Ah le Crossover, ce style hybride qui satisfait tout le monde et qui frustre aussi parfois. Mal dosé, il s’agrippe à la peau du Thrash ou colle aux basques du Hardcore, mais parfaitement équilibré, il propose une synthèse fameuse entre les deux approches. On connaît depuis longtemps les cadors du genre, D.R.I évidemment les premiers à avoir imposé le terme comme VENOM celui de Black Metal, les SUICIDAL, LEEWAY, EXCEL, et plus récemment les POWER TRIP, mais la jeune génération n’abandonne pas la lutte puisque du New-Jersey du Boss et de BON JOVI nous en viennent les trublions de PARALYSIS dont le nom en dit long sur les intentions. Fondé en 2010, le collectif a d’abord installé sa réputation grâce à quelques EP’s, avant de nous asséner le coup de grâce via Life Sentence en 2017. S’en est suivi un split avec les potes de FACE FIRST, et puis deux ans de silence avant de revenir par la petite porte de l’autoproduction pour nous offrir cette tonitruante suite. Second long donc pour les américains, mais un long plutôt court, puisque ce sont moins de trente minutes de musique qui vous attendent sur Mob Justice, ce qui suffit amplement pour juger du bienfondé de cette démarche agressive. Premier point rassurant, les chevaliers de la table Mosh n’ont pas changé d’attitude. On retrouve avec plaisir cette pugnacité incroyable, cette agressivité de tous les instants, et cette énorme basse Core qui lie le tout de ses graves ronds mais bien méchants. Pour les étourdis, on retrouve dans les rangs de cette formation un guitariste fameux, Ron Iglesias, également membre des techniques et élitistes TOXIK, ce qui ne manquera pas de vous donner une indication précieuse sur les capacités de ces marsouins. Pourtant ici, la technique ne prime pas forcément, le groupe lui préférant la puissance immédiate et effective. Et encore une fois, Mob Justice nous colle une grosse taloche, prenant son élan dans la tradition pour porter un coup contemporain fatal.
Ne vous attendez donc pas à un Crossover joyeux dans la lignée de D.R.I ou WEHRMACHT. Ici, l’optique est sombre et virile, et ressemble à s’y méprendre à un melting-pot entre LEEWAY, POWER TRIP et ENFORCED. Les riffs sont musclés, la rythmique solide et puissante, et la voix écorchée de Jon Plemenik ne plaisante pas dans ses harangues. On découvre les noirs desseins des américains dès « Master Manipulator » qui place la barre à la bonne hauteur, celle d’une violence ouverte, à la percussion immédiate et aux motifs vraiment poilus. Sans se départir d’une précision viable, les musiciens jouent la carte de la lourdeur et de l’oppression, ne relâchant jamais la tension pour ne pas sombrer dans les affres d’un Thrash trop friendly. Sonnant parfois plus Hardcore métallique que Thrash, le quatuor (complété de Patrick Harte à l’énorme basse et de Samith Force à la lourde batterie) ne choisit pas vraiment son camp, et agence son album avec beaucoup d’intelligence. Sous une osmose de surface se cache donc une pluralité vraiment effective, avec des passages plus légers et tranchants, qui rompent avec l’oppression Hardcore Ambiante. Impossible de ne pas penser à un cousin éloigné des LEEWAY, adepte du culturisme de rue et aux biceps bien gonflés. « Oblivious » bombe le torse, joue sur la longueur, mais nous tend un méchant piège Thrash avec sa redondance de guitare qui s’oppose à une fluidité rythmique ne lésinant pas sur les changements de rythme. Les soli sont bien évidemment carrés, pedigree oblige, et les passages pesants le sont vraiment, ce qui nous permet d’apprécier un morceau à tiroirs étalant ses idées comme autant de slogans.
Aucune raison de craindre l’ennui, puisque la machine s’emballe avec régularité, laissant parfois parler le Core moderne avec aisance et sans censure (« Tombstone »), et lorsque l’amplitude Metal atteint son paroxysme, le massacre est intégral, et nous ramène aux grandes heures US des années 80, avec des embardées toujours guidées par cette basse à la Dan Lilker/Frank Bello, une touche de Flanagan en plus pour la caution street. C’est d’une efficacité redoutable et « Onward to Slaughter » mérite son titre à bien des niveaux. La cohésion des musiciens est palpable au travers du casque, et le choix de terminer ce second LP avant la demi-heure fatidique lui confère une percussion incroyable, même si l’on aurait préféré que les débats durent un peu plus. Dur, tel est le mot qui s’applique à cette autoproduction qui dame le pion à bien des produits soutenus par des gros labels, et PARALYSIS enfonce le clou à mesure que l’œuvre révèle ses intentions. Jamais la vapeur n’est lâchée, gardant le four à température constante et dangereuse, l’explosion guettant à chaque instant. Passés maîtres dans l’art de l’enchaînement des plans vindicatifs, les américains nous troussent une leçon à grands coups de pied dans les tympans, et cette guitare omniprésente et réellement méchante sublime des structures faussement simples (« Nihilist »). La fin de l’album ne dément pas les qualités de sa première moitié, avec en traquenard des titres plus ambitieux et encore plus suintants, et « Yet I Stay » d’hurler à pleins poumons sa révolte Crossover, avec encore une fois cette magie de riffs classiques qui se transcendent de leur propre violence. L’esthète pourra toujours déplorer l’utilisation un peu trop systématique du mid tempo, et regretter que la rythmique ne s’emballe pas plus, mais les amateurs de solidité seront comblés.
Le groupe a même la gentillesse de nettoyer les traces de sang avec un dernier coup de serpillère ferme (« Had Enough »), et de nous laisser panser nos plaies. Mob Justice, ou la justice populaire qui condamne les produits édulcorés, et une tradition Crossover qui reprend ses droits durement acquis. La bande-son parfaite d’une époque de rébellion.
Titres de l’album :
01. Mob Justice
02. Master Manipulator
03. Oblivious
04. Tombstone
05. Onward to Slaughter
06. Nihilist
07. Cut Short
08. Yet I Stay
09. Vessel of Behavior
10. Had Enough
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