Ah le Brésil, sa police non corrompue, ses politiciens soucieux du bien-être de leurs concitoyens, ses rues tranquilles au charme désuet. Un pays comme on les aime, où il fait bon vivre, dans la sérénité et la confiance d’autrui. Bon certes, je joue sur les clichés, et j’exagère un peu les choses, mais si l’on en croit la première vague de groupes extrêmes des années 80, la vie dans ce pays d’Amérique du Sud ressemble plus à un apprentissage au quotidien de la violence gratuite, de la misère, la faim, et la terreur des clans et autres gangs faisant la loi à leur guise qu’à un film de Capra. Mais le Brésil, c’est aussi une autre forme de violence, en adéquation avec le climat social du pays, et comment oublier l’apport de SEPULTURA, SARCOFAGO, VULCANO, MYSTIFIER, ou HOLOCAUSTO à la scène extrême mondiale ? Impossible, et les groupes nationaux sont parfaitement conscients de cet héritage qu’ils ont à gérer, et de ces enseignements qu’ils doivent continuer à prodiguer. On ne compte plus les ensembles qui capitalisent sur la pérennité de l’œuvre de leurs aînés, et aujourd’hui, nous célébrons la naissance d’un nouveau venu sur la scène, SPEEDKILLER. Comme son nom l’indique, ce quatuor aux pseudos réalistes (Spellcaster - chant/guitare, Summoned - guitare, Evilspirit - basse et Hellkrätus - batterie), venant de Minas Gerais joue vite et tue, sans surprises, mais avec une efficacité et une foi indéniables. Et comme présentation officielle, le groupe nous offre donc ce premier EP que les esthètes d’Helldprod se font un plaisir sadique de promouvoir sur la toile, EP qui ne cache en rien des intentions de ces musiciens qui n’ont d’autre ambition que de jouer comme les grands.
A la longue liste des combos brésiliens auquel ces mercenaires de brutalité s’identifient, il convient de rajouter les influences mêmes des dits combos, soit l’arrière garde allemande des DESTRUCTION, KREATOR et SODOM, bien que les SPEEDKILLER ne cherchent pas à en atteindre la cruauté musicale. Non, leur approche se situerait plus volontiers du côté d’un Speed Metal joué méchamment Black, mais qui sait rester musical dans la débauche. D’ailleurs, le tempo raisonnable sur lequel surfent les morceaux prouve que le quatuor n’a pas l’intention de battre des records de vitesse, ni de sombrer dans le chaos bestial d’une messe noire célébrée à minuit. Pas de sang de bouc donc, pas de pentagramme griffonné à la hâte, les musiciens ont le look sobre, la mine subtilement patibulaire, mais n’essaient pas de nous refourguer un surplus de clous achetés à la quincaillerie du coin, ni nous persuader de leur potentiel démoniaque. Ce qui indique clairement qu’ils font confiance à leur musique pour nous impressionner et nous fédérer, et si Midnight Vampire est savoureux des canines, il est encore un peu tendre pour révolutionner le petit monde de l’underground lusophone. Au demeurant, sous cette pochette superbe et gentiment sexy se cache un répertoire qui n’a pas à rougir des comparaisons avec le passé. Si les SPEEDKILLER restent dans la moyenne, ils ont le mérite de jouer juste et carré, et de ne pas en faire trop. Le reproche majeur qu’on leur adressera est évidemment cette sempiternelle linéarité des thèmes et des tempi, à tel point qu’on a parfois le sentiment d’une longue piste découpée en plusieurs chapitres. Et si « Nightspell » vous fait frémir, alors vous parviendrez sans problème jusqu’à « Circles Of Blood », tant les nuances sont minces.
La recette est simple et presque « Hey, ho, let’s go », une rythmique stable, des guitares sombres et monolithiques dans le riffing, un chant d’outre-tombe à la gravité savoureuse, et ainsi vont la vie et la mort. On note assez rapidement que la technique dite du riff circulaire est largement mise à contribution, mais dans leur formalisme, les brésiliens parviennent quand même à instaurer une ambiance hypnotique, et à exhaler des effluves de mort dans un coin peu recommandable. On se replonge donc dans les affres des mid eighties, lorsque les groupes les plus débridés avaient enfin appris à jouer, mais aussi dans l’histoire de cette génération de combos qui voulaient sonner plus evil que leurs concurrents, et qui n’hésitaient pas à noircir le tableau. L’influence de SEPULTURA, celui des premiers temps est palpable, bien que les SPEEDKILLER soient beaucoup plus fluides et mélodiques et il n’est pas incongru d’affirmer qu’ils incarnent en quelque sorte un compromis fameux entre l’approche des frangins Cavalera et Schmier. Et avec un coup de pouce de références telles que Remi Nygård (INCULTER) et Jean Nightbreäker (MURDEATH), Midnight Vampire devient donc un produit tout à fait compétitif, qui place les brésiliens sur la carte de la relève agressive. Touchant à tout ce qui peut servir leur art, les quatre musiciens n’hésitent pas à utiliser des intro Heavy et sombres, cassant le moule pour jouer le jeu d’un Black à la HELLHAMMER (« Shadow People »), même si la plupart du temps, le même nombre de BPM peut être mesuré sur les morceaux. Mais le tout fonctionne, comme un postulat définitif, et nous renvoie à la légende même du Brésil, qui a toujours partagé avec l’Allemagne un goût pour l’excès de violence.
Bienvenue donc à SPEEDKILLER, groupe sinon essentiel, du moins crédible et sympathique, qui avec ce premier EP fait honneur au passé de son pays.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Nightspell
03. Suicide Hell
04. Shadow People
05. Midnight Vampire
06. Valley Of Death
07. Circles Of Blood
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