Je vais y aller franco puisqu’en ce moment la subtilité n’est pas mon fort, et vous donner tous les éléments susceptibles de vous aider à juger à priori de cette sortie. L’artwork de cet album a donc été réalisé par le légendaire Rok des SADISTIK EXEKUTION, qui a par la même occasion retravaillé le logo du groupe pour qu’il soit plus ready for war que jamais, la production a été soignée par Leon Necromaniac des APOKALYPTIC RAIDS tandis que le mastering a été poli par Joel Grind de TOXIC HOLOCAUST. Avec ces renseignements en mains et en yeux, vous serez à même d’évaluer le potentiel de destruction de cette quatrième réalisation des brésiliens de WHIPSTRIKER, qui agitent quand même l’underground local et mondial depuis une bonne dizaine d’années. Avec pas moins de trois longue-durée à leur actif, dont un Only Filth Will Prevail au titre diablement évocateur sorti l’année dernière, les sud-américains sont en train de devenir une machine de guerre au rendement implacable, et à la productivité remarquable. Cela veut-il dire pour autant que leur portée est maximale et leur rayonnement optimal ? En se basant uniquement sur les données prodiguées par ce quatrième né, Merciless Artillery, la réponse est évidemment un gigantesque raaaaaaaaaaah, puisque le combo n’a pas changé d’un iota sa formule depuis ses débuts, la perfectionnant dans l’ignominie avec le temps, et la rendant de fait de plus en plus paillarde et dangereuse. Et le simple fait que ce nouveau LP soit publié par les sauvages de Hells Headbangers Records est un indicateur fiable, puisque selon les auteurs même de ce nouveau pamphlet, « si tu ne connais pas les groupes du label, tu n’es qu’un sale poseur ». Dont acte.
Et faites-moi confiance, dans leur genre, les membres de WHIPSTRIKER n’en sont pas vraiment, selon les points de vue bien sûr. Enfin, disons pour être plus précis LE membre, puisqu’il semblerait que seul Vik (Victor Vasconcellos) aka Whipstriker himself tienne la barre de ce navire, accompagné cette fois-ci d’un ami de longue date, Hugo Golon, histoire de continuer une association fructueuse au sein d’autres combos comme DIABOLIC FORCE, ATOMIC ROAR, FARSCAPE, APOKALYPTIC RAIDS, ou VIRGIN'S VOMIT. Le premier s’est donc chargé de la composition, de l’écriture, mais aussi du chant et de la basse, tandis que son compère a endossé les rôles restant, frappant ses fûts, grattant ses cordes et les faisant couiner à l’occasion de soli enflammés. Et force est de constater que les deux hommes n’ont besoin de personne pour hurler David sonne, puisque Merciless Artillery résonne comme l’effort d’un groupe cohérent et complet, et non comme un one-man-band auquel nous sommes pourtant habitués. Si le style n’a pas bougé d’un poil de barbe depuis sa création, il atteint ici une apogée dans l’horreur, sonnant comme une jonction temporelle improbable entre 1982 et 2017, de par sa production évidemment, mais aussi de ses chansons, qui bondissent comme des cabris possédés hors d’enfers embrasés, mais aussi comme les hymnes sous influence qu’ils sont, influences qui sont plus qu’évidentes, et qui sont largement revendiquées. Lesquelles ? En premier lieu, inévitablement, celle des pères fondateurs du genre, VENOM, dont l’emprunte braillarde et gentiment occulte est incrustée dans chaque intervention, et jusque dans le chant de Whipstriker, qui se pose comme le sosie vocal de Cronos, « aaargh » et « blaaahhh » plus vrais que nature, et look approprié pour une révérence largement méritée. On sent que le bonhomme a beaucoup écouté les blasphèmes passés du trio anglais, et spécialement les deux premiers, dont on retrouve de larges traces sur des titres comme le fatal « Enemies’ Leather », qui pourrait aisément passer pour une habile démarcation de « Black Metal », tant les riffs et le refrain nous y font penser. Alors, plagiat ou clin d’œil appuyé ? Pour connaître ou envisager la réponse, dites-vous que WHIPSTRIKER est à VENOM ce que WARHAMMER est à HELLHAMMER, à ceci près que le groupe brésilien peut se targuer d’emprunts plus élargis, même si l’obsession du modèle est la même.
Car derrière l’allégeance au combo de Newcastle se cachent aussi d’autres références plus ou moins évidentes, et des citations extirpées d’ouvrages référencés par WARFARE, BATHORY, DESTRUCTION, SODOM, KREATOR, TANK, EXCITER, POSSESSED et SLAYER, comme la page Facebook du concept nous l’avoue, et même si certains noms sont plus volontiers cités par admiration que par conviction, ceux de WARFARE et DESTRUCTION sont écrits à dessein, tant la charge des riffs pèse lourd de l’héritage de ces pionniers de la rage. Dans chaque circonvolution de guitare d’Hugo se ressentent les envolées lyriquement speed de la bande à Schmier, tandis que le radicalisme pas si outrancier que ça de l’ensemble respire de la haine guerrière des WARFARE, que l’on ne retrouve plus tellement de nos jours chez les combos fascinés par les débuts du Speed Metal. Et ça fonctionne, toujours aussi bien, même si la recette est connue et éprouvée, puisque Merciless Artillery ne se pose aucune question inutile et fonce dans le tas, comme un char d’assaut aux freins disloqués qui condamnent les pédales à simplement ornementer. Plus qu’un disque, c’est une déclaration de guerre au Metal trop timoré, qui se cache derrière des artifices de production et des arrangements trop soignés pour se faire remarquer, et au final, se prendre une volée par les puristes les plus acharnés. Ici, les arrangements sont réduits à la portion congrue, la plupart du temps s’incarnant autour de quelques hurlements bien méchants, une poignée de soli incandescents, et un soupçon de breaks assez puissants. Pas le temps de trop réfléchir, puisque la guerre éclair est une tactique adoptée de longue date, et passée une intro orageuse, le spectacle vire à la débâcle pour les détracteurs de cet opéra maudit en huit actes.
Le morceau éponyme, avec ses rafales de mitrailleuse et son tir de barrage ne fait pas grand cas de son affiliation avec les plans tactiques du VENOM de Black Metal et du POSSESSED de Seven Churches, sans pour autant renier les quelques finesses de parcours encartées par les DESTRUCTION, y ajoutant même quelques mélodies héritées des plans de bataille de la NWOBHM. Et le massacre se poursuit d’interventions musclées en invasion torchée, sans que l’ennemi ne puisse faire mine de se rebeller. « Rape of Freedom » ajuste le tempo, et hurle son crédo (Cronos, si tu l’entends, il t’aime vraiment), « Calm After Destruction » nous offre une entame à la Blackfire avant de se fixer sur un rythme affolé, tandis que « Mantas’ Black Mass », outre la comparaison bien marquée, nous rappelle au bon souvenir des tortures de VENOM de son mid tempo martelé et ses lignes vocales dégueulées. Et ainsi se poursuit la campagne, largement battue, et laissée à l’état de charpie, puisqu’après tout, une guerre ne se gagne pas en se retranchant, mais bien en avançant sans relâche, pour faire casquer les derniers survivants. Ici, il n’en reste aucun, puisque les WHIPSTRIKER ne font preuve d’aucune pitié, c’est certain, et en l’état, Merciless Artillery est sans aucun doute la mécanique guerrière la plus performante du circuit.
Et pour vous le prouver, recensez le nombre de fois où le terme « guerre » et ses modulations sont employés dans cette chronique passionnée. Vous aurez une petite idée de la chaleur dégagée par un album qui fait vraiment saigner.
Titres de l'album:
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49