Qui dit album de covers, dit pause salvatrice dans une carrière avant de repartir en avant, petit caprice de musiciens qui désirent présenter officiellement leurs influences musicales, assemblage de maison de disques malhabile en l’honneur d’un artiste/groupe qui n’en demandait pas tant, mais en soi, l‘exercice est assez superfétatoire et rarement enthousiasmant. Car deux choix se proposent au moment de se réapproprier un classique, le garder tel quel et en proposer une version personnelle, ou le dénaturer jusqu’à méconnaissance complète pour lui apporter un nouvel éclairage. Et rares sont les musiciens à être parvenus à apposer leur patte sur un hymne, spécialement lorsque celui-ci est connu et apprécié de tous. Alors, au moment d’écouter le premier album de Marta GABRIEL, le doute plane : la sauce va-t-elle prendre par le foie ou nous donner une crise de foi ? Car en connaissant le passé/passif de la musicienne polonaise, il était évident que ces quelques reprises n’allaient pas l’être à la mode de chez elle et transformées en tranches de folklore. Marta est en effet connue pour sa passion d’un Heavy Metal non édulcoré, et en s’attaquant au répertoire des female singers des années 80, elle a pris le chemin de Compostelle vers les coquilles st-Jacques décibelliques.
Frontwomen chez CRYSTAL VIPER, groupe accusant aujourd’hui dix-huit ans de carrière et jouissant d’une discographie fournie (une bonne poignée d’albums et une crédibilité enviable), Marta est donc une musicienne reconnue de la scène, et surtout, une putain de chanteuse qui sort ses tripes à chaque intervention. Il ne fallait donc pas s’attendre à une quelconque forme de tendresse de se part, et c’est ainsi qu’elle a pioché dans les morceaux les plus redoutables de chacune de ses modèles. Il n’est donc pas étonnant de retrouver des noms comme Leather Leone, Wendy O’Williams, ou Ann Boleyn au casting de ce Metal Queens, qui en effet, présente les reines sous leur jour le plus noble.
Pas de prise de risques inutile, la bassiste/chanteuse a joué la sécurité et s’est entouré de ses deux complices Eric Juris à la guitare et Cederick Forsberg à la batterie, ses deux épaules CRYSTAL VIPER qui connaissent bien sa passion et ses convictions. Mais soutenue par l’estimable Listenable Records, la brune incendiaire n’a pas voulu livrer qu’un simple album de reprises dans lequel on peut piocher ce que bon nous semble : elle a voulu que cet album ait une vraie cohésion, et se présente comme un voyage dans le temps homogène artistiquement, et crédible musicalement. Et sous cet aspect-là des choses, l’entreprise est une véritable réussite, puisque Marta a transcendé des classiques déjà forts en alcool, leur offrant une nouvelle jeunesse via une interprétation fougueuse et une production moderne et épaisse.
Au menu donc, du WARLOCK en bonus, du Lee AARON, du ROCK GODDESS, du HELLION, et quelques outsiders de choix via ACID et BLACKLACE. La frange la plus rude du Heavy féminin des années 80, genre alors méchamment dominé par les hommes qui se montraient souvent condescendants envers leurs homologues féminines, avant de se rendre compte que nombre d’entre elles rockaient plus dur et plus fort qu’eux. Metal Queens est donc tout sauf une anecdote de bas de page, mais bien un véritable hommage construit et agencé comme un concept album ayant pour thème l’importance des femmes musiciennes dans le Heavy Metal, et grâce à Marta - s’il en était vraiment besoin - on prend acte de l’importance que certaines d’entre-elles ont tenu dans l’histoire.
De son timbre rauque et puissant, Marta s’approprie donc ces chansons électriques et denses, et se livre à un exercice de comparaison qui aurait pu tourner au vinaigre et la rendre ridicule. Sauf que la musicienne, forte d’une expérience et d’un talent incontestables tient la dragée haute aux originaux, en leur conférant une puissance à décorner Satan lui-même, ce qu’on note assez facilement en écoutant « Metal Queen » de Lee AARON, passé au papier de verre et braillé du ventre comme un nouveau-né fraichement sorti du bide de sa mère. Tous les morceaux se voient surmultipliés, augmentés, épaissis, et le résultat est que ce simple album de reprises en tant que premier album solo est d’une créativité sans failles, et s’écoute d’une seule traite.
Il est tout à fait possible parfois de regretter la voix des interprètes originales, et le son plus fluet d’époque. Mais quand Marta s’attaque à CHASTAIN et Leather Leone, elle parvient à défier sa consoeur et à lui donner une leçon d’interprétation, ce qui n’est pas la moindre des victoires. Idem lorsqu’elle vient taquiner les souvenirs de
Jutta Weinhold-Basten, et qu’elle s’attaque aux intouchables ZED YAGO. Le résultat est bluffant grâce à des chœurs bien placés, et à une ambiance quasi religieuse. Car Marta respecte au plus haut point les originaux, et leur donne une patine plus actuelle, sans les dénaturer. Et pour ce faire, la belle s’est vue soutenue par quelques guests de choix, dont Harry Conklin (JAG PANZER, TITAN FORCE) sur la reprise de CHASTAIN « Light In The Dark », le chanteur de RIOT V Todd Michael Hall sur le « Call Of The Wild » de BLACKLACE, et John Gallagher venu taquiner les graves sur l’immortel « My Angel » des sœurs Turner.
Du beau monde donc, mais surtout de la passion, de l’énergie, de la sincérité, et un Heavy Metal pur et dur, comme on l’aime depuis plusieurs décennies. ROCK GODDESS se voit transformé en machine à burners implacable, tandis que la guerrière Wendy O’Williams perd sa défiance Punk pour une attitude plus foncièrement Metal.
Le choix des morceaux restera à l’appréciation de chacun, mais je préfère vous dire que la passion de Marta GABRIEL est contagieuse, et qu’on se retrouve rapidement en pleine séance de headbanging sans s’en rendre compte. Du beau et bon travail, et un Metal Queens qui célèbre quelques reines du Metal qui ont de quoi être fières de leurs descendantes.
Titres de l’album:
01. Max Overload (ACID)
02. Metal Queen (LEE AARON)
03. Call Of The Wild (BLACKLACE)
04. Light In The Dark (CHASTAIN)
05. Rebel Ladies (ZED YAGO)
06. My Angel (ROCK GODDESS)
07. Count Your Blessings (MALTEZE)
08. Goin’ Wild (WENDY O’ WILLIAMS)
09. Bad Attitude (HELLION)
10. Reencarnacion (SANTA)
11. Mr. Gold (WARLOCK)
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