Du nom à la pochette, du titre à l’attitude, des photos promo aux influences, pas de doutes possibles. Les SADISTIC ROT jouent du Death Metal old-school, et du vrai. En même temps, qu’attendre d’autre d’un quatuor qui a été capable de baptiser son premier EP Death Till Death, si ce n’est un aveu d’allégeance à un style qu’ils vénèrent au-delà de tout. La mort donc, la mort aussi, la souffrance, et tous les clichés liés à un sous-genre que nous affectionnons depuis les années 80, et qui fut popularisé et quasiment inventé par un américain s’appropriant le nom même de la grande faucheuse. Formé par Mario Montenegro (guitare/chant) et Fernando Collazos (parti depuis) en 2012 sous le nom plus bref de SADICTIC, SADISTIC ROT est aujourd’hui un quatuor auquel se sont greffés Dante Toro (guitare), Gabriel Quiroz (basse) et Adrian Toro (batterie). Après avoir entamé sa carrière semi-pro avec une démo de répétition (Morbid Nightmare, 2017), le groupe a gravi patiemment les échelons, avant de se lancer dans le grand bain du longue-durée, que nous pouvons désormais apprécier pleinement. La première chose qui frappe sur cette réalisation, c’est sa superbe pochette qui évoque tout autant les templiers d’Amando de Ossorio que l’univers gothique de la Hammer, et qui donne de précieuses indications sur l’approche de musiciens ne se reconnaissant que dans un Death Metal des origines, combinant la froideur scandinave, la brutalité américaine, et la bestialité sud-américaine. Originaires de Pasto en Colombie, ces jeunes musiciens ne désirent donc pas révolutionner le créneau, mais lui rendre hommage au travers de morceaux simples, directs, mélangeant les techniques de lourdeur extrême et de violence soutenue.
Il n’est donc pas difficile de tomber sous le charme d’un album qui confirme tout le bien qu’on pensait suite à la parution du EP précédent. Le groupe a progressé depuis, a considérablement travaillé ses ambiances pour proposer autre chose qu’un simple succédané des succès de l’âge d’or. Même si SADISTIC ROT affiche ses références sans aucune honte (SEPULTURA, UNLEASHED, CANCER, PESTILENCE, IMMOLATION, BENEDICTION, GORGUTS, ENTOMBED, GUTTED, DEATH), il apporte un petit plus à cette vague nostalgique qui n’en finit plus de repasser les linceuls de ses aînés. En ajoutant quelques effets très pertinents au clavier, se rapprochant ainsi d’une version morbide de NOCTURNUS, et en troussant des intros gentiment glauques et cinématiques, SADISTIC ROT développe donc des ambiances relativement envoutantes qui permettent d’excuser le formalisme de son instrumental. Ce formalisme s’articule donc autour de riffs très classiques, qui embrasent l’atmosphère dès « The Unnamed Creature's Carnage », mise en jambes symptomatique de la philosophie des colombiens. Ne pas foncer tête baissée, se montrer allusif à toutes les nuances d’un style extrême qu’ils respectent, oser les cassures régulières pour ne pas lasser et se rapprocher d’un PESTILENCE en moins sophistiqué, pour imposer leur patte sans aucune prétention. Ils pourraient pourtant en avoir, puisque l’efficacité de ce premier LP est manifeste, doté en sus d’un son légèrement sourd et caractéristique des productions underground de l’orée des années 90. En proposant dans le même morceau toutes les fragrances d’un Death de tradition, SADISTIC ROT met les choses au clair immédiatement, et laisse traîner à dessein sa carte de visite sur le cercueil, s’affiliant de fait à la vague old-school sévissant depuis deux décennies.
Mais cette efficience intelligente rend le classicisme encore plus hypnotique. Si le chant sourd et grognon de Mario Montenegro ne dévie jamais de sa gravité de circonstance, si les soli les plus mélodiques souffrent d’une approximation un peu dérangeante, la rythmique abat un boulot de titan qui permet d’excuser quelques mièvreries harmoniques. Rien de bien nouveau dans les caveaux, mais du panache dans le macabre, une touche AUTOPSY parfaitement délicieuse, et des structures moins simples qu’il n’y paraît au prime abord. On aime particulièrement ces accélérations fulgurantes qui déboulent de nulle part, et ces instants de chaos pur et dur qui transforment certains titres en massacres post-mortem (« F.C.T.A.D.P (Censored) »). Assez générique dans le fond, mais un peu plus spécifique dans la forme, Morbid Nightmare mérite donc son nom, et met en scène de petits scénarii d’horreur très efficaces et convaincants, tournant toujours autour du même ballet d’outrance raisonnable, avec à intervalles réguliers des arrangements évanescents et poisseux dignes de la BO d’une bonne série B. « The Inexpressive » en est un parfait exemple, avec ces nappes de claviers qui viennent chatouiller une guitare monolithique, et contrebalance parfaitement la crudité de segments volontairement outranciers (« Dismembered Innocence »). Toute la panoplie du parfait sauvage est donc utilisée, ce qui aboutit à un produit tout à fait compétitif, subtil mélange d’ambition globale et de détermination précise. On se reprend à penser à ces albums parus il y a plus de vingt ans qui édictaient tous les éléments d’un genre moins unidirectionnel qu’à sa naissance, et entre « The Devil's Eyes » et son beat accéléré, et « Hanged by Guts » et sa lourdeur suffocante, le tableau dépeint à de faux airs de dessin de serial killer dans l’attente de son prochain méfait, ruminant sans sa cave, l’écume aux lèvres en songeant à ses prochaines exactions lubriques.
Bel effort donc que ce premier LP des colombiens de SADISTIC ROT qui se placent de facto dans le peloton d’exécution des tueurs à suivre de très près. Mais pas trop, ils ont la machette leste et tranchante.
Titres de l’album :
01. The Unnamed Creature's Carnage
02. Human Flesh Gluttony
03. F.C.T.A.D.P (Censored)
04. Morbid Nightmare
05. The Inexpressive
06. Acrotomophilia
07. Dismembered Innocence
08. The Devil's Eyes
09. Hanged by Guts
10. Psychopath's Funeral
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