comme « Uroboros » qui ferait passer les DARKTHRONE pour UZEB. Sauf que là en plus, ça s’étale sur plus de cinq minutes, que c’est pesant, dissonant, éprouvant, et pas remboursé par la sécu locale. Le BM continue de se tailler une gentille place à la table des Judas, et trouble « Burn, Salamandra! » que Jon Nodtveidt aurait pu et dû composer avec Shane Embury et Morgan Steinmeyer Hakansson.
« Parable » se dit finalement que faire plus mal que mal est encore possible, et s’égare sur les chemins des bois d’un Metal noir comme une nuit de suicide, avec blasts, écorchements vocaux sur les orties d’une guitare qui décidément, ne se résout pas à sortir des graves acides. Break psychédélique à la VOÏVOD satanique inclus, et hop, le pourboire est pour le passeur.
Dans les flammes, et ça réchauffe.
Si vous n’avez pas le moral, que l’extrême vous paraît statique et mou, que les groupes les plus féroces vous semblent bien dociles, et que les plus variés des indécis sont encore trop conservateurs, Mental Paralysis est fait pour vous. Complètement et fièrement. C’est vraiment le truc le plus bizarre et sinueux que j’ai pu écouter depuis très longtemps.
Mais qui réconcilie le Sludge, le Hardcore, le Grind, le Black, et tous les bâtards Post des enfers. Comme un Dario Argento revisité par Jorg Buttgereit et monté par Richard Kern. Existe-t-il une 52ème sur Yekaterinburg ? Parce qu’avec ça en bande son, les cinés vont faire fuir du monde…
Titres de l'album:
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"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
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