Méta est un préfixe qui provient du grec μετά (meta) (après, au-delà de, avec). Il exprime, tout à la fois, la réflexion, le changement, la succession, le fait d'aller au-delà, à côté de, entre ou avec. Méta est souvent utilisé dans le vocabulaire scientifique pour indiquer l'auto-référence (réflexion), ou pour désigner un niveau d'abstraction supérieur, un modèle :
- métalangage : système ou langage permettant de décrire d'autres langages.
(Wikipedia).
Ainsi, pourrions-nous en nous basant sur cette définition parler de métamusique. Un nouveau concept faisant référence à une musique capable de décrire d’autres musiques, ou d’en inspirer de nouveaux codes. Difficile en 2019 de penser qu’un groupe est capable de jouer quoi que ce soit qui justement échappe à toute catégorisation, et c’est pourtant le pari relevé par les norvégiens de MARATON. Non qu’ils aient osé un nouveau vocable échappant à toute étiquette, mais ils sont parvenus à utiliser des codes déjà existant pour les transgresser, et se situer aux confluents de genres bien connus. Ainsi, les plus chafouins et/ou attentifs réagiront d’un bond en apprenant que le quintette se place dans un créneau de Pop progressive. D’une, parce qu’ils ne comprendront pas très bien ce que fait ce groupe dans ces colonnes, de deux, parce que le concept leur échappera quelque peu. Car après tout, comment définir les contours d’un sous-genre qui n’en est pas vraiment un ? Qu’est-ce que la Pop progressive ? Le GENESIS des années 80? MUSE? Ce sont des pistes qui restent exploitables, d’autant plus que le groupe de Matthew Bellamy n’a jamais fait grand mystère de ses aspirations grandiloquentes et autres digressions capables de réconcilier les RUSH et U2. Mais alors, comment expliquer formellement une démarche créative comme celle des MARATON ? En rendant le propos trivial et en argumentant autour de leur niveau technique qui leur autorise à peu près toutes les audaces, et qui leur évite aussi tous les carcans les plus restrictifs ? En précisant que pour eux, les harmonies et heurts rythmiques sont traités avec le même sérieux ? En pointant du doigt la complexité de la trame instrumentale que la voix unique de Fredrik Bergersen Klemp transcende de ses accents en falsetto presque surréalistes ? Un peu de tout ça et surtout, en acceptant cette formulation non comme une excuse ou un paravent de prétention, mais plutôt comme une nouvelle façon de concevoir le Rock et la Pop, en oubliant les frontières et en acceptant le brouillard de conception qui entoure cette première réalisation. Un premier album qui intrigue, qui fascine, qui irritera aussi, et qui provoquera à degrés égaux l’adhésion et le rejet le plus absolu.
Fondé en 2010, ce quintet (Frank Røe, Fredrik Bergersen Klemp, Vegard Liverød, Jon Vegard Næss, Magnus Johansen) a d’abord imposé ses vues sur la toile, voyant la lecture de ses œuvres friser les centaines de milliers d’écoutes, avant de s’imposer sur scène, devenant de fait le premier groupe norvégien à fouler les planches du Roskilde Festival avec un seul single en poche. C’est dire donc de l’aura dont disposent les musiciens, qui étaient par extension méchamment attendus au tournant avec ce premier album. Un single, quelques pistes supplémentaires, mais rien qui nous préparait à cette déferlante de musique « outrageusement mélodique » qui anime les sillons de ce Méta, qui risque fort en effet de se poser en nouveau vocabulaire musical pour les générations à venir. En empruntant aux RUSH leur facilité rythmique, à MUSE son goût très prononcé pour la grandiloquence vocale, et à la scène Indie norvégienne ses inclinaisons à l’innovation en termes harmoniques, teintant le tout d’une épure d’arrangements ne couvrant pas un supposé manque d’inspiration, les MARATON semblent plutôt priser le sprint, puisque leur premier longue-durée n’excède pas les quarante minutes, avec des chansons courtes privilégiant les motifs mémorisables. Ils se découvrent d’ailleurs assez rapidement, puisque le premier morceau « Seismic » fait en effet office de petit tremblement de terre avec son lyrisme sublimé par une basse synthétique ronde comme un dôme et sa guitare volubile et d’humeur changeante, entre arpèges en écho et grosse distorsion agressive. Dès cette entame, on sent que les choses vont être différentes, et on comprend pourquoi le collectif aime à se placer sous des auspices multiples, évoquant l’ampleur Rock des MARS VOLTA, les travers opératiques de MUSE et le puzzle post-moderne de LEPROUS. Le tout assemblé peut paraître disparate, et pourtant, le résultat est bien là, la musique du quintet est aussi dansante qu’ambitieuse, aussi facile à siffler sous la douche qu’à évoquer en compagnie d’universitaires de la musique, et aussi directe qu’elle n’est sinueuse. Un tour de magie, un prodige ? Non, simplement une facilité déconcertante à refuser le cloisonnement, une envie de se moquer des appartenances de clan, et surtout, l’envie de jouer quelque chose allant au-delà, d’une optique certes progressive, mais sans tout le barnum qui entoure généralement le style.
On pourrait presque parler d’Electro-Pop parfois, s’il n’y avait cette guitare aux riffs en métamorphose constante, et « Blood Music » qui adopte les contours d’une rythmique mouvante et élastique. Bien sûr, les couplets sont aussi Modern Pop qu’un nouveau single d’Ariana Grande, évidemment les refrains sont catchy comme un gimmick lancé à la nouvelle génération, et pourtant, la caution Rock est bien là, comme si l’INCUBUS des nineties s’était accouplé au MUSE du nouveau siècle, pour explorer de nouveaux horizons. Et si la globalité étonne, ce sont surtout les détails qui détonnent, cette façon d’envisager un refrain classique pour le transformer en surprise, cette facilité à imposer un pont hautement technique sans paraître imbu de soi-même, et cette capacité à soudain simplifier les choses pour lâcher un lick énorme et écrasant. Pour autant, c’est souvent la nuance qui l’emporte sur le radicalisme, à l’image de l’intro évolutive de « Prime », qui suggère une passion pour le Post-Punk des eighties tout comme une sensation Növo-Rock des années 2010. On sent que tout aurait pu être conçu par Matthew Bellamy après un stage intensif chez les TOOL ou CARNIVOOL, mais inutile de hurler à l’opportunisme. Car la richesse harmonique de Méta empêche tout rapprochement un peu trop vulgarisateur, et chaque morceau sentant le hit-single à plein nez, il devient impossible de contredire les postulats des norvégiens. Essayez-donc de résister à l’emprise gluante de « Change of Skin », ou à l’explosion sourde de « Altered State », qui singe DREAM THEATER et PERIPHERY pour leur permettre de se montrer sous un jour moins figé. Il est aussi possible de voir en cette énigme une tentative de vulgarisation du RUSH le plus acrobatique, sans les inflexions sardoniques de Geddy Lee, mais avec un sens de l’organisation personnel au moins aussi dense.
« Body Double » enfonce le clou et nous fait le coup du Brian de Palma parano pour laisser la rythmique déstabiliser la facilité, alors que le final « Spectral Friends » se paie le luxe de transformer un simple tube Pop en symphonie pomp pour les oreilles. C’est donc bien à un métalangage que Méta nous confronte. Un langage musical qui se sert des anciens vocables pour en proposer un nouveau, qui servira de fait de base pour décrypter les inspirations futures. Néo-Progressif ? Si vous le souhaitez, mais les termes en soi ne sont pas vraiment si importants.
Titres de l'album :
1. Seismic
2. Blood Music
3. Prime
4. Change of Skin
5. Altered State
6. Body Double
7. The Manifest Content
8. Mosaic
9. Spectral Friends
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