Une unique démo en 2018, puis une poignée de singles étalés sur deux années, OMINUM fait encore partie de cette caste de débutants aux dents longues venu d’un pays où l’exportation Metal est devenue la source première de réputation. Pas facile donc de s’en tirer avec la moyenne, d’autant que la Suède a depuis longtemps comblé son déficit Thrash, tout comme renfloué ses caisses old-school. Alors, au moment de lâcher son premier album, ce power-trio savait qu’il n’avait pas droit à l’erreur. En a-t-il commise ? Bonne question, et pour en savoir plus, autant écouter ce Monument qui en est peut-être un.
Erik Lindstrand (batterie), Berno Jozić (guitare/chant) et Richard Swärd (basse), soit deux membres fondateurs et un petit nouveau, pour un festival de violence intelligente et de riffs incendiaires. Et dès « Leviticus (In His Name) », d’une durée assez déraisonnable pour une entame, les choses apparaissent assez claires : OMINUM n’a pas l’intention de faire de la figuration, ni de torcher vite fait une réaction nostalgique pour gagner trop facilement son pari.
Le Thrash de ce nouveau siècle n’est en effet qu’une redite plus ou moins habile des préceptes eighties. Tout le monde l’a bien assimilé, mais de temps à autres, un groupe sort de la masse pour se livrer à un exercice difficile : greffer sa propre identité sur un corps accusant quarante ans d’âge. Il faut pour en arriver là bien connaître les principes de chirurgie musicale de base, et refuser de les appliquer avec trop de déférence. Le Thrash est en effet une musique plus ouverte qu’on ne le pense, s’accommodant fort bien d’un métissage Heavy Metal ou d’un Crossover groove.
Et en parlant de métissage et de crossover, tentez d’imaginer celui mélangeant la puissance d’AGONY, héros suédois fugace de l’épouse, et un TESTAMENT époque Practice. Vous obtiendrez avec un peu d’imagination une musique puissante, groovy à souhait, aux riffs déchaînés et à la rythmique débridée, pas si éloignée que ça d’un METALLICA soudainement plus musclé qu’OVERKILL. Mais inutile de vous attendre à des cavalcades sympathiques sur fond d’esprit Mosh potache, car l’art de ces suédois est sérieux, et se manifeste autour de structures complexes, à la limite d‘un progressif modeste. C’est d’ailleurs au regard de ces incroyables qualités que j’ai décidé d’une chronique individuelle et non d’un résumé hebdomadaire de la case Thrash underground, et plus les écoutes se multiplient, plus je suis conforté dans mon choix. Car il y a beaucoup à dire à propos de ce trio incroyable qui a relevé la gageure de composer l’album le plus excitant du moment.
« Rajvosa » par exemple, est un monstre de composition à tiroir, drivé par de multiples tempi et autres plans imbriqué. Totalement soutenue par une production énorme qui fait claquer la basse et grogner le chant, cette composition est assez révélatrice de l’état d’esprit des suédois. Prendre son temps pour instaurer une ambiance, et ne jamais relâcher l’étreinte. Résultat, la strangulation de passion vous fait perdre votre libre arbitre, et vous cédez rapidement au charme d’un album fouillé et complexe. Au premier plan, le talent incroyable de ce frontman riffant et hurlant, Berno Jozić. Sorte de fils légitime de James Hetfield et Dave Mustaine, roi de la syncope et de la ligne vocale en décalage avec les saccades, ce leader indéniable sait comment utiliser ses deux instruments, pour nous livrer une performance hors-norme, ponctuée de soli incroyables et mélodiques. On se prend parfois à rêver d’un best-of de GRIP INC en version plus rétrograde, et on apprécie tous ces morceaux qui ne se contentent pas d’un plan réchauffé pour exister.
Dans le fond et la forme, sans distinction, Monument pourrait bien être l’album Thrash de l’année tant son intelligence prend le pas sur sa culture traditionnelle. En refusant de photocopier au dernier moment les partitions des cadors pour les rejouer à l’identique, les OMINUM nous servent un répertoire incroyable, furieux, ambitieux, comme ce « The Crescent or the Cross », qui joue avec les BPM pour se rapprocher d’un EXODUS sortant d’une bonne séance de pilates.
Grognon mais droit dans ses bottes, surdoué mais encore discret, OMINUM ose les mélodies à la The New Order (« Monument I »), histoire de lancer un triptyque de plus d’un quart d ‘heure, judicieusement placé à mi-parcours. Les trois volumes de « Monument » permettent à l’album d’éviter le coup de mou, et relancent même une attention déjà à son maximum. Assez proche d’une version musclée de Master of Puppets, avec évidemment une approche plus contemporaine, Monument se compare plus facilement à une traduction moderne qu’à un simple homonyme de la discographie des HALLOWS EVE, et nous embarque dans un voyage vers les côtes suédoises, qui décidément, envoient chaque semaine leurs navires les plus vaillantes nous attaquer de toute part.
Les radicaux déprimeront de l’absence d’un titre plus lapidaire, mais les fans d’un Thrash précieux et inventif sauront reconnaitre un album exceptionnel, et un travail fourni remarquable. Rien que l’épique « Psychosis » justifie des écoutes répétées, avec plus de huit minutes de déroulé fantastique, résumant quarante ans de violence. Par petites touches, on reconnait évidemment l’importance des références les plus classiques (SLAYER, OVERKILL, TESTAMENT), et on déguste cette variété de BPM qui ruent dans les brancards avant de jouer le pilonnage Heavy sans pitié.
Jusqu’à son terme, ce premier album tient la dragée haute au reste de la production, et ne se permet donc aucune erreur. La confirmation d’une bonne impression, et d’une appartenance à une écurie nationale qui de mois en moins, éclipse les autres flottes de violence. OMINUM est une énorme révélation, qu’il conviendra de suivre de très près.
Titres de l’album :
01. Leviticus (In His Name)
02. Rajvosa
03. The Crescent or the Cross
04. Monument I
05. Monument II
06. Monument III
07. Psychosis
08. Nibiru
09. Fire
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