Barcelone est en feu. Non, pas comme la Californie récemment et heureusement, mais plutôt comme San Francisco dans les années 80. Le feu nourri d’une génération de musiciens agressifs, s’en prenant à tout ce qui les entoure. Le feu sacré du Thrash, qui plus de quarante ans après sa naissance se prend toujours pour le bambin maléfique et dédoublé de Bonded by Blood, hurlant comme pas deux et croquant le sein qui le nourrit. Depuis longtemps, l’Espagne est devenu un autre asile pour ce genre de créatures, qui se retrouvent dans des institutions comme Xtreem Music, pouvant de fait exprimer leur(s) personnalité(s) profonde(s), et leur caractère irascible et joyeux à la fois.
Difficile de ne pas se prendre d’affection pour ces jeunes démons, surtout lorsque leur discours est aussi fluide et concis. Le quintet TERMINAL VIOLENCE fait partie de cette nouvelle garde ibère et brutale, et son premier LP officiel a de quoi en remontrer aux plus rebelles. En une poignée de titres, les barcelonais justifient leur présence sur la scène, sans pour autant proposer quelque chose d’original. Mais l’enthousiasme, la rage, la folie et la bonne humeur qui se dégagent de cet album sont tels qu’on en oublie le manque de culot et le côté très classique des ritournelles.
Tolo (chant), Micky (basse), Edgar & Pal (guitares) et Hèctor (batterie) sont sans doute le fruit d’une copulation furieuse entre ASSASSIN, VIO-LENCE sur MUNICIPAL WASTE. En gros, l’atrocité née de l’histoire d’amour et de sexe fugace entre un assassin et un maître de la violence, tous deux s’ébattant dans un bourbier de matières toxiques, pour mieux accentuer les déformations de leur future engeance. D’où ce crâne surdimensionné, ces mouvements erratiques et cette propension à gueuler à chaque ouverture de bouche.
Si l’instrumental se montre solide de bout en bout, alternant les tics d’usage, c’est la voix incroyable de Tolo qui surprend, quelque part entre Robert Gonnella, Sean Killian et Thorsten Bergmann. Une voix époumonée, aux aigus prononcés, comme un dernier râle avant l’arme à gauche, qui permet aux riffs de se voir transcendés et la rythmique propulsée. Le classicisme de l’affaire est donc excusé, puisque ce chanteur emballe les débats avec un enthousiasme diabolique, et ce, dès « Sound The Alarm », avertissant le personnel de la surchauffe d’un des réacteurs.
Rigolard mais sérieux à la fois, TERMINAL VIOLENCE s’inscrit parfaitement dans cette tendance Crossover tirant plus sur le Metal que sur le Hardcore, et capable de composer de véritables hymnes avec du fond. Ainsi, « Smart Is The New Dumb » se pose là en tant que constat d’une dérive cognitive alarmante, la bêtise humaine ayant gagné ses galons et étant devenu d’une normalité confondante. Mieux vaut jouer les débiles donc, sous peine d’être mis au banc de la société, ce qui en dit long sur l’abêtissement de notre jeunesse.
Cette jeunesse justement pourrait faire de ce quintet son porte-étendard si elle lâchait ses écrans quelques instants. Elle devinerait évidemment que la plupart des riffs présentés ont déjà été largement utilisés, qu’ils n’ont pas la portée de ceux de SLAYER ou KREATOR, mais qu’ils parviennent quand même à convaincre le fan de Thrash de la valeur d’une nostalgie réévaluée d’heure en heure.
« Seeds », plus lourd et insistant permet de constater l’importance de chœurs collégiaux beuglés comme à la parade, mais aussi la solidité d’un batteur qui sait modérer sa frappe pour la rendre plus concentrée. D’ailleurs, Hèctor est l’autre valeur sûre du groupe, formant avec le chanteur Tolo un duo à la Hunting/Baloff, ce qui permet à Moshocalypse de ne pas être qu’une incartade de plus sur le terrain de la gaudriole violente. Mais après tout, il y aurait bien pire qu’une apocalypse Mosh. Le fait de partir en beauté en imitant le déhanché d’un crapaud handicapé vaut son pesant de badges, et les dix morceaux de ce premier long sont une bande-son idéale pour une annihilation totale.
Dix morceaux, mais huit inédits seulement. Les espagnols en ont profité pour réenregistrer le single « Slaves Of Greed » et le classique « Zombie Mosher », qu’on trouvait sur leur premier EP. En sublimant leur inspiration d’une énergie TANKARD coulant des futs fuyants, les ibères évitent les faux-fuyants et nous jouent une partition souriante et démente, ce qu’on attend d‘un tel album.
« Pedal To The Metal » rend d’ailleurs hommage à notre musique préférée, appuyant sur son côté le plus ludique et Thrashcore, et justifie l’intérêt que vous pourriez porter à un disque dont l’intensité ne se dément jamais.
Très bon sans être excellent, stimulant sans être étonnant, Moshocalypse est un pur produit de son époque, qui dénonce, qui se moque, qui enfile sa toque et trifouille des plats relevés, au goût éprouvé.
When you’re caught in a mosh, nobody can hear you scream.
Titres de l’album:
01. Sound The Alarm
02. Instinct Suppressor
03. Fuck The System
04. All Hail Zyon
05. One Step To The Front
06. Smart Is The New Dumb (ft. Guillermo Izquierdo)
07. Seeds
08. Slaves Of Greed
09. Pedal To The Metal
10. Zombie Mosher
putain ça bute ! merci pour la decouverte !
La différence de style n'est pas surprenante, ils n'ont jamais refait le même album. Mais ça rend mou, fatigué, sans inspiration... et décevant après une si longue attente. Espérons que le reste soit meilleur.
13/04/2025, 12:10
@DPD je suis d'accord avec toi et c'est vrai que dans le genre, Vektor est l'un des rares groupes à avoir proposé quelque chose de neuf. Pour ma part, je rajoute également Power Trip qui, même s'il ne propose rien de foncièrement neuf, a un gr(...)
13/04/2025, 07:58
Arioch91, c'est juste que le thrash basique on a largement fait le tour, depuis une trentaine d'années en fait. Vektor avait remis un coup de boost dans la scène avec ses tendances progressives et autres, mais il semblerait que le mec était pas sympa dans sa vie pri(...)
13/04/2025, 02:02
Grosse déception pour ma part.C'est sûr que faire poireauter les fans après 34 ans, l'attente est forte et surtout, on attend LE truc qui va tout niquer.Mouais.Je passe sous silence la cover qui pue l'IA à plein nez.Qu'est(...)
12/04/2025, 18:53
Ouh que c'est bon ça !!! !!! !!!Un truc qui puise à mort dans les 90s !NECROMANTIA et BARATHRUM en tête... ... ...
11/04/2025, 09:36
Je veux bien que la société polonaise soit différente, mais ses provocations à deux balles passent pour du Manson 20 ans trop tard, c'est tellement commun..
10/04/2025, 16:41
Juste une remarque, je suis pas au courant des lois françaises, si j'ai outrepassé mes droits vous pouvez virer ce commentaire pas de soucis.
10/04/2025, 15:17
Cher Emptyrior, je suis juste homophobe, voilà tout. Il y a des gens comme ça que veux-tu. Mes excuses si tu es blessé par mes propos, j'espère que tu sauras t'en remettre.
10/04/2025, 15:04
@ DPD : Certaines personnes ne comprennent en effet pas ce qu'implique une guerre, et se permettent de faire tranquillement des commentaires dans leur canapé en mettant pays agresseur et pays agressé dos à dos. L'ignorance et la bêtise n'ont aucune limite(...)
09/04/2025, 23:31
Emptyrior, va donc écouter Taylor Swift si tu veux un safe space
09/04/2025, 05:02
"Des soli qui n’en sont pas et font passer les débuts de KREATOR et SODOM pour des examens de conservatoire" ha ha !Ce groove nihiliste encore. Le pied.
08/04/2025, 22:52
Perso j'ai de quoi faire pour me régaler avec cette affiche : Dark Angel, Enforcer, Benediction, Hexecutor (miam), Belenos, Houle, Suffo (what else ?), etc, sans parler de la scène stoner assez bien représentée cette année... Alors oui déj&agra(...)
08/04/2025, 22:45
@DPD Oui, je suis d'accord, j'ai du mal avec le flicage de tout un chacun pour ses goûts artistiques. Le Metal se nourrit du soufre et de la provocation, il ne doit pas devenir bourgeois compatible. En revanche les remarques homophobes, du genre ''particulièrement(...)
08/04/2025, 20:01