Quel nom étrange pour une formation de Post BM Russe…Venant de Moscou, L'HOMME ABSURDE (pléonasme, quand tu nous tiens…) a été fondé en 2015 en tant que one-man band, par le mystérieux A. batteur de la plupart des formations locales de Doom (MARE INFINITUM, WHO DIES IN SIBERIAN SLUSH, COMATOSE VIGIL), mais aussi maître d’œuvre du combo de Doom/Downtempo A YOUNG MAN’S FUNERAL.
Rejoint quelques temps plus tard par trois autres membres (Georgiy Bykov de MARE INFINITUM à la guitare, Isod à la guitare aussi et Yuri S. à la basse), pour compléter son line-up, A. s’est alors fendu d’un premier EP éponyme, paru l’année dernière lui aussi.
Quelques mois plus tard, les musiciens s’attèlent donc à ma réalisation d’un premier longue durée que j’ai donc eu la chance d’écouter ce matin, Monsters, qui s’avère représenter une synthèse toute personnelle de tous les courants inhérents au Post Black contemporain, en gardant comme trame de fond l’abrasivité du Black le plus impitoyable, pour l’orner de digressions plus contemplatives et introspectives. Mais pas d’inquiétude à avoir, malgré une longueur de morceaux somme toute assez large, le concept du groupe n’a pas occulté la violence indispensable à ce genre de réalisation, et reste un des espoirs les plus probants d’une scène qui a souvent tendance à tourner en rond autour de la queue fourchue de Lucifer.
En substance, Monsters s’accorde du patronyme de ses géniteurs, pour nous présenter une nature humaine concrète et objective. Oui, l’homme est une créature absurde vouée à l’extinction de sa propre race, un monstre à plusieurs facettes qui n’a cure de l’espoir mais conçoit l’empathie, et qui fait preuve d’un égoïsme forcené pour satisfaire ses plus bas instincts, tout en sachant de temps à autres se soucier de ses congénères.
Ce que la musique de ce quatuor Russe illustre avec pertinence et logique déviante.
En choisissant de se focaliser sur les aspects les plus nihilistes et glacials d’un BM vraiment terrifiant, L'HOMME ABSURDE a fait le bon choix, celui de s’inspirer des racines nordiques du genre pour y insuffler un esprit de l’est fatalement sombre et pessimiste. Mais sans se départir d’une volonté mélodique manifeste (encore plus sur des segments comme le superbe « Apathy »), le quatuor n’est pas tombé dans le piège de la redondance hypnotique à outrance, et propose de véritables morceaux agencés comme tels, proposant des digressions et progressions logiques et intelligentes, et pour le moins envoutantes.
Nous sommes donc loin d’un simple assemblage de sons qu’on laisse dériver selon son manque d’inspiration, mais bien proches d’un concept viable et efficace, qui oppose la laideur la plus repoussante à la beauté la plus saisissante, dans la plus grande tradition d’un Post Black Metal intelligent et mature, mais néanmoins profondément misanthrope.
A l’écoute de ce Monsters, plusieurs références s’imposent, comme celle de BOSSE DE NAGE, ou même de WOLVES IN THE THRONE ROOM, mais pour être franc, ces noms sont plus cités pour poser un contexte que pour établir un parallèle vraiment probant.
En effet, la musique des Russes est suffisamment personnelle pour se situer par rapport à elle-même, même si parfois, une union frigorifiante entre un BURZUM des premières années et un OPETH malmené par sa propre poésie semble être l’image la plus frappante.
Dire que L'HOMME ABSURDE n’a pas choisi la facilité est d’un doux euphémisme. Une seule piste sous la barre des quatre minutes, pour le final « Wires », qui en effet tend des câbles entre l’outrance d’un EMPEROR et le désir d’harmonie d’un SOLSTAFIR, avant de cavaler sur les traces d’un pur BM ultraviolent et fort peu apprivoisable.
A l’exact opposé de cet exemple se situe le très long « Wanderer », qui pendant près de huit minutes s’ingénie à développer de belles qualités acoustiques pures sur une longue intro de cent-vingt secondes, avant de retomber dans des travers abrasifs terrassants.
Double grosse caisse omniprésente et écrasante, blasts qui simulent une tempête de l’âme, et chant sous mixé en arrière-plan qui hurle ses litanies d’une voix possédée, pour mieux casser le moule sans prévenir et osciller entre BM vraiment ténébreux et Post Metal beaucoup plus lumineux, et pas si éloigné que ça d’un ALCEST vraiment très minimaliste.
« Disillusion » se taille aussi la part du démon, avec son timing presque aussi étiré, et son inspiration qui ne l’est pas moins.
Travail rythmique fabuleux et puissant, riffs toujours aussi rigides et dénués de tout souffle de vie, et multiplicité des plans qui se succèdent avec fluidité et logique, pour une danse enivrante autour du destin humain qui n’en finit plus d’attendre que quelqu’un allume la flamme sous son bûcher de vanité.
Passages en mid accrocheurs et séduisants, presque Post Wave dans le rendu, harmonies de guitares discrètes mais efficaces qui rappellent les errances d’un THE GATHERING, pour un Post BM progressif efficient et non suffisant.
Tout fonctionne, chaque idée est à sa place, et les notes s’envolent sans que l’on puisse les attraper, se voulant calquées sur la nature de l’homme, tantôt acides, tantôt acoustiques et douces, mais toujours expressives.
Si le BM le plus assourdissant vous sied le mieux, jetez-vous sur le tétanisant « Villains », qui semble vouloir incarner à lui seul les caractéristiques les plus néfastes de notre espèce, mais si l’ouverture d’esprit et la versatilité sont plus en phase avec vos inclinaisons, alors « Escapist » saura vous donner le ton, en mélangeant des influences Doom, Post Metal, Black et Heavy, dans une farandole apaisée qui vous permettra de vous voir tel que vous êtes, complexe, mais semblable à tous vos contemporains, comme un miroir fidèle à une image trouble, mais inamovible.
Pour un premier album, Monsters fait avancer la cause d’un Post Black qu’on devine toujours aussi affranchi de toute contrainte. Se montrant aussi créatif qu’audacieux, aussi violent que délicat, ce premier effort de L'HOMME ABSURDE est aussi libre qu’il n’est logique, et reste dans un créneau défini tout en s’en extirpant de ses désirs de multitude.
Une autre façon de concevoir l’absurdité d’une nature humaine qui se veut sommet de la chaîne naturelle, d’une intelligence indéniable, mais d’une stupidité incroyable.
Titres de l'album:
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