Je le concède, le Funeral Doom n’est certainement pas le genre le plus frais pouvant s’apprécier à grandes goulées durant un épisode caniculaire. Pourtant, bien nichés dans leurs sépultures, tombes, églises abandonnées et autres lieux chargés de tristesse et de désolation, les musiciens se protègent comme ils le peuvent des effets pernicieux d’un été qui aimerait bien nous faire comprendre que la fin n’est pas si éloignée que ça. Par fin, je veux évidemment parler de la nôtre, l’espèce humaine pensant à tort qu’on peut continuer à défier la nature sans qu’elle ne se venge.
Et Missa Tridentina du trio ibère OF DARKNESS offre la bande son la plus adaptée à cette période de crise environnementale qui n’inquiète pas outre mesure les gouvernements et industriels.
Missa Tridentina, ou messe tridentine, est une messe en latin traditionnelle, liée à la ville de Trente, soit le cadre idéal pour un groupe de Doom qui recherche la solennité à travers une cérémonie épurée. Pourtant, le Funeral Doom est loin d’un genre épuré, ses sonorités graves et ses lignes de chant indiscernables en faisant l’un des genres les plus enrobés de l’extrême lancinant. Et OF DARKNESS de privilégier l’approche puriste, avec tempo martial et pachydermique, chœurs grégoriens, et riff unique et indéboulonnable du début à la fin.
Javi (batterie/guitare/basse/arrangements orchestraux), Julkarn (chant/arrangements orchestraux) et Carlos (arrangements orchestraux, synthés, textures) nous proposent donc une suite indirecte à leur premier LP, Tribute to Krzysztof Penderecki - Passio et Mors Domini Nostri Jesu Christi Secundum Lucam, qui posait les bases d’un Doom perméable au Classique, optique qui n’a pas vraiment changé en huit ans. Cette durée fut celle du silence imposé par le trio, qui revient donc en 2023 plus résigné et désespéré que jamais, à la frontière d’un macabre en ossuaire profané, pour une liturgie gravissime laissant de sales traces dans l’espoir qui nous anime malgré les circonstances.
Constitué de cinq longs morceaux, encerclés par une intro et une outro, Missa Tridentina est une messe pour le moins particulière. Si les canons Doom sont tous observés scrupuleusement, le dogme de lenteur laisse filtrer quelques influences extérieures, entre Ambient discret et Industriel sous-jacent. Le tout se mélange donc dans un creuset fondu par TERRA TENEBROSA, ABRUPTUM et SKEPTICISM, et coule le long des parois comme du sang s’échappant miraculeusement d’une statue.
Le miracle est-il pour autant validé par le Vatican ?
Sans aller jusqu’à parler de miracle, Missa Tridentina reste une expérience fascinante. Moi qui ne suis évidemment pas accro au Doom et encore moins à ses extensions, y ait trouvé mon compte sur la longueur, le tout étant à peu près aussi enthousiaste qu’un enterrement de géomètre à la retraite. Mais cette lancinance, ces efforts pour aller encore plus loin, ces sons qui se superposent forment un tout en strates, épais comme une coulée de boue, et les sensations éprouvées tiennent autant de la douleur mentale que de l’agacement physique.
Evidemment, le néophyte se demandera une fois encore pourquoi toutes les pistes n’ont pas été amalgamées en une seule, tant les thèmes rebondissent d’un chapitre à l’autre. Il est en effet assez difficile de différencier « Requiem Aeternam » de « Eis Requien, Eis réquiem Sempiternam », puisque le riff est sensiblement le même, le tempo également, sans parler des textures vocales s’évanouissant dans un au-delà fort peu rassurant.
Mais tel est le modus operandi du Funeral Doom, qui n’accepte que très peu de variations, et qui ne supporte ni les digressions, ni les modulations. Ainsi, l’interminable « Requiescant In Pace », dont tout le monde aura compris le titre se pose en synthèse parfaite des morceaux précédents, et même de l’album dans sa globalité. De là, quel intérêt d’écouter un disque qui se contente de répéter le même leitmotiv pendant quarante-deux minutes ?
Les fans du genre ne prendront même pas la peine de répondre, ayant compris depuis longtemps que c‘est cette répétition acharnée qui fait le charme du Doom, les autres n’ayant rien à chercher dans cette longue litanie monocorde et monothématique.
Mais ça fonctionne, c’est abyssal, lourd sur le crâne, et finalement, parfaitement adapté à la souffrance ressentie en ces jours de grande chaleur.
OF DARKNESS joue donc la sécurité en restant dans ses ténèbres, et on officiant comme si la vie à la surface n’existait pas. Après tout, c’est assez logique et prévoyant, la vie à la surface justement risquant de devenir insupportable assez vite.
Demain peut-être. Mais dans peu de temps en tout cas. Préparer les cercueils, je me charge de la musique.
Titres de l’album:
01. Adjutorium Nostrum In Nomine Domini
02. Requiem Aeternam
03. Dies Irae
04. Deus Qui Humanae Substantiae
05. Eis Requien, Eis réquiem Sempiternam
06. Requiescant In Pace
07. Ite Missa Est
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