La moindre des choses lorsqu’on s’absente pendant un long moment, est de revenir avec une explication, ou au moins des excuses. Je m’imagine assez mal débarquer chez des amis comme une fleur, le sourire aux lèvres pour toute justification, les mains vides, comme si j’étais parti la veille. Ce qui est valable dans la vie de tous les jours est aussi valable d’un point de vue artistique, spécialement lorsque vous êtes un artiste en vue.
Et ça, THEOCRACY l’a très bien compris.
Absent des radars depuis sept ans en format longue-durée, le groupe d’Athens, Georgie, avait un sacré pari à relever pour se faire pardonner d’une disparition de sept longues années, suite à la publication de son quatrième album Ghost Ship. 2016/2023, entre temps de nombreuses choses se sont passées, de nouveaux héros ont émergé, et la nostalgie s’est méchamment imposée comme une norme incontournable. Rattraper le temps perdu n’est donc pas chose aisée, et mieux vaut frapper à la porte avec un sacré paquet de bonnes raisons. Ou une seule.
Mosaic.
THEOCRACY savait que ce comeback from the dead n’était pas gagné d’avance. Alors que le Net permet à des artistes d’occuper le terrain sans maison de disques ni autre promotion que leur propre talent, retrouver un statut enviable demande abnégation, talent et confiance. Et Matt Smith, leader de ce quintet noble aux quêtes religieuses se devait de composer des morceaux agressifs, mélodiques, dans la plus pure tradition de sa propre passion. Mais l’homme a abordé le problème par sa face la plus lisse. Désireux de renouer avec sa fanbase, le chanteur a tout simplement fait ce qu’il sait faire de mieux, écrire des chansons épiques, et les interpréter avec les tripes, et les meilleurs musiciens possibles.
Depuis 2016, pas de grand changement au niveau du personnel. Outre Matt au micro et aux claviers, nous retrouvons Jonathan Hinds à la guitare, Jared Oldham à la basse et Ernie Topran à la batterie, qui ont accueilli comme il se doit le petit nouveau Taylor Washington à la seconde guitare. Depuis 2016, pas de changement de cap au niveau artistique. THEOCRACY s’épanouit toujours dans un Power Metal épique, subtilement Progressif, incroyablement technique, mais très émotif. Entre STRATOVARIUS, HELLOWEEN, AVANTASIA, SONATA ARCTICA et RHAPSODY, Mosaic vient donc compléter une œuvre déjà bien fournie, et appréciée des connaisseurs. Connaisseurs qui à n’en point douter vont adouber ce nouvel album avec un respect teinté d’admiration.
Puissance, fluidité, mélodies. Mais aussi exigences. Car Matt Smith n’est pas du genre à laisser passer des fillers pour boucher les trous. Il l’avoue lui-même, les compositions les plus faibles sont mises à la poubelle, et celles figurant sur l’album définitif sont celles envers lesquelles il a le plus confiance. Et en écoutant les dix pistes de ce cinquième album, on se dit que la méthode est efficace et éprouvée. Aucun remplissage facile, du top notch, des refrains qu’on reprend en serrant les poings, et un trip les yeux fermés dans une quête d’absolu Heavy Metal, boosté d’une énergie Speed assez impressionnante. Autant en tout cas que « Flicker », le burner qui ouvre le bal sur un tempo infernal.
Mosaic explore toutes les possibilités offertes par un style finalement assez perméable. Nous passons ainsi d’une atmosphère bouillante à un moment d’émotion poignant, parfaitement incarné par le superbe « Return To Dust », qui n’est pas sans rappeler le STRYPER du nouveau siècle. En sus de partager des convictions, les deux groupes ont compris que leur foi devait s’exprimer avec la puissance nécessaire pour ne pas sombrer dans la mièvrerie. Ce qui implique un travail de fond sur les tonalités et couleurs, et une puissance sous-jacente transcendant des riffs classiques, qui parfois suggèrent une fascination pour le MEGADETH le plus radiophonique (« The Sixth Great Extinction »).
THEOCRACY a donc pris son temps, mais pas n’importe comment ni pour n’importe quoi. Pour se renouveler, reprendre des forces, et se jeter dans la bataille comme un guerrier assoiffé de sang impie. Un chevalier à l’épée sans pitié, au cheval turbocompressé, et qui traverse le champ de bataille comme un seigneur de guerre (« Deified », qui rumine, fulmine, et explose d’une saine rage).
Construit autour de chansons liées mais indépendantes, Mosaic peut se reposer sur les qualités de certains titres plus charmeurs que d’autres (« The Greatest Hope », superbe ballade à la nostalgie automnale), mais tire sa force de sa globalité diversifiée.
Entre les ruées dans les brancards qui laissent de vilains cocards (« Liar, Fool, Or Messiah », du SYMPHONY-X joué par DREAM THEATER), et le Power Metal qui flirte avec un Thrash light (« Sinsidious (The Dogs Of War) »), Mosaic convainc, impressionne, et nous laisse face à un énorme pavé de près de vingt minutes comme excuse définitive.
« Red Sea » reprend à son compte la légende de Moïse et des eaux fendues, et nous déroule le tapis rouge sang d’une histoire biblique éternelle. Pour illustrer cette passion, Matt et les siens n’ont pas hésité à voir grand, en signant une véritable superproduction audio pour pèlerins et fidèles avides de mythologie. A la manière d’un MAIDEN en stage chez Neal Morse, THEOCRACY aplatit la concurrence, et signe l’un des morceaux les plus capitaux de sa carrière. Cette traversée sans fin nous hypnotise de ses harmonies, de ses riffs tout sauf aigris, et nous entraine au-delà de l’heure de jeu, sans qu’on ait le sentiment de poursuivre un horizon qui s’éloigne à chaque seconde.
Superbement produit, Mosaic est un retour en fanfare qui excuse ces sept années de silence. Sur le pas de votre porte, THEOCRACY se présente en costume, l’air humble, mais les bras chargés de cadeaux. On ne peut raisonnablement pas en vouloir à un ami de longue date qui sait trouver les bons mots pour justifier tous ceux qu’il n’a pas prononcés.
Titres de l’album:
01. Flicker
02. Anonymus
03. Mosaic
04. Sinsidious (The Dogs Of War)
05. Return To Dust
06. The Sixth Great Extinction
07. Deified
08. The Greatest Hope
09. Liar, Fool, Or Messiah
10. Red Sea
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