Noël est encore loin, et pourtant notre bon tonton Serafino nous fait un joli cadeau en nous offrant le premier album des chiliens de SINNER’S BLOOD. Au prime abord, lorsque j’ai regardé cette pochette sans faire attention au label, j’ai failli benoitement passer mon chemin. Je m’attendais en effet à une énième exaction gothique ou à une pleurnicherie royale Symphonic Metal, et n’étant pas d’humeur à supporter les atermoiements d’une diva perdue dans les couloirs de son propre ego de taffetas, je me décidais à chercher ma pitance musicale dans la direction opposée. Mais une fois le label identifié, il n’était plus question de répulsion mais bien d’attraction, et après avoir écouté l’album de nombreuses fois, je ne pouvais à posteriori rêver d’une pochette plus idoine. Premier album donc, et pourtant les SINNER’S BLOOD sont tout sauf des débutants, puisqu’on retrouve dans leurs rangs deux noms bien connus de la scène chilienne. Au chant, le Jorn Lande national, James Robledo, ex-vocaliste de TENEGADE et THABU, gosier hors-pair, fils légitime de Ronnie James DIO, et capable de transcender n’importe quelle compo Heavy classique. A la composition et guitare, Nasson, producteur, guitariste et chanteur connu lui aussi comme le loup blanc, et qui dans ce nouveau contexte apporte sa connaissance musicale à des compositions simples, puissantes, et lyriques. Avec en soutien Nicolas Fischer à la basse et Guillermo Pereira à la batterie, les deux leaders peuvent compter sur une rythmique solide et volubile, et c’est sans aucun étonnement qu’on constate que Mirror Star est un petit miracle de Heavy Metal solide, ample, mélodique, mais aussi agressif. A la manière de duos de l’envergure de Coverdale/Vandenberg, ou Dio/Campbell, Robledo et Nasson mettent donc tout leur potentiel au service d’un album qui à n’en point douter fera date dans l’histoire du Heavy harmonieux.
Magnifiquement produit, comme toutes les sorties Frontiers dignes de ce nom, Mirror Star est sans conteste l’album de cette fin d’année, celui qui va fédérer tous les fans de Metal moderne, bien dans son époque, mais qui trouve ses racines dans le classicisme des années 80. Porté par des thèmes simples, légèrement influencé par DIO, WHITESNAKE, mais aussi les divers projets drivés par le gourou italien Alessandro Del Vecchio, SINNER’S BLOOD est un gros diamant vingt-quatre carats, osant proposer onze morceaux d’égale qualité, sans jamais baisser en régime ni étouffer la pression. Et dès « The Mirror », on comprend rapidement que les musiciens ne sont pas là pour jouer les doublures, mais bien dérouler le tapis rouge d’un Hard à grosse tendance Heavy, avec guitare en avant, et up tempo sautillant. Les premières secondes encaissent donc le choc, jusqu’à ce que la voix incroyable de James Robledo n’entre en scène et achève de nous séduire. Le vocaliste possède l’un des timbres les plus purs de la scène Metal sud-américaine, et peut facilement rivaliser avec les Russell Allen, Jorn Lande, et autres vocalistes qui ont foi en une musique pure et non édulcorée. Et si « Phoenix Rise » peut inquiéter de son intro synthétique, son couplet démarre de façon si tonitruante que les doutes se dissipent, continuant sur la piste d’un Hard Rock teigneux et pugnace, avec riff simple, et interprétation quatre étoiles. Rien de révolutionnaire de la part des chiliens, mais une solidité incroyable, et un flair absolu pour trouver LA mélodie qui touche en plein cœur, aménageant toujours un refrain qu’on imagine sans peine fédérateur en concert.
« Never Again » ralentit le rythme, et retrouve l’impulsion scandinave entremêlée de savoir-faire anglais, avec entame acoustique et parfum DIO très prononcé. On est conquis par cette fougue, et le traditionalisme du fond est vite occulté par la perfection de la forme, chaque arrangement vocal tombant pile au bon moment, et chaque break étant aménagé à la seconde près. Les accros eighties trouveront donc leur compte, mais pas seulement, puisque les quatre chiliens savent aussi s’adapter aux impératifs de leur époque, en polissant leur musique d’une patine éclatante. Les quelques sonorités moins métalliques apportent une souplesse indéniable, tandis que la basse roulante de Nicolas Fischer sublime « Remember Me », hymne qui en effet incruste le nom de SINNER’S BLOOD dans les mémoires. Les chiliens se perdent rarement sur le chemin de l’errance, et les morceaux restent la plupart du temps sous la barre des cinq minutes, ce qui permet aux musiciens de se lâcher Speed de temps à autres, et d’imiter un LOUDNESS survitaminé avec l’endiablé « The Path Of Fear », que JUDAS PRIEST lui-même n’aurait pas renié. Mais le groupe - et surtout son compositeur - est aussi capable de distiller des ambiances plus mesurées, et de laisser s’écouler le temps avec plus de patience. Et c’est avec « Who I Am » que l’on prend conscience du potentiel progressif du groupe, qui se montre sous un jour extrêmement flatteur lorsqu’il laisse l’émotion s’exprimer plus pleinement. Claviers délicats, volutes vocales de soie de Robledo, construction en crescendo, pour une power-ballad de premier choix, qui risque fort d’émouvoir les plus sensibles. A la manière d’un crossover WHITESNAKE/DIO/MASTERPLAN, « Who I Am » est le feu d’artifices final de cet album haut en couleurs et en talent, bien que la fin de l’album nous réserve encore de sacrées surprises.
En premier lieu, le pétaradant « The Hunting », qui vaut bien des « Bad Boys » de Coverdale, avec son up tempo brûlant et ses parties de chant passionnées, et surtout, « Awakening » qui représente un peu la quintessence de ce groupe qui n’hésite pas à utiliser quelques ficelles Metalcore pour corser son Heavy classique. Riff coupé au biseau, syncopes au millimètre, tout est formel, mais agencé de façon moderne, pour que l’accueil soit digne de ce nom. Là est l’atout majeur de Mirror Star qui n’hésite pas à confronter d’anciennes partitions à des interprétations plus contemporaines, sans trahir son esprit fondamental. En découle un disque qui n’est pollué par aucune scorie, et qui tangue entre Hard et Heavy, lâchant souvent la bride pour se rapprocher d’un Power Metal presque Thrash (« Kill Or Die »), pour mieux dévier l’instant suivant vers des rivages moins découpés (« Never Resting Soul »). Preuve que l’addition de deux énormes potentiels donne parfois un résultat exponentiel, SINNER’S BLOOD incarne la nouvelle garde du Metal chilien, qui domine du chef toutes les productions du cru sorties cette année. Belle réussite, et un disque qu’on n’a pas fini d’écouter pour retrouver l’essence d’un passé qui se sent bien dans un présent trouble, mais optimiste.
Titres de l’album:
01. The Mirror
02. Phoenix Rise
03. Never Again
04. Remember Me
05. The Path Of Fear
06. Forever
07. Kill Or Die
08. Never Resting Soul
09. Who I Am
10. The Hunting
11. Awakening
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30