Alors eux, ils m’ont eu dès la pochette. Voir ces trois marsouins, l’air blasé, vendre des confiseries avec un petit stand sur les trottoirs de Bucaramangaa a provoqué en moi un phénomène/phéromone inexplicable d’attraction, alors même que je les soupçonne d’attirer de pauvres gamins dans leurs filets par ce biais. Une fois le décor planté, rien à faire. On est obligé d’écouter, et là, la deuxième épiphanie explose. Le Death/Grind branque de ces colombiens m’a rappelé les débuts d’Earache et de Nuclear Blast, lorsque chaque groupe avait son identité propre et que les enregistrements humaient bon l’amateurisme et l’analogique. Vous savez, ces disques au parfum étrange, avec ces riffs bizarres, ces rythmiques pas si carrées, et ce chant encore discernable avant que CARCASS ne plie le game….
KATHREPTIS est donc mon nouveau gourou, et je suis très heureux d’avoir fait sa connaissance. Huit ans de carrière, un maximum de formats courts, partagés, de démos, mais toujours pas d’album. Il fallait évidemment réparer cette faute, alors, avec l’argent des bonbons et des enfants refourgués à des européens libidineux, KATHREPTIS s’est lancé corps et âme tordue dans cet exercice toujours fastidieux pour des musiciens trop nerveux.
Du Grind donc, mais loin de n’être que ça. Avec Minutos, qui en égrène plusieurs, on retrouve l’impulsion des RIGHTEOUS PIGS, de PUNGENT STENCH, d’OLD, d’UNSEEN TERROR, et tous ces outsiders de l’époque bruitiste 80’s/90’s. Quarante minutes de jeu à meubler, il faut de l’imagination, et les colombiens n’en manquent pas. Ce qui nous permet d’apprécier un joli crossover qui doit autant au Death qu’au Thrash, au Grind qu’au vilain Hardcore, et qui s’épanouit dans un registre de clarté assez surprenant, avec évidemment des surprises cocasses et autres enchainements improbables.
Nicolás Silva (basse/chant), Fabian Blade (guitare/batterie) et Daniel Carvajal (guitare) peuvent avoir le sourire et montrer leurs ratiches. Ils ont réussi le hold-up de cet automne en jouant leur va-tout, bricolé, scotché, réparé, mais éminemment jouissif et ludique. Avec des interludes Disco, Funk, Rap ou Pop, le trio sait qu’il va s’attirer la sympathie des flingués, et se constituer un following notable bien loin de son pays d’origine. Pourquoi ? Parce que « Marical Tendencies » pour commencer, sorte de proto-Metalcore à la PANTERA joué par MENUDO. Alors, je le reconnais, le n’importe quoi pour faire joli c’est relativement insupportable, mais lorsque les blagues font partie intégrante du concept et qu’elles sont réussies, c’est la folie.
Une folie appelée Minutos.
Une folie qui le confine au génie absolu. En alternant les saillies éclair et les sauteries plus élaborées, les colombiens sont parvenu à un équilibre très instable, mais tellement satisfaisant. Entre ces gros riffs Thrash/Death que l’on voit arriver comme le proverbial nez au milieu de la figure, ces soli handicapés qui tiennent à tomber sur la note juste, cette basse en non-sens que REPULSION aurait reniée, l’ambiance est potache, mais sérieuse à la fois. Et cette dualité n’est pas la moindre des qualités du trio.
Non, la plus importante, c’est ce talent de composition qui fait souvent défaut aux groupes du cru.
A la manière d’un S.O.D un peu décharné et porté sur les galéjades faciles, KATHREPTIS fait honneur à son style et horreur à ses détracteurs. Ainsi, le très méchant « Me Gusta el Gore porque Soy Gorrero » sautille d’un mid tempo agrémenté de quelques remugles et cris porcins, alors que « A » se souvient du triptyque sacré de WEHRMACHT (« Everb » / « E » / « Micro-E ») et évidemment du cultissime « Dead » de NAPALM DEATH.
Pas franchement expérimental, pas vraiment avant-gardiste mais assez décentré pour exciter les plus énervés, Minutos emprunte le son de caisse claire de St Anger, grogne tant qu’il peut, mais se déhanche aussi sur les morceaux les plus groovy, qui sont aussi ceux utilisant la dissonance et les stridences.
Et alors que « Extreme Customs » joue la va-vite et se rapproche de TERRORIZER, « Pajeral Symphony » joue l’avale-bite et multiplie les gimmicks. On sourit parce qu’évidemment, c’est très bien fait, mais on se rend compte que cet album est un joyeux foutoir, à l’image de ces bazars de mon enfance où on trouvait des ballons en plastique, des têtes d’ours empaillées ou des bigoudis fluo.
Message aux petits enfants : les bonbons c’est pas bon, ça donne des caries et après tu as le sourire d’un nordiste en vacances. Alors n’approchez surtout pas des adultes qui veulent vous en donner. Même s’ils font payer.
Titres de l’album :
01. Intro
02. Minutos
03. Kathreptis
04. D.E.A.D. (Doblehijueputa Existencia Absurda y Decadente)
05. De Todas Maneras la Morcilla es Negra
06. Me Gusta Comerme el Arroz con Cuchara Porque con el Tenedor es Muy Difícil y se me Cae
07. Cranial Disfigurement
08. Marical Tendencies
09. Blade
10. Chamber of Souls
11. Yo me Hacía la Paja 33 Veces al Día
12. Me Gusta el Gore porque Soy Gorrero
13. Iguazic Multitude
14. Ser Pobre es Muy Caro
15. Reforma Tributaria
16. Existencial Dilemma
17. A
18. Dance Mediocre
19. Bull Metal se Comió 25 Buñuelos
20. Extreme Customs
21. Pajeral Symphony
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30