Un blaze totalement improbable, une photo promo avec un cousin musclé de Jesper Binzer, torse nu et les pectoraux saillants, voilà de quoi s’en payer une bonne sans avoir entendu la moindre note émanant des instruments de ces jeunes finlandais. Je ne sais pas, peut-être s’apprêtaient-ils à s’offrir une séance de hammam quelque part du côté de Lappeenranta, après avoir trimé pendant des heures sur une ligne de chemin de fer…
Toujours est-il que si le ramage et le plumage ne sont pas forcément en adéquation, TAKALAITON est une excellente découverte. Dans un registre de Thrash modulé Heavy et corsé Crossover, ce quatuor se débrouille comme un chef, et nous offre l’un des albums les plus attachants de cette fin d’année 2023. L’objet en question a vu le jour l’été dernier, dans la chaleur de juillet, mais peut aussi servir de plaid pour un hiver rigoureux, quelque part entre la Bay-Area et la vision plus ouverte du Thrash nordique.
Janne Raunio (basse), Joona Juntunen (batterie), Pasi Hyrkkänen (guitare) et Juho Mäntykivi (guitare/chant), bûcherons de l’extrême pour magazine féminin à page centrale nous proposent donc leur deuxième album, quatre ans après s’être présentés via SisuKastraatio I & II. On notait déjà à l’époque une tendance à ne rien faire comme les autres, en actualisant une nostalgie pour la rendre moins figée. Et avec Mindfection, le quatuor va encore plus loin, osant le Heavy épique, le Thrash épidermique et le Crossover typique.
Difficile de définir quelles sont les influences d’un groupe qui essaie justement d’y échapper, même si les titres les plus saccadés ne sont pas sans évoquer le ANNIHILATOR de ces dernières années. Mais comme les finlandais changent d’ambiance comme de salle, il est très ardu de les situer sur une carte quelconque, même si les noms d’AGONY et PANTERA rebondissent dans notre calotte crânienne.
Impossible en effet de ne pas penser au gros Phil et ses regrettés comparses en écoutant le monstre « Ambassador of Revenge », à la carrure au moins équivalente à celle d’un musculator de salle de sport. Riffs bombés, chœurs à la « Walk », gravité, puissance, les éléments sont là, et ce mélange entre Thrash finlandais traditionnel et Groove Metal US est particulièrement savoureux. On appréciera d’ailleurs la précision d’une énorme production, qui fait rebondir la caisse claire jusqu’au cœur, et qui affûte les guitares comme autant de poignards plantés dans le bide.
Et à propos de bide, TAKALAITON en a justement dans le ventre. Entre deux agressions majeures, le groupe se permet quelques dérivations plus mélodiques, avec un « Hopeareunus » dominé par un Heavy Metal très nuancé, un peu mielleux sur ses parties les plus harmoniques, mais convaincant dans sa sensibilité. D’autant que ce genre de moment est plutôt rare sur cet album qui privilégie une grosse basse à la Dan Lilker, et le haka de néo-zélandais en pleine confiance (« Mies Miestä Vastaan »)
Du lourd donc, de l’oppressant, du cadencé, du chaloupé, pour un disque maîtrisé de bout en bout. A la limite d’un gros Hardcore métallique, Mindfection est une infection de l’esprit par un virus très intelligent, annihilant notre résistance de ses mutations. Il est assez rare en effet de tomber sur un album aussi diversifié, allusif à quarante années d’extrême raisonnable, mais performant dans tous les secteurs de jeu, et surtout, plus difficile : cohérent.
Et cette pochette à la John Carpenter des années parano ne fait qu’ajouter au charme de chansons plus complexes qu’elles n’en ont l’air, et surtout aussi percutantes qu’un blindé SWAT lancé pleine bourre sur une prise d’otages. Manipulant le Heavy pour épaissir un Thrash vraiment performant, les finlandais nous en collent une bonne, en fusionnant la fluidité eighties et l’énorme puissance nineties. Rétrograde sans vraiment l’être, Mindfection syncope comme un beau diable, et nous sert encore bouillants des plans utilisés jadis par CHANNEL ZERO, ICED EARTH, mais aussi PHIL ANSELMO & THE ILLEGALS, MACHINE HEAD et même SOILWORK, lorsque la température monte méchamment.
On dégustera donc avec un bon appétit cet assortiment de claques violentes, qui nous détournent habilement d’une production rétrograde trop prévisible. Avec une assise rythmique au moins équivalente à une presse hydraulique modèle industriel, TAKALAITON est aussi solide que le fer, mais aussi malléable qu’un alliage, et fait étalage de belles propriétés de fusion.
Certes, la tutelle de PANTERA éclipse parfois les intentions plus personnelles, mais on ne saurait blâmer un groupe d’avoir choisi l’un des parrainages les plus inspirés. D’autant que le chant bien méchant de Juho Mäntykivi permet de réconcilier au passage les accros Hardcore et les métallos METAL, pour foncer une confrérie rythmique et groovy plus solide que la plupart des églises Thrash actuelles.
Compensant son manque d’originalité par une cohésion en béton, TAKALAITON est un groupe qui mérite votre attention, et qui l’obtiendra d’une manière ou d’une autre. Ceci étant dit, ne choisissez pas la force pour repousser cette sélection.
Vous n’en sortiriez pas gagnant.
Titres de l’album:
01. Rip'n Burn
02. Do or Die
03. Get What You Asked For
04. Hopeareunus
05. Ambassador of Revenge
06. Mies Miestä Vastaan
07. Reborn
08. Arkajalka
09. Destination... Termination
10. Mindfection
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