Alors que je traitais hier du cas des brésiliennes de NERVOSA, je reste aujourd’hui coincé en pays lusophone pour vous entretenir du dossier très intéressant des portugais de TORN FABRIKS. Rassurez-vous, je ne m’en prendrai pas à vos vêtements pour les déchirer, bien que la musique de ce trio soit à même de venir à bout des tissus les plus épais. Fondé en 2020 par trois activistes de l’underground de Lisbonne, et membres de groupes comme ADAMANTINE, RAGEFUL, WALL OF DEATH, BURNED BLOOD, ENDLESS DYSKINESIA, EARTH SYNDICATE, VEINLESS, MORBID DEATH, ou LAKRAU, TORN FABRIKS est en quelque sorte l’archétype de réunion de vieux briscards qui souhaitent en découdre avec la jeune génération old-school. Vous l’aurez compris, l’approche des portugais est formelle, ce qui n’empêche nullement ce premier jet d’atteindre une intensité redoutable en proposant des pistes classiques, empruntes de traditionalisme Speed/Thrash des années 80. Et à l’écoute de ces six morceaux, l’instinct Thrash hérité des eighties sent qu’il a affaire à de véritables passionnés du genre, de ceux qui ont bien retenu les leçons de DESTRUCTION, EXCITER et autres LIVING DEATH. Mais - et c’est bien là la clé de l’affaire - les trois compères ne se contentent pas d’une relecture facile d’hymnes passés, et parviennent à injecter du sang neuf à cette philosophie vintage qui représente aujourd’hui quatre-vingt-dix pour cent de la production Thrash mondiale.
En se calant sur un mi-chemin entre les cadors de la décennie bénie et les représentants les plus jeunes de la nouvelle génération, les portugais construisent un pont reliant les grognements de Schmier et les accélérations d’EXODUS aux exactions des GAMA BOMB et autres TOXIC HOLOCAUST. En prônant des valeurs de brutalité maitrisée, Paulo Soares (batterie), Jorge Matos (guitare) et Ricardo Santos (basse/chant) se rapprochent même du niveau incroyable des maîtres de WARFECT, dont le dernier album hante encore bien des mémoires. Pas de faux-pas, une valse sans hésitation entre up et mid tempo, et une collection de riffs à faire pâlir de jalousie un Gary Holt en grand forme. Sans transcender le genre, sans lui insuffler de créativité inédite, les trois originaires de Lisbonne nous livrent bouillant un premier EP qui fait la nique à tous les derniers albums de DESTRUCTION, renvoyant même dans les cordes le dernier et triste HEATHEN.
Il faut dire que le niveau instrumental des trois hommes est conséquent, et qu’ils se connaissent bien pour avoir arpenté les mêmes scènes interlopes. Alors, l’osmose est parfaite, et lorsque le trio s’épanouit dans un mid tempo efficace comme un rouleau compresseur, la magie est palpable, et rappelle même une version BULLDOZER des meilleurs moments d’EXODUS (« Evil8 »). Les fans, déjà accrochés à la locomotive depuis l’année dernière connaissent d’ailleurs la moitié du répertoire, puisque trois titres étaient déjà parus en single sur le Bandcamp du groupe (« Bring me Down », tuerie, « Face It », boucherie et « Idiocracy Layers », charcuterie traditionnelle), mais c’est un véritable plaisir même pas coupable de découvrir trois inédits reliés à ces trois déjà classiques, qui sonnent comme des hymnes d’époque. D’autant que la production dont ont bénéficié les TORN FABRIKS est d’excellente facture (production, mixage et mastering assurés par le batteur du groupe Paulo Soares aux Oldskull Sound Studios), mettant en relief les nombreuses qualités des musiciens.
Et alors que le plus gros des rangs old-school se contentent souvent d’une petite bataille de campagne sans grands risques, les portugais foncent directement sur le front pour affronter les plus terribles ennemis que sont le conformisme, la moyenne d’inspiration, et le plagiat pur et dur. Moins de quatre minutes par intervention, mais des idées qui font mouche, et surtout, un talent incroyable, celui de Jorge Matos, qui balance des riffs comme un politicien en campagne des promesses illusoires. L’homme tire de sa guitare du jus Bay-Area pur et savoureux, et n’hésite pas à user de sifflantes et autres artifices pour rendre les compositions encore plus hargneuses. De son côté, le frontman Ricardo Santos mène la barque d’une voix ferme et grave au phrasé coulant et diabolique, ce qui permet à Paulo Soares de frapper simple, mais brut et agile. Les trois hommes se complètent donc à merveille, semblent se connaître par cœur, mais nous donnent surtout une grosse leçon de Thrash simple et efficace, comme on aimerait en entendre plus souvent. Dommage que les vingt minutes n‘aient pas été complétées d’une petite reprise, le plaisir n’en eut été que plus accru.
Mais avec un tel EP dans la musette, les TORN FABRIKS replacent le Thrash portugais sur la carte de la violence et signent l’un des premiers efforts les plus frais de ce début d’année.
Titres de l’album:
01. Respect
02. Idiocracy Layers
03. Face It
04. Felt the Treason
05. Evil8
06. Bring Me Down
Voilà quelque chose qui attire le regard : logo à lettres pointues et fluos, texte de la chronique avec de bien belles références (Living Death !!) et quelques instants après le lancement du titre ci-dessus, ben le soufflet retombe un peu, car rien de comparable avec le dernier Warfect (bien que ma préférence ira à leur premier album éternellement), et je n'ai pas trouvé l'once d'accroche susceptible de me faire passer à l'achat, comme parfois sur les chroniques lues ici). Certes, c'est bien fait, rien à dire, mais ça m'interpelle pas plus que 90% des sorties thrash du moment, en outre, les pompages Destructionnesques (le début du 2nd titre) sont un peu gênants.
Merci quand même pour ce papier plein de passion, j'apprécie
"Certes, c'est bien fait, rien à dire, mais ça m'interpelle pas plus que 90% des sorties thrash du moment"
Rien à ajouter.
L'impression d'avoir entendu ça tellement de fois et par tellement de groupes différents que bon, non. Next !
Exact, encore du Thrash vendu au mètre. Maîtrise, codes bien présents... mais la magie n'opère pas non plus chez moi.
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