Money, Love, Light

Blind Revolution

07/02/2020

Rock Of Angels Records

C’est bientôt la Saint-Valentin, et même si cette fête commerciale ne profite qu’aux marchands, rien ne vous interdit d’avoir l’âme romantique. Alors, petit dîner aux chandelles à la maison, promenade sous le clair de lune, costume, barbe rasée, aisselles lavées, et c’est parti pour une petite…Bref, l’amour, toujours l’amour, le thème qui inspire nos amis rockeurs depuis qu’ils ont appris à se lever de bonne heure, et dans le domaine, les rois incontestés sont toujours nos amis italiens, jamais avares d’un geste de la main. Qu’à cela ne tienne, pour une fois tonton Serafino n’a rien à voir avec la surprise mélodique du jour, puisque ce sont les grecs de Rock of Angels qui nous présentent le premier album de BLIND REVOLUTION, une révolution qui n’en est pas une par des musiciens qui ne sont ni sourds, ni aveugles. Originaires de Syracuse, ces instrumentistes ont bataillé pour en arriver jusque-là, et si ce premier album l’est, c’est parce que les choses ne furent pas simples…Et en bons fans de JOURNEY, gageons que ces quatre-là ont appliqué à la lettre le leitmotiv « Don’t Stop Believin’ », ce qui leur permet aujourd’hui de savourer enfin les fruits de leur travail. Formé en 2010 par les frangins Simone et Cristiano Sipione, respectivement guitariste et chanteur, BLIND REVOLUTION répondit au départ à un besoin viscéral de nouveau départ. Et après l’adjonction de Massimiliano Ricciardo à la basse, l’alchimie prit, jusqu’à la complétude de cette rythmique par l’enrôlement de Giovanni Maucieri à la batterie, soit le line-up actuel du groupe. Le groupe justement avait quelques références avant d’entamer son aventure, et c’est en souhaitant se rapprocher des éternels WHITESNAKE, JOURNEY, BON JOVI et autres VAN HALEN que Money, Love, Light vit le jour sous cette forme, au travers de onze morceaux aussi classiques qu’enjôleurs. Enjôleurs certes, mais pas mielleux ni pleureurs, puisque nos amis transalpins ne sont pas du genre à laisser la distorsion au placard pour ne pas réveiller les voisins trop tard.

Dans les faits, rien ne différencie vraiment les BLIND REVOLUTION des meilleurs représentants de l’écurie Frontiers. Leur premier LP fait preuve d’un professionnalisme que les combos montés de toute pièce par Serafino ne toisent pas, et leur musique est aussi inspirée par la fougue des jeunes loups que par l’expérience des vieux briscards. Certes, rien de bien surprenant à attendre d’un disque pareil, mais plutôt un juste milieu entre l’énergie des SLAUGHTER et la science mélodique exacte de HAREM SCAREM, dont on retrouve l’influence en parrainage de riffs toujours musclés, mais abordables. Et si vous pensez avoir tout compris en vous délectant du Hard Rock uktra brite de « Guiding Light », détrompez-vous, les italiens ont plus d’un tour dans leur sac. Mais il est certain que cette entame en pur Hard/AOR est une belle façon de se présenter au public, pour un quatuor qui a déjà lutté sur les scènes européennes pour gagner ses galons. C’est ainsi que nos potes du jour ont déjà participé à des compétitions aussi fameuses que le Music Style Contest, qu’ils ont remporté en 2012, ou le Rock in Hybla Contest dont ils ont aussi raflé le prix l’année suivante. Et on comprend assez rapidement pourquoi, tant leur compositions sont léchées mais gardent cette patine sauvage qui fait les grands albums de Hard-Rock mélodique. Et le duo des frangins Simone et Cristiano Sipione est en tout point convaincant, rappelant les mythiques Neal Schon/Steve Perry et autres Harry Hess/Pete Lesperance, lorsque le tempo se veut plus appuyé et l’ambiance électrique. « Miracle » sonne d’ailleurs comme un hit composé par les deux canadiens avec un petit coup de main de W.E.T, et on se laisse facilement happer par cet enthousiasme contagieux, qui nous évoque la Californie des années 80, et l’hédonisme prôné par ses héros. On pense bien sûr au BON JOVI des débuts, celui qui ne se la jouait pas encore Classic Rock de stade, et aussi à une version réactualisée et revitalisée de BRIGHTON ROCK, mais aussi à une myriade d’autres références moins éloignées dans le temps.

Difficile de constater en écoutant cette musique débordante de joie que le groupe en a bavé pendant des années. A moins de le considérer comme une catharsis ou une revanche sur un destin farceur, puisque les quatre musiciens ne relâchent jamais la pression, ni n’abandonnent leur sourire musical. Et on trouve des traces stimulantes d’EXTREME et de VAN HALEN sur l’expressif et mordant « Knocking For Love », mais aussi sur « Mary Ann », qui n’hésite pas à syncoper et à mettre la rythmique en avant sur fond de chœurs typiquement FM/Sleaze. Vous l’aurez donc compris, l’heure n’est donc pas au sentimentalisme de bas étage sur fond de keyboards dégoulinant de niaiserie, mais bien de Hard-Rock racé et joué avec le cœur. « Saints Of Our Days » confirme cette allégeance à l’harmonie la plus sincère, et le groupe nous convainc de la pertinence de sa démarche à mi-album. Pas de ballade mielleuse pour séduire la ménagère ex-fan des eighties, mais quelques concessions à la douceur via des arrangements de clavier (« Money And Run »), ou une atmosphère plus cosy n’cool, déhanchée, bluesy, mais peaufinée (« Take The Magic Back »). Sans s’éterniser plus qu’il ne le faut, les morceaux de Money, Love, Light profitent de plans pertinents et de mélodies vraiment prenantes pour nous envouter, et les quatre minutes passent toujours vite, et même très vite dans certains cas précis (« Getting Stronger », un peu du LEP, un peu de BON JOVI, mais beaucoup de Californie). Seule incartade en terre sensible, « Never Let You Go », qui pendant six minutes retrouve les impulsions roots des seventies, avec notes planantes, guitare au délié Blues, et chant plaintif. On pense à LYNYRD évidemment, mais aussi au WHITESNAKE le moins compromis sur le territoire des charts, ainsi qu’au CINDERELLA bluesy. C’est terriblement bien fait, et surtout, si sincère qu’on ne pense pas une seule seconde à une nostalgie opportuniste.

Certes, l’inspiration du quatuor est profondément enracinée dans les eighties, mais la production ne cherche pas à reproduire les tics de Bob Rock, Dieter Derks ou Michael Wagener. D’ailleurs, BLIND REVOLUTION préfère nous surprendre avec le décalé et nineties « Keep On Dreaming », et l’épilogue musclé « Rock’N’Roll Dream » combinant le KISS le plus fédérateur et le SLAUGHTER le plus flatteur. Belle aventure donc que celle de ces italiens qui ont bataillé dur pour pouvoir enfin s’exprimer, et quelle plus belle preuve d’amour que d’écouter et adorer ce premier LP aux entournures gonflées. De l’argent pour le restau, la nuit pour s’aimer et la lumière du jour pour se réveiller, tel est le programme proposé, un programme qu’on se verrait mal refuser.        

    

Titres de l’album :

                           01. Guiding Light

                           02. Miracle

                           03. Knocking For Love

                           04. Mary Ann

                           05. Saints Of Our Days

                           06. Money And Run

                           07. Take The Magic Back

                           08. Getting Stronger

                           09. Never Let You Go

                           10. Keep On Dreaming

                           11. Rock’N’Roll Dream

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par mortne2001 le 09/06/2020 à 17:33
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