Party Like Tomorrow Is the End of the World  

Ce morceau des ineffables STEEL PANTHER a quelque chose d’assez sensé finalement. Après tout, la fin du monde approche, qu’on le veuille ou non, alors autant en profiter une dernière fois avant que la situation ne nous échappe complètement. Pour ce faire, une bande-son idéale est indispensable, et n’allez pas la chercher sur les plateformes de streaming habituelles. Non, laissez faire l’actualité musicale en mode random, jusqu’à ce que vous tombiez sur le bon produit. Festif mais agressif, puissant mais dansant, Metal mais en moindre mal. En gros, la Suède, une fois encore, et l’un de ses représentants les plus populaires, KNOGJÄRN.

KNOGJÄRN vient de Karlstad, et peut s’enorgueillir de trois albums impeccables, publiés par Big Balls Productions ou faits maison. Leur quatrième album se devait donc de faire les gros titres, et c’est l’une des gloires nationales qui s’en charge. Indie Recordings est donc très fier et heureux de vous présenter le quatrième chapitre d’une saga agitée, Mera Bedövning (sédation lourde en VF), qui à n’en point douter rendra fous de joie les amateurs de musique énergique, plurielle et dynamique.

KNOGJÄRN est connu comme le loup blanc eu égard à ses tendances au métissage, entre Hard Rock moderne, Metalcore light, Heavy puissant et Speed Punk turgescent. Le quatuor (Kim Eriksson - chant, Markus Hurtig - guitare, Rasmus Sörbom - basse et Johan Hidén - batterie) continue donc sur sa lancée, en nous offrant l’un des disques les plus explosifs de ce mois de janvier neigeux et gris souris.

Fromage dont le ramage tatoué est à l’image d’une musique marquée, Mera Bedövning ne change rien aux principes du quatuor suédois. Gros riffs, batterie pulsée, chant hurlé ou scandé, et allusions externes multiples. On trouve des éléments méchamment thrashy, des conventions Metalcore inamovibles, mais aussi des clins d’œil Nu Metal et des accolades Pop-Punk. Largement de quoi sourire, sans oublier le plus important : le monde se barre en couille quoiqu’on fasse, alors autant admirer le spectacle en s’en mettant plein les oreilles.

Faussement simpliste, ce nouveau longue-durée est très léché. Si la production énorme d’Oscar Nilsson aux Crehate Studios ancre le produit dans le présent tout en lui évitant d’être daté trop rapidement, ce sont les morceaux qui se font remarquer pour leur efficacité, notamment le monstrueux « Vad du än BehöVer », aux épaules larges et carrées, et au riff emprunté au vocabulaire Thrash/Groove des années 90.

Comme lors d’une brocante de luxe, on trouve de tout pour toutes les bourses. De la virilité, de l’émotion, des mélodies, des licks au biseau, une précision d’architecte et des montées de testostérone aggravées. Bien conscient de ne pas s’adresser à un public particulier, KNOGJÄRN séduit tous azimuts sans tomber dans le piège du consensus impardonnable et putassier. Crédible, réputation sans tâche, pour une relecture de quelques canons anciens remis au goût d’un jour exigeant.

Fondamentalement Metal dans le fond et la forme, Punk dans l’attitude, Mera Bedövning sonne comme la B.O d’une époque troublée, entre fête nocturne et gueule de bois diurne. Une certaine amertume colore de nombreux morceaux, même si la plupart semblent avoir été dosés en nitroglycérine pour exploser au moindre cahot ou tremblement. « Kopplet Runt min Hals », rencontre improbable entre les DIE TOTEN HOSEN et LINKIN PARK, « FEL », redondant à l’extrême, « Vad Vill du Ha », tendu comme du DRAIN S.T.H repris par les MASS HYSTERIA, le tracklisting est ouvert, et les influences digérées d’avant-hier.

Très efficace, et construit comme un disque studio composé pour le live, Mera Bedövning possède une certaine profondeur, et une teinte légèrement amère qui le rend étrange en oreilles. Si ses premières claques sont plutôt directes et percutantes (« Bedövning », un riff d’intro que n’aurait pas renié le KORN de The Serenity Of Suffering), voire Thrash et méchantes (« En Sista Gång »), son ensemble souligne un travail de fond admirable pour dépasser le simple stade de Metalcore band up in time, rageur et en sueur.           

Les tatouages ne font pas illusion, ces musiciens en ont, et ont tout bon, ou presque. Sur une ossature classique se greffent des éléments plus disparates, tâtant du Hip-Hop, des mécaniques de l’Indus light, des mélodies poppy à reprendre en chœur, et tout un tas d’autres petits détails que des écoutes répétées révèlent avec beaucoup d’intelligence.

Alors, certes, cet album a été pensé comme une explosion de rage contenue un peu trop longtemps. Il est donc fait pour être immédiat, mais pas seulement. Sa richesse lui permet de résister à l’épreuve du temps qui passe pendant une longue année, via quelques réflexes moins conditionnés, et une noirceur qu’on ne met guère longtemps à remarquer (« 365 »).

Prêt à faire la fête comme si la fin du monde arrivait demain ? Parce que la date fatidique de péremption de notre planète n’a jamais paru aussi proche.      

Titres de l’album :

01. Bedövning           

02. En Sista Gång      

03. Inte Mitt Fel        

04. Varje gåNg          

05. Vad du än BehöVer        

06. Aldrig Mer          

07. Kopplet Runt min Hals   

08. FEL         

09. Vad Vill du Ha

10. 365           

11. Akta Dig  

12. Snabbhatskedja

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