Morph

Krashkarma

07/09/2018

Splitnails Records

Le syndrome WHITE STRIPES du Metal a encore frappé, sauf qu’en lieu et place d’un faux frère et d’une vrai amoureuse, nous avons droit à deux musiciens bien dans leur époque, outrageusement photogéniques, et musicalement plus que capables. Ceux qu’une certaine forme de musique moderne révulse, au point d’immédiatement se cacher au milieu de leurs vinyles d’époque auront bien du mal à se satisfaire de ces sonorités délibérément contemporaines, arguant du fait qu’une utilisation poussée des arrangements et de l’électronique n’a rien à voir avec le Hard-Rock, et ils auront raison quelque part, puisque la musique des KRASHKARMA n’a qu’un lointain rapport avec le style générique qui nous concerne. Pourtant, en accusant une décennie passée sur la route et dans les studios d’enregistrement, ce duo sexy but choc a largement de quoi être fier de son parcours, et savoir exactement ce qu’il souhaite jouer et hurler. Electronique, gros riffs assez calibrés, duo de voix complémentaires, vous sentez le Metalcore à plein nez, et vous n’aurez pas tout à fait tort. Pourtant, ce nouvel album des deux mannequins alternatifs de L.A. pourra séduire tous ceux qu’une incursion dans le domaine de la Pop n’a jamais rebutés, et surtout, séduire les amateurs de mélodies accrocheuses mises en relief par une production up in time, et une science de la composition calibrée assez bluffant. Difficile de retracer le parcours des californiens, leurs sites et pages étant plutôt avares de bio, mais il n’est pas difficile de comprendre à l’écoute de ce Morph, qu’ils ont décidé de capitaliser sur leur passé pour s’ouvrir grand les portes de l’avenir. Et comme en plus, le concept du disque est en parfaite adéquation avec son contenu, l’affaire tourne rond, mais risque de tourner en rond pour les amateurs de True Metal qui n’y retrouveront pas leurs petits avec leurs vestes patchées.

Ralf Dietel (chant, guitare, basse) et  Nicole Skistimas (chant, batterie) ne sont donc plus des bleus depuis longtemps, et leur expérience parle au travers des douze compositions de ce nouvel album, faisant la part belle aux sonorités modernes des années 2000, remises au goût du jour pour une meilleure compréhension. Je parlais plus en amont de Metalcore, et c’est un fait indéniable sur plusieurs segments de ce LP, bien que globalement, les deux angelinos préfèrent louvoyer entre les sous-genres pour imposer le leur. Pour situer un peu les débats, certains webzines ont cru bon de citer les influences possibles des GODSMACK, de BREAKING BENJAMIN, LIKE A STORM, tandis que d’autres, qui n’ont pas jugé bon d’aborder le cas de cette nouvelle œuvre auraient pu se montrer allusifs envers les SLIPKNOT dans les passages les plus tendus, ou citer les MADINA LAKE dans une version beaucoup plus musclée, voire pousser les choses jusqu’à dessiner un partenariat entre Rob ZOMBIE et les TOKYO TABOO, sans que l’image ne paraisse déplacée ou incongrue. Pourquoi cette confusion des références ? Tout simplement parce que Morph, bien que cohérent, n’aime pas se fixer sur une approche unique, et préfère butiner les fleurs actuelles pour polliniser son nectar à base d’énormes guitares et de dualité de chant. Versatilité ou pluralité mal contrôlée ? Désir de plaire au plus grand nombre ou je-m’en-foutisme artistique absolu qui n’a cure de la logique et de l’homogénéité ? Un peu de tout ça, mais surtout, beaucoup d’énergie au final, des mélodies qu’on retient, d’énormes riffs qui s’incrustent dans la mémoire, et pas mal de culot pour oser proposer une grosse bordée de hits qui prennent des airs de best-of au final.

Enrobé dans une production parfaitement gigantesque, Morph est une nouvelle étape qui s’accorde parfaitement de son concept. A l’écoute des douze titres de l’album, on a vraiment le sentiment d’assister à la mise au monde d’un monstre protéiforme, qui assimile et ingurgite les tendances de son époque pour se fondre dans la masse, sans perdre son identité en route. Et aussi étrange que cela puisse paraître, et malgré des choix parfois hasardeux au niveau des arrangements et des refrains un peu trop systématiques, les KRASHKARMA parviennent à rester eux-mêmes tout en assumant des emprunts parfois assez flagrants. On pourrait au passage suggérer que la fée THE MURDER OF MY SWEET s’est penchée au-dessus de leur berceau, ou que les HE IS LEGEND leur ont soufflé quelques conseils d’adulte, mais il est toutefois impossible de nier que Ralf et Nicole font absolument ce qu’ils veulent, sans tomber dans le piège de la paraphrase de parrainage.  Et sincèrement, aussi réfractaire à ce genre de comportement puis-je être, j’ai complètement craqué pour un disque décomplexé, qui ose accumuler les poncifs pour les rendre siens, et qui parvient au final à emporter l’adhésion. Je vous mets d’ailleurs au défi de trouver le moindre titre faible sur ce LP, si ce ne sont que quelques baisses de régime éparses. Tout est calibré pour qu’aucune aspérité ne puisse dépasser, et on se rend compte de l’aspect poli de l’entreprise dès l’entame « Wake Them Up » en forme d’injonction obligeant à la danse et au headbanging. On se dit alors que le chemin suivi va forcément nous mener sur les traces des groupes Metalcore à la mode, mais face aux trouvailles ingénieuses des deux musiciens, les certitudes vacillent, et on se prend d’admiration pour ce riff élastique et cette complémentarité vocale presque familiale, qui juxtapose la voix acidulée et sensuelle de Nicole et les harangues modulées de Ralf. Refrain surpuissant, mélange des genres, et progression harmonique/puissance parfaitement dosée et agrémentée de chœurs collégiaux. « Stranded », le single de l’album sonne comme un archétype, presque un cliché, et reste pourtant diaboliquement pertinent dans son désir d’unir le Metal moderne et la Pop dans une union bien moins niaise que les associations actuelles.

Certes, et j’en conviens, tout cela ne dépasse que très rarement le stade de l’assemblage habile, beaucoup plus professionnel que les tentatives du docteur Frankenstein pour recoudre sa créature et lui donner vie. Morph au contraire, déborde tellement d’envie qu’on sent que l’électricité n’a pas besoin d’être lâchée à plein régime pour le faire bondir, et la chose se prend même soudainement de passion pour un concert Pop-Punk mâtiné de riffs d’acier (« R.I.O.T » qui doit plus ou moins incarner l’adolescence de la bête et la découverte des plaisir collectifs). Elle a même le droit de se montrer plus sensible que la moyenne, et d’exprimer ses émotions (« Way In/ Way Out »), sans vraiment nous convaincre de sa tristesse, se montrant plus humaine dans ses moments les plus intenses (« The Forgotten Man » et son parfum WHITE ZOMBIE modulé d’impulsions à la SPINESHANK). Mais le parcours du résultat ambulant de cette expérience s’en montre donc erratique, comme si elle découvrait les différents aspects de la vie pêle-mêle, sans parvenir à faire le tri. Ces déambulations stylistiques pourront décontenancer l’auditeur et le fan plus habitués à une cohérence globale sans failles, mais c’est justement ces hésitations/déviances qui font le charme d’un album qui aurait facilement pu sombrer dans la facilité et la redite. Et sans vraiment bousculer son karma, KRASHKARMA nous offre avec Morph un travail intéressant sur un problème de fond, ou comment transcender des figures imposées pour aboutir à un résultat qui tient la route.   

       

Titres de l'album :

                         01. Wake Them Up

                         02. Stranded

                         03. Footsteps Of A Lemming

                         04. The Forgotten Man

                         05. R.I.O.T.

                         06. Mechanical Heart

                         07. Children Of The Never

                         08. Morph Into A Monster

                         09. Bury Me Alive

                         10. Way In/Way Out

                         11. War

                         12. Picture Perfect

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par mortne2001 le 29/09/2018 à 14:15
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