La journée sera Death ou ne sera pas. Et si ce matin, l’ambiance était morbide et allemande, cet après-midi, elle est plutôt brésilienne et morbide, ce qui dans le cas de notre style de prédilection veut dire beaucoup. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance des ORTHOSTAT, ensemble originaire de Jaraguá do Sul, Santa Catarina, et actif depuis l’année 2015. C’est un an plus tard que le groupe gravera sa première démo, sobrement baptisée Into The Orthostat, avant de prendre deux ans pour élaborer ce premier longue-durée qui tient toutes les promesses de son illustre brouillon. Trio selon les pages officielles (Eduardo Rochinski - basse, Pudolph Hille - guitare et David Lago - guitare/chant), ORTHOSTAT affirme proposer un Death Metal épais, axé autour de parties lourdes et orientées Doom mais aussi d’accélérations fulgurantes basées sur des blasts lâchés avec générosité, et n’hésite pas à agrémenter ses paroles d’une touche historique en s’intéressant aux civilisations anciennes, leur culture et les guerres qu’elles ont pu mener. Nous sommes donc loin du tout-venant Gore que la plupart des combos affectionnent tant, et musicalement, les brésiliens aiment aussi à s’éloigner des turpitudes passéistes et autres considérations modernistes pour proposer leur version d’un Metal résolument sombre, glauque, lourd, et à mi-chemin des tendances en dualité des années 90. Si les premières impressions visent à ramener le trio du côté de l’influence des INCANTATION, WINTER et autres SOLSTICE, il convient de voir en eux une démarcation assez intrigante du Death à la scandinave, avec cette patine glaçante de surface que des attaques acides typiquement américaines viennent moduler. De la brutalité donc, de l’oppression, mais aussi une certaine approche technique leur permettant des structures presque progressives que la longueur des morceaux confirme parfois. Il n’est donc pas rare sur cet album introductif de tomber sur des pistes dépassant les six, sept ou neuf minutes, sans que l’ennui ne s’installe, grâce à des astuces de compositions pleines de flair.
Du Death donc, traditionnel, mais savoureux. D’autant que les musiciens disposent d’un bagage technique certain, qu’ils ne mettent toutefois pas au service d’une démonstration stérile, mais bien d’arrangements solides et intrigants. Projet mené de voix caverneuse et de guitare volubile par David Lago, qui en plus d’assumer le rôle d’unique auteur/compositeur s’est bombardé maître d’œuvre, en enregistrant cet album au studio HellFrost, et en signant sa production conjointement avec Thiago Nogueira (ce dernier assurant le mixage et le mastering), Monolith Of Time est un album de Death massif et ample, qui privilégie les ambiances à la vélocité et aux excès et qui de fait, s’arroge des prérogatives de qualité qu’il est impossible d’ignorer. Si le fond de l’air est très frais, il se réchauffe à intervalles réguliers, pour nous rappeler le meilleur des jeunes années américaines des SUFFOCATION, lorsque le tempo martèle son leitmotiv et que les riffs abusent du vibrato pour sonner plus hystérique qu’une invocation de Trey Azagthoth. Profitant d’une cohésion d’ensemble redoutable, ce premier album est d’un professionnalisme bluffant, et semble l’œuvre d’un groupe confirmé, ce que contredit la jeunesse de ses musiciens qui semblent pourtant rodés comme de vieux briscards, et parfaitement au fait des exigences de la scène qui ne tolère que très peu les approximations. Et si d’un chapitre à l’autre, les modalités semblent les mêmes, se séparant en arcanes bien scindées, la fougue dont fait preuve le groupe excuse quelques redondances, qui sont inévitables pour n’importe quel effort estampillé Death atteignant presque les cinquante minutes. Mais il fallait du culot pour entamer sa première œuvre avec un morceau aussi ambitieux et roboratif que « Ambaxtoi », qui après une intro glauque comme une vieille tombe profanée, met les éléments en place pendant plus de sept minutes, pour tisser une trame sonore aussi traumatique qu’éprouvante. Des riffs qui tournent rond, mais qui n’hésitent pas à plaquer des motifs sombres après avoir imposé des saccades violentes, une voix faisant presque office de seconde ligne rythmique, pour une exploration des caves d’un enfer personnel empestant la charogne et le passé ténébreux.
Et ténébreux, Monolith Of Time l’est. Il insiste d’ailleurs sur cette propension à ralentir les débats pour se rapprocher d’un Doom vraiment poisseux, ce que ce fameux premier morceau démontre durant sa première moitié, avant d’emballer les débats. ORTHOSTAT n’hésite d’ailleurs pas à se placer sous l’égide de quelques références, dont les INCANTATION déjà cités, mais aussi DEAD CONGREGATION ou KRYPTS, noms qui balisent admirablement bien le terrain couvert dans ses traces les plus profondes et boueuses. Et c’est cette dualité qui confère à ce nouveau groupe une aura particulière, cette propension à alterner les approches, qui loin d’être handicapante, permet aux morceaux de respirer, David Lago ayant en outre le chic de lâcher des licks hautement mémorisables pour accrocher l’oreille, et ne pas se contenter de l’abîmer. Du Death de grande classe, donc, qui ose quelques signatures originales et des soli vraiment performants. Et si certaines entrées se veulent plus radicales et classiques que d’autres (« Incitatus », symptomatique du Death US le plus percutant), d’autres au contraire prennent leur temps pour installer les éléments, à l’instar du terriblement progressif « Tezcatlipoca », qui restera sans conteste l’achèvement le plus accompli de ce premier album avec ses neuf minutes bien tapées qui dénotent dans la production actuelle. On y retrouve toutes les qualités déjà citées, avec cette volonté d’adapter le fond à la forme, et la musique à des thématiques un peu moins conventionnelles que d’ordinaire. Et de fait, on se prend au jeu de ce Death Metal franchement probant, qui s’il n’est pas toujours novateur, sait toujours trouver les idées pour se relancer, et s’incruster dans l’inconscient collectif en joignant l’extrémisme d’INCANTATION et la rigueur instrumentale du MORBID ANGEL le plus formel. Sans hésiter à ajouter quelques plus-values Heavy à leur optique jusque boutiste, les brésiliens s’imposent donc sur la durée, et signent là l’un des manifestes les plus nauséeux du Death moderne, mais qui sait rester accessible aux âmes les plus sensibles.
Titres de l'album :
1.Ambaxtoi
2.Qetesh
3.Eridu
4.Incitatus
5.Baetylus
6.The Will of Ningirsu
7.Tezcatlipoca
8.Orthostat
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