Et si nous parlions un peu du Hardcore, le vrai. Celui qui métallise le Rock’n’roll pour le rendre encore plus puissant, pas le Beatdown, pas le Downtempo, non, le vrai Hardcore, adapté bien sûr aux exigences de puissance de 2017, mais qui n’oublie pas de citer ses sources, et presque dans le texte s’il vous plaît…
Pour ça, une solution simple. Rendez-vous à Rotterdam, Pays-Bas, pour y faire la connaissance d’un quintette (Cindy – chant, Ernst-Jan et Tim – guitares, Roel – batterie et Joost – basse), « sur les routes depuis les années 2000 », et qui peut se targuer d’une discographie très fournie.
Cinq LP (Can’t Kill What’s Inside, 2007, Miles And Memories 2009, To Live And Die For 2012, What Lies Within Us 2014 et donc ce petit dernier cette année), une poignée de simples, mais surtout une rage de jouer gigantesque, les rapprochant des modèles d’AGNOSTIC FRONT, de NO USE FOR A NAME ou même des fabuleux et radicaux EXPIRE, dont ils semblent partager les champs sémantiques musicaux.
Le leitmotiv des ALL FOR NOTHING est simple, et pourrait se résumer à un slogan du type « All or nothing », tant leur approche du Hardcore est simple, mais pas simpliste. Des morceaux courts et limpides, qui frappent fort, vite ou médium, et qui usent de refrains mémorisables, de chœurs collégiaux et de thématiques mélodiques fortes pour laisser une empreinte durable dans la conscience collective.
Une sorte d’adaptation du séminal NYHC teinté d’harmonies typiques du Hard’n’roll de Boston, le tout transposé à une lucidité de puissance moderne qui ne cache en rien un grand respect pour les codes initiaux.
D’ailleurs, en écoutant ce multiple Minds Awake/Hearts Alive, on n’a aucun mal à imaginer ces Hollandais on stage, tant leur musique en studio est jouée comme en live, sans artifices, et avec une rage directe qui prend au foie.
Dès lors, les riffs homériques s’accumulent, les rythmiques pulsent, et les paroles sont exhortées avec une colère non dissimulée, pour une grosse demi-heure de violence intelligente, mais primale dans le rendu.
Il semblerait donc que le quintette ait tout compris à la philosophie Core, et qu’il l’applique avec une fidélité toute personnelle, lui permettant de signer une pelletée d’hymnes instantanés pourtant beaucoup plus pensés qu’on ne le croit.
ALL FOR NOTHING, c’est no bullshit, just power, et les treize morceaux de ce cinquième LP le prouvent sans détour, mais avec beaucoup d’énergie et une production absolument parfaite pour le style. Son profond mais gardant cette sécheresse indispensable qui fait claquer la rythmique comme un fouet et garde l’abrasivité des guitares intacte, et qui permet aux passages en downtempo de ne pas sonner trop uniformisé et opportuniste.
Pouvant compter sur une paire de six-cordistes affutés et remontés, et sur une chanteuse au timbre rauque et écorché, ce nouvel album fait la part belle aux structures directes mais travaillées, qui multiplient les changements de tempo sans jamais nous perdre dans une complexité fort peu à-propos.
Dès lors, les moments de bravoure s’enchaînent, passant allégrement d’un mid tempo assassin à un up tempo virevoltant et malin (« One Spark », virulence et puissance, l’entame sans pitié de « Remain Defiant » et son assertion qui ne laisse planer aucun doute sur les intentions belligérantes du groupe), et l’ennui ne pointe jamais le bout de son nez puisque les ALL FOR NOTHING savent toujours placer au bon moment un segment plus mélodique que la moyenne pour maintenir notre attention en éveil.
Le mélange tourne d’ailleurs à plein régime comme le démontrent des hits de la rage tels « Minds Awake/Hearts Alive », qui juxtapose les idées et les empile de façon structurée mais spontanée, se permettant même des breaks d’une lourdeur suffoquée qui fera jumper les fans lors de prochaines tournées, ou « Yet To Come », l’un des plus longs du lot, et son accroche Metal qui place des saccades presque Rapcore sur le passage.
La voix de Cindy est vraiment de celles qui marquent les esprits, bien loin des hurlements stridents et juvéniles de bon nombre de ses consœurs qui parfois confondent hystérie et présence vocale de folie, mais l’indéniable talent d’Ernst-Jan et Tim pour tricoter des riffs imparables (« Weapon Of Mass Deception », archétype de cavalcade qui ne ronge pas son frein mais agit en trompe métronome en cassant les BPM d’un coup sec et net) est aussi un des atouts majeurs de ce quintette qui n’a peur de rien.
Du coup, Minds Awake/Hearts Alive se pose presque en best-of involontaire du Hardcore moderne et décomplexé, et « At First Sight » s’ajoute à la longue liste des titres qui capitalisent sur un son sec et nerveux pour effrayer les plus peureux, avec ses syncopes et son alternance de violence et d’harmonies un peu amères.
Comme un savant mélange de la rugosité des EXPIRE et du groove urbain des CRO-MAGS (même si la basse de Flanagan ne trouve pas la même tribune), ce cri de colère européen trouve un écho à l’intérieur même de son message, et propulse des morceaux vindicatifs comme « Dead Inside » au-delà des frontières de style, butinant les fleurs de violence Metal pour faire pousser une nouvelle floraison Core, un peu moins nihiliste que la moyenne, mais bien loin d’une quelconque niaiserie mélodique prémâchée.
Chacun piochera ses préférences au gré des treize chapitres, qui ne font jamais retomber la pression d’une quelconque redondance, puisque même les terminaux « Far From Home » et son refrain séduisant d’ire harmonique, « The End » et ses successions d’humeurs complémentaires presque Thrash, et « Hope Is My North » qui autorise enfin une grasse basse à s’incruster au premier-plan, gardent le cap et l’intensité en ligne de mire, sans pause ni reprise de souffle.
Un LP qui confirme donc l’énorme réputation de machine de guerre Hardcore que sont les ALL FOR NOTHING, toujours aptes à séduire les die-hard des origines comme les fans plus récents. Minds Awake/Hearts Alive annonce donc une future tuerie live, et si l’occasion vous est donnée de voir ces furieux sur scène, ne vous privez pas. Du vrai Hardcore on stage ne se refuse jamais.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09