Alors que je devisais sereinement avec un asticot dans mon jardin, j’explorais les diverses options nous restant. Mourir dignement, crever dans la folie la plus totale, ou nous auto dévorer pour cannibaliser cette énergie néfaste qui nous anime depuis des siècles. Mon interlocuteur, à l’appétit soudainement aiguisé me confirma que les trois options lui convenaient, mais je ne pouvais m’empêcher de penser qu’une sortie de route se soigne. En plein marasme, je m’ébouriffais les cheveux qui me restent, avant de prendre une décision : confier mon avenir à la première sortie intéressante de l’après-midi.
Et en tombant sur UNDEATH, la réponse devint claire comme des glaires.
UNDEATH est d’ailleurs la réponse à tout lorsqu’on est fan d’un Death traditionnel joué par des artisans. Signés sur le très respectable Prosthetic Records, les résidents de Rochester, New-York en ont après tout le monde, mais en donnent à tout le monde. Après tout, avec deux albums dans la besace et un label fameux, le quintet n’a pas à s’en faire. La mort viendra assez vite, alors autant la décrire crument quand on en a encore le temps.
Deux ans à peine après le déjà très vilain It's Time...to Rise from the Grave, la bande se remue la panse et nous livre un carpaccio de Death brutal qu’on déguste avec une petite sauce aigre-douce. Adeptes du concis qui tue, les cinq musiciens (Matt Browning - batterie, Kyle Beam - guitare, Alexander Jones - chant, Tommy Wall - basse et Jared Welch - guitare) se repointent donc la mine faussement boudeuse et le regard perçant. Mais comment peuvent-ils afficher une telle confiance ? Simple. Parce qu’ils jouent le meilleur Death actuel, avec une nostalgie qu’ils accommodent à leur façon.
« Mazette, quelle pochette ! » s’est écrié mon interlocuteur bouffeur de viande avariée. Et il avait raison. Cet artwork de l’enfer donne franchement envie de jouer le disque, et de le jouer très fort. Mais More Insane n’a pas choisi ce titre par hasard. Non, il faut en avoir dans le buffet pour nous promettre une folie encore plus intense, et après deux ou trois écoutes barbares, l’évidence frappe au coin de la table de chevet : ce troisième album enterre la concurrence et la livre en pâture aux…asticots.
D’une production irréprochable à une interprétation magistrale, More Insane nous rappelle le meilleur des jours malheureux. Un peu CANNIBAL CORPSE en plus propre, un peu SUFFOCATION à l’arrière du camion, le quintet passe d’une technique avisée à une colère avinée, et nous délecte de ses hymnes à la cruauté. Et « Dead From Beyond », malgré une courte intro qui marche au pas dégénère vite en course au trépas, avec vibrato pulvérisé, double grosse caisse concentrée, et guitares en surchauffe assumée. La formule fatale pour la chair, et une envie certaine de (re)donner ses lettres de noblesse à un genre qui tourne parfois en rond de son approche old-school en carton.
Enregistré, produit, mixé et masterisé par Mark Lewis, ce monstre de puissance exhibe des muscles épais et une rage en bandoulière. On ne peut que se laisser aller à ses instincts les plus dépravés en écoutant cette collection de sévices musicaux, qui honorent Rochester d’une ambiance de film d’horreur. Carré, biseauté, More Insane est de ces soudaines crises inexplicables, lorsque le sang ne fait qu’un tour et que la machette vous en joue quelques-uns. C’est éminemment bourrin, mais terriblement pertinent et ludique. Les titres les plus frappés donnent clairement envie de tout massacrer, avec dans les oreilles un « Wailing Cadavers » qui donnerait une crise de priapisme à n’importe quel nécrophile.
Logique, implacable, pratique et impeccable, ce troisième album est un mode d’emploi à l’usage des fans de morbide qui ne savent pas par quelle tripe attraper le genre. Tout y passe, tout trépasse, et la rondeur de la rythmique n’a d’égal que la prolixité des guitares. Un festival de riffs, parfois trois ou quatre par morceau, des plans beatdown pour le côté contemporain, et tout gicle, et vous laisse de la bidoche entre les mains.
« Disputatious Malignancy », maladif mais hystérique, « Disattachment of a Prophylactic in the Brain » à l’intro binaire joyeuse et au thème rigolo qui devient vite parano, « Bones Clattering in the Cave » qui entrechoque les squelettes pour remplacer les maracas de Bernadette, la playlist est exhaustive, et on ressort de l’expérience lessivé comme une vieille serpillière usée.
Du Death sérieux, mais qui a su garder la distance nécessaire. Du bourrin très malin, qui en appelle aux sentiments les plus primaires, mais aussi aux exigences les plus sévères. UNDEATH marque le coup mais pas le pas, nous laisse le cou à deux doigts du trépas, et repart chanter ses ritournelles aux macchabées qui traînent. Largement de quoi passer l’automne au chaud, entre un crématorium et un food-truck spécialisé dans le gaspacho.
Mais malheureusement, après un tel traitement, impossible de poursuivre ma conversation avec mon ami l’asticot. Qui a d’ailleurs trouvé un cadavre de pigeon et qui fait ripaille. Grand bien lui fasse, tout le monde a le droit de se sustenter après tout.
Titres de l’album :
01. Dead From Beyond
02. More Insane
03. Brandish the Blade
04. Disputatious Malignancy
05. Sutured for War
06. Cramped Caskets (Necrology)
07. Bounty Hunter
08. Wailing Cadavers
09. Disattachment of a Prophylactic in the Brain
10. Bones Clattering in the Cave
Bandcamp officiel
En tenant ce rythme et une qualité certaine, Undeath est en train de s'imposer comme un classique du Death Metal de la présente décennie (pour ceux qui aiment répartir en cases de chiffres ronds...). Ils remettent au goût du jour la bonne vieille recette basique du Canniboule de l'ère Corpsegrinder. La part Thrashy à la Malevolent Creation des précédents opus évolue sensiblement vers un terrain légèrement plus technique, comme fruit de l'expérience qui s'accumule.
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