C’est déjà mon quatrième rendez-vous avec TOMBS, ayant traité du cas de deux de ses albums et l’un de ses EP’s, et moins que de la routine, cette relation se place désormais sous l’égide de la confiance et du respect. J’ai comme beaucoup découvert le projet en 2009 via le miraculeux Winter Hours, et depuis, la créature de Mike Hill n’a eu de cesse de me surprendre et me prendre à rebours. Il existe peu de groupes vraiment extrêmes capables de vous déstabiliser avec chaque sortie, les musiciens s’accrochant à leur style comme des vautours à leur charogne. Mais Mike Hill n’est décidément pas comme tout le monde…Nous étions sans nouvelles de lui d’ailleurs depuis le LP The Grand Annihilation de 2017, qui fut la dernière grande étape de son cheminement. Nous savions aussi que le leader avait une fois de plus fait le ménage dans ses rangs, cherchant un nouveau souffle qu’il a trouvé en 2018 et l’adjonction de trois nouveaux side men. Et à l’image de Chuck Shuldiner ratissant large et engageant deux membres du même ensemble pour graver Human, Hill a récupéré de son côté trois KALOPSIA pour faire avancer son histoire et nous en offrir un nouveau chapitre, achevant de faire de Monarchy of Shadows bien plus qu’un simple EP. Que pouvait-on craindre de cette confrontation entre une tête pensante obsédée par le Black et son extension Post, et trois musiciens plus à l’aise dans la brutalité Death que dans l’inconfort Black ? Un métissage raté, une obligation contractuelle de changer d’optique, ou une troisième voie, erratique, se perdant dans les limbes de l’entre-deux. Pourtant, il n’en est rien. De cette association est né l’un des EP’s les plus fondamentaux de son époque, toujours fidèle à la philosophie d’un prophète qui accepte d’écouter ses fidèles pour faire progresser se dogmes.
Pas d’équivoque, on reconnaît évidemment le style de TOMBS sur ces six morceaux. Cette vitesse qui s’impose assez rapidement, cette lourdeur vicieuse qui renvoie à l’orée de l’extrême des années 80, mais surtout cette façon de traiter les styles avec respect mais aussi avec l’audace des vrais créateurs qui savent s’approprier tout et pas n’importe quoi. De fait, Hill a profité du professionnalisme de Drew Murphy (basse), Justin Spaeth (batterie) et Matt Medeiros (guitare) qui à eux trois ont un bagage professionnel assez conséquent pour être une véritable plus-value. Avec un expérience rodée dans une poignée de groupes établis ou underground chacun, les trois nouveaux musiciens ont permis à leur leader de voir plus loin, de creuser plus profond, et de conférer à ce Post Black des allures de Post Death assez intriguant, même si les tonalités restent génériquement noires. Ainsi, difficile de ne pas se rendre compte qu’on écoute du TOMBS en tendant les oreilles sur « Monarchy Of Shadows » ou « Man Behind The Sun », qui sont aussi symptomatiques d’une démarche individuelle qu’ils ne respectent l’esprit de la seconde vague de BM scandinave des nineties. Avec l’apport incontestable de Justin Spaeth au kit, Hill se laisse une fois encore aller à violenter les mélodies les plus amères, avant de casser le rythme pour adopter des postures Doom assez épaisses. On nage alors en plein classicisme brutal, en plein formalisme, le concept respectant ses anciennes théories, mais plus qu’une avancée, cet EP est une sorte de digression, qui sans être une pause, temporise légèrement pour dégager des éventualités. Ces éventualités se cristallisent en Death tout à fait crédible, technique et cruel (« Necro Alchemy », on sent le background des trois petits nouveaux sur cette ruade puissante), mais aussi en amalgame Black/Death aux riffs immenses et à la méchanceté presque palpable à travers le casque.
Ainsi, « The Dark Rift » réconcilie le meilleur des deux mondes, et attaque de front et de biais, gardant la froideur d’une guitare norvégienne pour mieux réchauffer l’ambiance d’une violence typiquement US et morbide. Ce chant si reconnaissable se fait donc les dents du retour sur un instrumental pluriel, qui une fois encore ne limite pas son champ d’action. On pense évidemment aux étapes antérieures, mais aussi au FROST, à EMPEROR parfois, à OATHBREAKER, et à beaucoup d’autres références, spécialement lorsque TOMBS se cale sur une ligne répétitive - symptomatique des précédents travaux - pour mieux nous hypnotiser d’une brutalité larvée, mais bien réelle. Certes, les novices et spécialistes argueront du fait que le BM domine toujours les débats, sous une forme plus pure qu’avant, et ils n’auront pas tort. Monarchy of Shadows est certainement l’effort le plus fondamentalement BM de la discographie de la bête, avec ses allusions permanentes de guitare, ces blasts qui reviennent comme des tempêtes avec une régularité implacable, et pourtant, le BM est encore une fois travesti, non édulcoré mais plié, fondu, et moulé pour adopter de nouveaux contours. Sa violence n’en est pas réduite pour autant. De ce côté-là, ce quatrième EP est d’une puissance assez assourdissante, que sa cadence soit soutenue ou pilonnée. Mais ce qui impressionne le plus, c’est cette qualité constante dans la composition et l’interprétation, qui sidère après toutes ces années. Les EP’s d’ordinaire, sont des façons de temporiser pour mieux préparer un retour qu’on ne peut manquer. Ici, le format est noble, et traité comme un longue-durée, ce qui permet presque de considérer Monarchy of Shadows comme tel. De plus, l’effort se termine sur l’énorme « Path Of Totality (Midnight Sun) », sentencieux et processionnel, qui nous offre l’épilogue grandiloquent dont nous avions terriblement besoin.
Appréhendez donc le retour de TOMBS comme il se doit, en grandes pompes. Et si ces six morceaux sont des indicateurs fiables d’un album à venir, autant dire qu’il s’annonce sous des auspices gigantesques. La mise en terre n’est donc pas encore pour demain.
Titres de l’album :
01. Monarchy Of Shadows
02. Once Falls The Guillotine
03. Necro Alchemy
04. Man Behind The Sun
05. The Dark Rift
06. Path Of Totality (Midnight Sun)
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