Les espagnols d’Xtreem Music sont des gens sympa quand même, et prolifiques dans leurs signatures. C’est ainsi qu’en parcourant mes mails, j’ai trouvé un petit communiqué m’alertant du retour des américains de KILLING ADDICTION, groupe passé à la trappe de la postérité underground depuis 1998. Il faut dire que le groupe d’Ocala en Floride n’avait pas produit grand-chose depuis son émergence en 1988, et qu’il n’était connu que d’une poignée de spécialistes de la mise en terre floridienne. Avec deux périodes d’activité bien distinctes (1989-1998, 2006-aujourd’hui), KILLING ADDICTION a donc mené sa barque comme il a pu, et a certainement profité de la vague vintage actuelle pour refaire surface en version longue-durée. Et ce ne sont donc pas moins de vingt-huit ans après son premier LP Omega Factor que le combo ressort ses griffes, toujours aussi affûtées, et ses pelles pour se sortir du bourbier dans lequel il s’est enfoncé, faute de reconnaissance à moyenne échelle.
Avec un line-up à moitié constitué de survivants de la grande époque (Patrick Bailey - basse/chant, et Chris Wicklein - guitare), un intermittent qui va et qui vient (Chris York - batterie, mais qui officiait au tabouret sur Omega Factor) et un petit nouveau (Devon McDonough - guitare), KILLING ADDICTION joue donc le traditionalisme mâtiné de nouveauté fraîche, pour nous offrir un album qui aurait pu sortir à l’orée des années 90 pour saluer la suprématie floridienne en la matière.
Très lucide sur son Bandcamp, le quatuor reconnaît facilement que son premier album reste un achèvement mineur de la scène, comme toutes ces autres sorties qui ont encombré les années 90 de leur violence facile et systématique. Typique du mouvement de Floride des MORBID ANGEL, Mind of a New God reprend donc les débats là ou son prédécesseur les avait laissés, et nous assomme d’un Death de tradition, joué comme à la parade, mais d’une efficacité redoutable. Si son label ibère n’hésite pas à dégainer les comparaisons les plus flatteuses envers ses poulains (CARCASS, INCANTATION, GRAVE, MORBID ANGEL), autant avouer que l’exagération est de mise. Evidemment, KILLING ADDICTION a des qualités indéniables, sa musique est efficace en diable, mais le groupe est évidemment figé dans le passé, et finalement se noie dans la production old-school actuelle qui ne permet plus de distinguer les précurseurs des imitateurs. En se basant sur des principes en vogue à l’époque de son émergence, le combo ne prend aucun risque, mélange les fragrances, rentre dans le lard, propose quelques inserts Heavy louables et nauséeux, mais ne fait qu’appliquer une recette connue de tous.
Toutefois, ne voyez pas en cette nuance de taille une condescendance quelconque découlant d’un ennui d’écoute. Je tiens seulement à préciser que les américains ne font que prôner des valeurs pas vraiment actuelles en se référant à leurs propres racines. Bien produit, ce second LP est donc digne d’intérêt, montre un certain panache dans l’utilisation d‘arrangements spatiaux, accélère comme il le faut, et place quelques blasts à la SUFFOCATION/MORBID ANGEL pour mériter l’appellation casher.
« Mind of a New God » met d’ailleurs l’ossuaire au centre du cimetière dès ses premières secondes, avec ce flanger efficace et fluctuant, avant que le chant évidemment caverneux de Patrick Bailey n’impose sa litanie gravissime. C’est propre, carré, ça fait le bonheur des antiquaires de la mort, et ça nous ramène quelques décennies en arrière, lorsque le genre dominait l’extrême de ses accents mortifères jouissifs. Composé de morceaux courts et concis, ce second album est donc digne du premier et de la petite légende des américains, et propose une continuité assez logique avec la bordée d’EP’s qu’ils ont sortis depuis les années 2000.
Quelques soli bien sentis pour se placer dans la plus droite lignée du PESTILENCE technique, quelques aménagements plus modernes pour accepter l’époque (« As Utopia Burns » et son break vraiment prenant), de la violence débridée qui fait plaisir aux fessiers (« Lives Unworthy of Life »), et surtout, pas mal d’enthousiasme, et une véritable joie de jouer en longue-durée et de retrouver des sensations de jeunesse. Pas de doute, les musiciens connaissent l’homélie et la mise en bière, et entre les fulgurances rythmiques les plus poussées (« Dark Realm Atrocity ») et les évolutions macabres éprouvantes et glauques (« Altered at Birth »), le bilan est donc méchamment positif pour cette formation du passé qui s’est tenue au courant des exigences old-school du présent.
Il est assez rare qu’une formation anecdotique d’avant-hier ne remette le couvert pour grossir les rangs de la jeune génération traumatisée par les racines, alors autant apprécier le comeback en album des KILLING ADDICTION pour ce qu’il est. Un retour qui louche vers le passé, qui table sur une petite réputation, mais qui ne l’usurpe pas par du prédigéré faisandé à peine goûtu. Ici, le steak est tartare, juste assez louche pour avoir un goût moisi, mais servi avec amour dans des assiettes même pas lavées. La classe en somme.
Titres de l’album:
01. Mind of a New God
02. As Utopia Burns
03. Prophecy Armageddon
04. Destroyer of Worlds
05. Lives Unworthy of Life
06. Dark Realm Atrocity
07. Condemned to Nothingness
08. The Chaos Older than Time
09. Altered at Birth
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20