Lundi matin, personne ne m’en aurait voulu si j’avais expédié la chose en faisant une confiance aveugle à Google translation. J’aurais balancé un truc du genre :
« Musicalement, le mitigeur de viande sibérien continue de se déplacer entre le truc de croisement à grande vitesse avec le hip-hop, le NYHC, le Black Metal, le Stoner Rock et de nombreuses réminiscences punk, des paroles entre la vie en tournée, le Graffity Bombing souterrain et les sagas de métal mystique de la taïga sibérienne. », et hop, l’affaire était dans le sac US. Les plus éveillés auraient sans doute compris de quoi il s’agissait, pour peu qu’ils aient pris le temps de lire le nom du groupe en amont…Mais même le lundi matin, je ne me contente pas d’aussi peu, alors je creuse…un peu. D’abord, parce que les SIBERIAN MEAT GRINDER sont la nouvelle attraction underground à la mode en Russie. Ensuite, parce que leur musique enthousiaste et joyeusement violente vaut mieux qu’un emprunt rapide à un site qui résume leur affaire en quelques lignes. Et Dieu sait si leur « affaire » est aussi sérieuse qu’elle n’est fun, ce qui est toujours plus ou moins le cas lorsqu’on aborde celui d’un groupe de Crossover. On peut en effet traiter avec tout le sérieux du monde une grosse déconade musicale, ce que les D.R.I, EXCEL, MUNICIPAL WASTE, GANG GREEN et autres ANTHRAX ont compris depuis bien longtemps.
Alors, vous partagez mon point de vue ? Allons-y puisqu’il en est ainsi.
Les SIBERIAN MEAT GRINDER viennent donc de Moscou, ont déjà publié deux EP (SMG Versus The World, pochette sublime, en mai 2013, et Hail To The Tsar, pochette magnifique, en mai 2012), qu’ils vendent cinq dollars pièce sur leur Bandcamp, et s’attaquent aujourd’hui à l’exercice difficile du premier longue-durée, qu’ils ont bourré d’hymnes à reprendre entre skateurs, mosheurs, thrasheurs, hardcoreux, autour d’un pack de bière, sur le parcours d’un skate-park abandonné de la banlieue moscovite. Leurs concerts/tournées en compagnie de cadors comme AGNOSTIC FRONT, TERROR, DEEZ NUTS, BORN FROM PAIN, POWER TRIP, SKELETONWITCH, OBITUARY, SODOM ou SLAYER ont manifestement aiguisé leur art consommé du riff acharné, et ce Metal Bear Stomp à la pochette une fois de plus carton en fait un plein, tant la joie de jouer une musique furieuse et déchaînée se ressent à chaque coin de sillon.
On retrouve donc leur personnage central d’ours tsar qui continue ses aventures, en piétinant tous ses adversaires, certainement trop moroses pour accepter ses injonctions Crossover. Mais cette fois-ci, le dictateur/leader a pris son temps pour affiner son discours, et le rendre plus virulent, comme nous le confirme le groupe lui-même :
« Metal Bear Stomp est plus Heavy, plus agressif et même plus technique. Nous avons exploré des idées et des genres que personne n’a osé mixer, les mélangeant ensemble d’une façon unique. ». Et le pire, c’est que la bande de disciples du grand Tsar n’exagère que très peu les choses. Si leur Thrash/Crossover à ce petit aspect classique qui le rend irrésistible, et digne des meilleures réalisations du style, il a aussi su s’en démarquer en mettant l’emphase sur les éléments hip et hop, et en refusant tout compromis, mis à part une liberté de ton dont il ne se départit jamais.
Résultat, nous avons affaire à un album euphorique, bien dans ses baskets, et prêt à conquérir le monde de ses rythmiques explosives et de ses riffs en giclées jouissives. En douze titres pour presque quarante minutes de musique, les SIBERIAN MEAT GRINDER s’imposent comme la nouvelle valeur sûre de l’est, qui n’en finit plus de peaufiner son plan d’invasion globale en assimilant les principes de l’ouest, tout en gardant farouchement ses racines slaves sous le coude. Et dès l’entame « Ruder Than Thou » qui impose sa philosophie et ses certitudes sans hésitation, le voyage se place sous des auspices de violence saine, et de Thrash’n’Core sans haine, mais doté d’une énergie sans pareille qui vous contamine les oreilles plus rapidement qu’un « Not ! » hurlé par Scott Ian himself.
Concrètement, le groupe continue sur sa lancée, en se professionnalisant, sans tomber dans le piège de l’album trop élaboré. On sent un naturel incroyable émaner de chansons qui placent l’unisson au-dessus de toute notion de raison, et finalement, les moscovites semblent vraiment à l’aise dans leur rôle de trublions, à mi-chemin d’un Thrash vraiment saccadé et d’un Punk salement lardé, le tout sur fond de paroles fun qui n’oublient pas pour autant de signaler quelques problèmes à corriger.
Si leurs riffs sont la plupart du temps aussi Metal qu’une perruque de Rob Halford, leurs chœurs se veulent plus revanchards qu’une expédition punitive de Roger Miret, mais l’ambiance s’allège de temps en temps pour se frotter à l’euphorie d’une scène Punk SoCal, celle des appréciées 90’s que beaucoup n’ont pas oubliées. Alors ça cavale, sévère, ça ralentit, rarement, mais c’est à l’aise à chaud comme à bouillant, et le temps passe vite en compagnie de ces déments.
D’aucuns diront que parfois, le chronomètre aurait pu s’arrêter quelques minutes avant. Il est vrai que la plupart des compos sont longues (tout du moins selon les standards du genre), et que de temps à autres, des idées se retrouvent replacées sans vraiment chercher à les nuancer. Mais c’est aussi ce qui fait le charme de cette musique qui ne vise pas la perfection, mais bien la déraison, et qui nous fait headbanguer comme des tarés. Et entre les couplets qui visent la coalition mosh et des refrains si Rapcore que même le slip d’Ice-T en fond (« Style », ils en ont, et le bon), le délire tourne rond et nous entraîne dans une visite guidée éclair des bas-fonds. Pas de surprise notable à souligner, chaque intervention est supersonique mais justifiée, et l’enthousiasme dont font preuve les SIBERIAN MEAT GRINDER sur Metal Bear Stomp est très contagieux. Il suffit d’écouter un truc aussi immédiat et peaufiné que « Hunt The Steel » pour s’en rendre compte, spécialement au niveau d’un chant bien rapeux au phrasé Rapcoreux, qui lâche son flow Thrash avec une conviction qui force le respect. Basse bien ronde qui vient meubler les silences de guitares qui rechargent leur batterie, breaks Heavy, reprise Core fulgurante, pour un premier LP qui rue dans les brancards, et qui vous laisse exsangue.
La pression est maintenue jusqu’à la fin, avec deux reprises à leur propre compte d’anciens hymnes qui démontent, dont « Face The Clan » et « Walking Tall », qui permettent au LP de se terminer en une explosion de joie et d’énergie, épiphanie de violence positive qui leur permet de s’imposer sur une scène pourtant bien chargée.
Gros poing dans la face, mais qui vous laisse quand même un tube de pommade pour vous soulager, Metal Bear Stomp est à l’image de sa pochette/symbole (courtesy of Sean Taggart). C’est un disque qui écrase tout sur son passage, la mauvaise humeur, la concurrence, une époque de souffrance, et qui nous ouvre les yeux tout en nous faisant sourire jusqu’aux oreilles. Le genre d’album qui colle la pêche et une bonne patate dans ta face, et qui éclaire le lundi d’une douce euphorie. Un genre de truc « très amusant, souvent ironique, intelligent et fête de whiplash sauvage où tous vos poings frappent »
Enfin, vous m’avez compris.
Titres de l'album:
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