Matinée Power, True, et Heavy Metal pour moi, avec la découverte précieuse des anglais de SORCERESS OF SIN, jeune groupe formé à Cambridge et déjà sacrement prêt à en découdre sur son premier album. Il est assez rare de tomber sur des groupes venant d’Angleterre et pratiquant un Metal à tendance Power très couillu, le style étant largement revendiqué par les musiciens allemands et suédois, mais la surprise n’en est que plus agréable, d’autant que le combo n’hésite pas à lâcher les watts et à nous éviter les atermoiements habituels du genre. Et si vous lisez cette chronique en espérant y trouver des allusions à des refrains chantants et des gimmicks amusants, vous en serez pour vos frais puisque ce quintet se rapproche plus de la frange dure du créneau que de ses clowns les moins drôles. D’ailleurs, le groupe n’a même pas pris la peine de se construire une légende, et reste collé à la réalité des faits, se fendant d’une bio succincte pour décrire sa démarche :
« Coming together to form a writing Band in 2020, the collaborative efforts of SORCERESS OF SIN were born out of a strong desire to do what they loved the most: write and play music. They’ve turned their passion into a success by seamlessly adapting their talents to the musical collective SORCERESS OF SIN - a creative whole greater than the sum of it’s parts »
En gros, des musiciens sérieux au passif solide, et qui ont mis leur talent au service d’un collectif soudé, pour proposer la meilleure musique qui soit. On ne peut pas faire plus honnête comme description, et en écoutant les dix morceaux constituant ce premier LP, on constate rapidement que le groupe avance les arguments de sa franchise, en optant pour un Heavy Metal racé, incroyablement persuasif et productif, à cent lieues d’une quelconque originalité, et avec la rage et la puissance comme seuls objectifs. Produit et mixé par Tom Maclean (HAKEN, TO-MERA, PSION) aux Twelve Tone Studios, Mirrored Revenge est donc un concentré de méchanceté musicale, diluée dans un savoir-faire fluide et épique, avec en point de focalisation central la voix incroyable de la chanteuse Lisa Skinner, capable de passer d’un registre à la Michael Kiske à des intonations Death à la Angela Gossow, tout en gardant intacte la gestuelle vocale narrative de la grande Ann Boleyn. Et sans réduire le groupe aux capacités bluffantes de sa frontwoman, autant dire que la principale qualité de l’ensemble est liée à son talent de chanteuse, qui donne l’impulsion aux morceaux très classiques. Bien entourée par une assemblée instrumentale solide (Constantine Kanakis – guitares, Paul Skinner – batterie, Topher O’Meagher – basse et Tom Maclean – claviers, orchestrations), Lisa peut donc transcender à loisir ces plans traditionnels et musclés, leur conférant une aura unique et très personnelle.
Et si « Vixen Of Virtue » en introduction semble aiguiller l’auditeur sur la piste du gothico-symphonique de supermarché, le rythme de croisière est vite trouvé, et ce, dès la première hurlante de Lisa qui se prend pour le grand Rob avec un certain flair. Le ton est donné, et on pense à MANTICORA, et PRIMAL FEAR, soit la quintessence d’un Heavy Metal gonflé aux entournures. Tout est en place, carré comme un morceau de fonte qui vous tombe sur la tronche, et si dès le départ, le désir de se démarquer est substitué par une volonté de tout écraser sur son passage, la recette fonctionne, grâce à des riffs tirant sur le Thrash, et une rythmique en mouvement cardiaque branché sur un pacemaker nucléaire.
Bien évidemment, rien de neuf à souligner, mais il est plaisant de constater que des anglais sont capables de défier les allemands et les suédois sur leur propre terrain, sans avoir de leçon à recevoir. Probant en mid tempo aéré de mélodies classiques (« Multifaceted Survival »), complètement convaincant quand les BPM s’emballent (« Wicked Distortion », méchant mélange d’ACCEPT et de STRATOVARIUS), totalement hystérique parfois dans son désir de provoquer les aînés et modèles de TANK (« Aradia »), le quintet savoure son savoir-faire et distille des hymnes à l’intention des Metal kids de tous pays, et nous assène hymne sur hymne comme Thor joue du marteau, sans oublier d’intégrer parfois de courts moments d’accalmie que Tom Maclean bricole avec beaucoup d’amour et d’attention. Ainsi, « Echoes Of Existence », archétype de la Power Ballad, permet de souffler un peu et de s’allonger sur la paillasse du repos du guerrier. On pense à du MANOWAR nuancé de SKID ROW, et on se laisse happer par cet univers fait de violence et de sentiments plus fragiles, mais la machine ne peut décidément s’empêcher de s’emballer, et « Parallel Lies » ose même jouer le jeu léger de la modernité, avec son Hard Rock désaxé à la rythmique bancale.
Les qualités sont donc nombreuses et les ambitions clairement affichées, et les anglais peuvent s’enorgueillir d’un premier album qui frôle la perfection dans le style. Et même si de temps à autres, le quintet cède aux sirènes de la facilité Heavy (« Cold Carnality »), il parvient toujours à maintenir notre attention en éveil grâce à l’interprétation investie de Lisa Skinner. D’autant que le groupe nous réserve une sacrée surprise en final, taquinant la brutalité de DETENTE à l’occasion du final orgiaque « Empyre Of Stones » qui aurait eu sa place sur un split partagé entre Dawn Crosby et UDO. Clôture enragée, ce dernier morceau prouve que les SORCERESS OF SIN sont bien les sorciers du péché, menés par une sorcière qui aurait certainement brulé sur un bucher de foi il y a quelques siècles. Heureusement pour nous, il n’est plus question d’inquisition en 2020, et Mirrored Revenge reste un sacré témoignage à charge d’une passion Metal indéfectible et méchamment fédératrice.
Titres de l’album:
01. Vixen Of Virtue
02. Multifaceted Survival
03. Mirrored Revenge
04. Wicked Distortion
05. Splintered Shard
06. Aradia
07. Echoes Of Existence
08. Parallel Lies
09. Cold Carnality
10. Empyre Of Stones
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