Premier album pour les madrilènes de VELO MISERE, et pourtant, le quintet espagnol n’en est pas à son coup d’essai. Je ne parle pas ici de leur démo (Compendio de Trágicos Presagios, 2017) ou de leur unique EP (Genealogía del Eterno Desasosiego, 2018), encore moins de leur compilation précoce (Retrospectiva de la Fatalidad, 2019), mais bien du parcours des musiciens composant le groupe, qui sont tous dotés d’une expérience antérieure conséquente. On retrouve en effet dans les rangs de cette horde maléfique d’anciens noms connus de la scène, et des participants à des projets tels que KUTURLAT, VERSVS, PRIMIGENIUM, AVERSIO HUMANITATIS, INSIDE ME, ETERNA PENUMBRA ou même NIHIL. De vieux démons de la scène donc, qui se sont associés pour le meilleur (la musique), et le pire (les intentions). Car les intentions de VELO MISERE sont très claires dans les faits : sublimer le BM classique pour le rendre encore plus dangereux pour l’âme et les tympans, et Monomanía del Inexorable Vacío parvient sans peine à relever le défi.
L’argument promotionnel majeur développé par la subdivision Lunar Apparitions du label ibère Nebular Carcoma est l‘intemporalité de l’art développé par le quintet. En effet, il est assez difficile de dater son inspiration, tant sa musique semble vouloir construire des ponts entre les enfers des différentes époques. En écoutant les premiers morceaux de ce premier long, on plonge directement dans les flammes des années 90, pourtant, les riffs, l’ambiance et la production pourraient tout à fait être contemporains, et l’énergie développée par ces sept petits titres est gigantesque : on se croirait vraiment perdu dans les limbes assourdissantes du purgatoire, attendant notre descente chez Lucifer pour y subir les pires sévices.
Ainsi, G (batterie), S.D (guitare), H (guitare), F (chant) et AM (basse), puisent autant dans le répertoire traditionnel que dans les grimoires les plus récents, et parviennent malgré la difficulté de la tâche à développer des arguments totalement personnels, qui hypnotiseront même les fans les plus calés en la matière. Avec une basse mélodique et roulante, un chant qui semble émerger de la nuit des temps, et des riffs circulaires incroyablement denses, soutenus par une batterie volubile et hystérique dans ses figures, Monomanía del Inexorable Vacío est une sorte de miroir du temps, qui nous renvoie l’image hideuse d’un style qui a toujours fui la séduction, autre que vicieuse et insidieuse.
Véritable cathédrale sonore de moines/musiciens défroqués, ce premier album fait montre d’une maîtrise incroyable que l’on peut imputer au parcours des musiciens impliqués. Aussi blasphématoire que n’importe quelle messe d’EMPEROR, aussi inextricable que les psaumes les moins recommandables de WOLVES IN THE THRONE ROOM, VELO MISERE développe un art consommé de la théâtralité macabre, et imprime à chacun de ses chapitres une ambiance déliquescente, chaotique mais maîtrisée, et nous entraîne dans un voyage sans fin en boucle concentrique qui nous oblige à revoir nos exigences en la matière. J’en tiens pour preuve le monumental title-track, véritable opéra maudit au libretto maculé de sang qui nous entraîne dans une ville imaginaire peuplée de créatures nocturnes étranges faisant office de public. Avec un son énorme, qui sublime les graves et étouffe les médiums, les madrilènes peuvent se laisser aller à leurs instincts les plus grandiloquents, sans sacrifier la violence sur l’autel de l’apparence.
Inutile de chercher à établir des comparaisons, même si plusieurs noms vous viendront sans doute à l’esprit. L’art des espagnols est personnel, et doit le rester, sous peine d’être insulté et vulgarisé. Mais avec une alternance de tempi terriblement intelligente, un traitement vocal poussé aux extrêmes, et des thèmes mélodiques utilisés non pour aérer l’ensemble mais bien pour le rendre encore plus éprouvant, ce premier longue-durée est une véritable révélation, et un achèvement pour ses auteurs.
Maintenant la pression pendant quarante minutes, le groupe appuie sur les aspects les plus forts de son approche, garde une vitesse constante, et provoque les échos spatiaux d’ARCTURUS pour mieux les retranscrire dans un langage terrestre. On peut presque ressentir le souffle des amplis durant l’enregistrement, et voir les membranes trembler sous les coups de boutoir, tout en sentant son cœur rebondir dans la poitrine à chaque coup de caisse claire. Aussi démoniaque qu’un meurtre rituel commis au nom de Lucifer, aussi sale et déviant qu’une perversion divine, Monomanía del Inexorable Vacío est un trou noir, une antimatière qui vous absorbe l’âme et vous transforme en zombie d’une apocalypse programmée, synthétisant des décennies de violence musicale pour la restituer encore plus imposante.
Le final de l’album est à ce titre exemplaire, avec ses morceaux les plus longs qui gardent le même cap, tout en osant quelques plans plus accrocheurs que la moyenne. Mais avec ces harmonies morbides qui tournoient autour de notre tête, ces harangues vocales en hurlements de hyène (« Quietud », titre Ô combien trompeur), et cette certitude affichée de bout en bout, VELO MISERE signe un manifeste de bon goût que les amateurs d’un Black affirmé et maitrisé reconnaitront immédiatement et feront leur.
Titres de l’album:
01. Visión de la Sombra
02. Ente de Muerte
03. Velo Misere
04. Nostalgia
05. Quietud
06. Estéril
07. El Devenir
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