Il est de notoriété publique que nos cousins canadiens sont assez prolixes en matière de BM froid et rude, et les exemples de groupes faisant partie de ce courant sont maintenant trop nombreux pour être recensés sur une seule chronique.
Mais un « nouvel exemple » m’en est donné ce matin, et si j’utilise des guillemets « de nuance », c’est uniquement parce que le dit exemple trouve son origine en 2008, ce qui n’en fait pas vraiment une découverte, mais plutôt une confirmation.
Le BM Nord-Américain est froid, dense, rugueux, abrasif, sans concession, et représente à lui-seul une nouvelle école de la brutalité sombre, et il faut préciser en préambule que les WENDESS ne font aucunement exception à la règle.
On peut par contre ajouter que leur musique est sans doute plus ambitieuse et moins primaire que celle dispensée par bon nombre de leurs homologues, tout en gardant ce côté frigorifiant qui est une des caractéristiques principales du mouvement Canadien. Mais plongeons nous un peu dans le passé pour mieux appréhender le présent.
WENDESS est donc un quatuor (Alex – basse, GIa Hoi (Prince des douze Royaumes) - guitare, Keven – chant/guitare, et Огњен – batterie, percussions, chœurs), existant depuis presque une dizaine d’années, et ayant déjà sorti deux longue durée (Wendess en 2009 et Nuée Noire en 2011, tous deux très bien accueillis), ainsi qu’un split avec DEAFEST en 2012.
Il leur aura donc fallu quatre années de silence et de concertation pour enfin accoucher de ce trop fameux troisième album, souvent révélateur d’une nature, et susceptible de vous briser les reins comme de vous donner un indéniable élan.
C’est sans conteste cette alternative qui convient le mieux à MMXXIII, qui s’avère être une œuvre très ambitieuse, dont les desseins funestes trouvent un écho manifeste dans le BM le plus sombre et épique, qui puise autant son inspiration dans le Raw Black Canadien que dans le BM symphonique Européen, sans toutefois s’encombrer de claviers inutiles, d’arrangements futiles, et surtout, sans perdre de sa force oppressante.
Huit morceaux pour quarante-cinq minutes de musique, les pièces sont longues et développées, les enchaînements sont travaillés et inspirés, et finalement, sans changer son fusil d’épaule, WENDESS parvient à passer un nouveau cap dans la créativité et la crédibilité grâce à une interprétation habitée et à une emphase dramatique crue, mais assez théâtrale dans le fond, mais aussi la forme.
Difficile de les comparer à d’autres entités, tant leur désir d’émancipation des coutumes est manifeste. Sur une trame de BM très abrasif, les Canadiens brodent des thèmes empruntant au Folk, au Dark Metal, au BM symphonique, mais aussi au Heavy Metal le plus mélodique, sans perdre en cohérence ni tomber dans l’excès.
Ils débutent d’ailleurs leur album avec un morceau à la longue intro apaisante (« Dystopie »), qui semble indiquer un réel désir d’ouverture sur un au-delà possible, avant de déchirer la quiétude d’un BM extrêmement abrasif et agressif, qui sur un mid tempo écrasant développe de belles mélodies déchirées par un chant hurlé à plein poumons.
Nous nageons là en pleines eaux Raw Black, mais pas ce lo-fi qui a fait la gloire du Canada, non, un Black très emphatique, à la frontière d’un Post qui refuse encore de couper toute attache avec ses racines, et qui ne rechigne pas à dispenser quelques accélérations foudroyantes au passage.
Son ample, profondeur sans écho, l’emprise est immédiate, et on s’immerge volontairement dans cette débauche de violence sourde qui pourtant sait se montrer séduisante.
« Identite Disscociative » ose le jeu délicat de cordes acoustiques sobrement soutenues par une basse serpentine, et impose la mélodie au premier plan, tout en laissant une fois encore cette voix atroce et raclée mutiler les harmonies pour en faire gicler le sang rouge vif. Le crescendo proposé est de toute beauté, et lorsque les riffs de guitare se déchaînent enfin, l’enfer sur terre devient concret, et la dualité lumière/ténèbres est presque palpable.
« Sommeil Profond » change encore le visage d’un groupe décidément imprévisible, en martelant un tempo assuré, sur fond de Heavy Black presque emphatique, qui pourtant voit tous ses thèmes se développer avec assurance et pertinence.
Mais c’est sans conteste « le Marchand d’Âmes » qui se veut épitomé de cette première partie, avec sa longue entame de piano ondulant sous des arrangements grouillants, qui soudain se fond dans des nappes de cordes classiques de toute beauté. C’est à ce moment-là qu’on réalise à quel point les WENDESS sont capables de juxtaposer la pureté la plus délicate et la violence la plus immédiate, en se permettant des assises de sobriété incrustées dans un schéma de fausse complexité brute. La distorsion rouillée cohabite avec la fluidité harmonique, pour finalement s’échouer sur des récifs de barbarie symbolisant à merveille la dualité de la vie condamnée à mourir d’un manque d’espoir patent. Blasts qui déboulent comme des vagues charriant la houle, et guitares qui répètent à l’envi des motifs mélodiques acides, et toujours ces montées progressives qui vous oppressent tout autant qu’elles ne vous transcendent.
Dernier morceau « progressif », « Nostalgie Nocturne » tente la lenteur la plus appuyée, sans se départir de cette nostalgie omniprésente, et révèle une production parfaitement équilibrée, chose assez rare dans le style pour être soulignée.
La fin de l’album, composée de titres plus courts et directs, propose trois dernières interventions, aussi riches mais plus condensées, et qui continuent d’explorer un spectre musical plus large que la moyenne. Le quatuor se lâche à l’occasion d’un interlude Ambient (« Foret Maudite »), qui multiplie les sons inquiétants, créant une ambiance de malaise avec sa boite à musique funeste, tandis que « 8916 », morceau le plus court de l’ensemble, propose un épilogue dramatique incroyablement lourd et puissant, avec cette petite touche gothique nous ramenant aux premières heures d’un PARADISE LOST encore plus résigné qu’à l’époque.
MMXXIII symbolise-t-il les années à venir ? Est-il une projection dans un futur proche, décrit musicalement avec une assurance doublée de prévenance pour une humanité vouée à sa propre extinction ?
Je ne saurais le dire, mais plus prosaïquement, il n’est rien de moins qu’un album de BM/Post/BM parfait de bout en bout, d’une richesse incroyable, et d’une maturité musicale indéniable.
Un disque qui fait honneur au patrimoine de son pays tout en proposant des ouvertures fascinantes. Une autre façon de regarder l’hiver en se réchauffant au souvenir d’un été perdu, et de voir la lumière du jour au travers du prisme opaque de la nuit.
Titres de l'album:
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
27/03/2025, 16:49
Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47
J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33
La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24