D’Allemagne nous en vient un projet d’une franchise rare, qui affiche sur ses t-shirts ses influences sans en avoir honte. Créé en 2012 du côté de Mannheim, EL PISTOLERO propose une musique à l’image de son nom. Gentiment violente, sympathiquement grasse, et éminemment clichesque. Mais les clichés ont parfois du bon, spécialement lorsqu’ils sont recyclés par des amoureux du genre qui n’ont jamais peur d’en faire trop. En huit ans, le groupe a connu pas mal de changements, à tel point que Christoph Grunewald, le leader/chanteur/guitariste a été remplacé en 2019 par un autre guitariste (Chris Kaczynski) et un autre chanteur (Alex “Nighty” Blochmann). C’est donc à un quintet aux deux/cinquièmes renouvelés auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, et dès les premières mesures de « Sticky Fingers » et son allusion finaude aux STONES, les dés sont jetés et la partie déjà enlevée. Enlevée, la musique d’EL PISTOLERO l’est, se basant sur un principe simple de Hard-Rock joué Rock n’Roll, et au moment de lâcher sa biographie comme une groupie trop usée, le combo ne joue pas les mijaurées. C’est ainsi que le quintet se présente comme étant le fils illégitime de Lemmy et d’AC/DC, parrainé par AIRBOURNE. Un bon gros bâtard donc, et fier de l’être, qui ne rehaussera pas le niveau littéraire des groupes d’outre-Rhin, mais qui fournira aux greasers la bonne occasion pour déboucher une autre bouteille de Jack.
Outre Alex et Chris, nous retrouvons au line-up la section rythmique composée de Willy Krug à la basse et Andy Hornef à la batterie, ainsi que J.C. Müller à la guitare. En huit ans, le groupe a largement eu le temps de roder son répertoire, basé sur une simplicité immédiate, et rappelant évidemment les grandes heures des trois références citées. Mais on retrouve des traces de passage dans les couloirs de ce Mexican Standoff, qui joue l’hispanisme pour mieux se concentrer sur le Rock anglais et australien. Il n’est donc pas faux d’affirmer que les gus ont dû déjà rencontrer au détour d’un rêve lubrique les ROSE TATTOO, Ricky Warwick, les RAMONES, ZODIAC MINDWARP, les BLUE CHEER, GRAND FUNK, et tout autre garant de la légende à deux ou trois accords bien frappés.
Vous l’aurez compris, la complexité instrumentale et la délicatesse ne sont pas vraiment les valeurs phares de cette première réalisation. Et lorsque des oreilles chastes se poseront sur le brûlot « Desert Road », les petons se souviendront des charges les plus virulentes de MOTORHEAD. Même direct au foie, même uppercut aux tympans, la recette est certes d’usage et méchamment recyclée, mais la méthode fonctionne, puisque le Rock a toujours été synonyme de simplicité. Si niveau musique, les cinq allemands ne sont pas allés chercher la solution très loin, les lyrics font la part belle à un machisme plus qu’évident, et mettent en avant des fantasmes personnels. Ainsi, « Sticky Fingers » frappe forte en entame de l’album avec ses vers « Je suis rentré bourré dans un bar en prétendant être une star, j’ai toujours voulu me la jouer gratuitement, une fille à gauche et une fille à droite, c’est ce que j’aime, c’est vraiment moi, les filles faciles aiment ça, mais les filles vertueuses aussi, et elles me suivront en file indienne ».
Fin comme du gros sel, cet hymne à l’alcool, à la morgue et à la séduction la plus crasse dans des rades peu recommandables place immédiatement le projet sous l’égide d’un Rock terriblement inspiré des seventies et des eighties. Mais au moins le groupe a la décence de nous éviter le Heavy Metal gras du bide, spécialité du pays depuis des décennies, et lâche ses perles avec l’aisance Rock des mecs qui connaissent bien leur background. « Stormbringer », et son clin d’œil au titre homonyme de DEEP PURPLE jouerait plutôt l’union entre MOTORHEAD et AIRBOURNE, mais au-delà de ces titres courts et forts en gueule, les EL PISTOLERO sont aussi capables de proposer des choses plus épaisses et conséquentes, lorsqu’ils laissent parler le Hard-Rock le plus Sleaze. Ainsi, le long et plein de stupre « Fear The Reaper » ne se love pas au creux des épaules de BLUE OYSTER CULT, mais revient une fois de plus dans les pattes de Lemmy, en lui vantant les mérites de THE ALMIGHTY.
En dépassant rarement les quatre minutes, les morceaux de ce premier long permettent de garder la fraîcheur intacte sans avoir besoin d’acheter un déo d’arrangements factices. Mixé et masterisé par Rolf Munkes (EMPIRE, CREMATORY) aux studios Empire, Mexican Standoff dispose donc d’un gros son, mais surtout de compositions solides et franches. Prompts à emballer le tempo dès que l’occasion se présente, les cinq pistoléros aussi mexicains que ce petit resto de Hambourg dégainent leurs guns avec facilité, mais peuvent s’appuyer sur des compétences individuelles solides et une cohésion d’ensemble ne l’étant pas moins. Le résultat est donc inévitable, et on craque sur ces hits de débauchés comme « Machine Gun Preacher », ou « El Pistolero », qui écrase sous sa botte toute trace de Rock faisandé et joué d’une façon trop maniérée. Voix rauque n’roll, guitares grasses et craspec, batterie solide, le groupe a donc peaufiné son optique pour qu’elle reste assez sale et crédible, et offre une véritable bouffée d’air frais à cette production actuelle gangrénée par les hommages maladroits.
Oh évidemment, vous n’inviteriez pas ces marsouins à table, mais en tant qu’imitateurs de MOTORHEAD, ils peuvent à l’occasion animer un anniversaire sympa (« Down Under »), ou un rodéo organisé sur le pouce (« Five Bullets Come In Peace »). Quelques allusions au crédo, fin comme du gros sel (« Liquor & Tits »), et une dernière clope avant de partir (« Painkillers », STATUS QUO et le HEAD qui tapent le bœuf), et le trip se termine le sourire aux lèvres et les balloches vides comme un compte en banque le 15 du mois.
Que voulez-vous que je vous dise pour clôturer ça. Rock n’Roll bordel ? Alors allons-y. ROCK N’ROLL BORDEL !!
Titres de l’album:
01. Sticky Fingers
02. Desert Road
03. Stormbringer
04. Fear The Reaper
05. Seeds Of Evil
06. Machine Gun Preacher
07. El Pistolero
08. Down Under
09. Still Riding
10. Five Bullets Come In Peace
11. Liquor & Tits
12. Painkillers
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09