Un nouvel album de SUBTERRANEAN MASQUERADE n’est pas qu’un simple nouvel album qu’on écoute d’une oreille attentive. C’est un livre, mieux, un voyage initiatique qui vous emmène aux confins d’un monde imaginaire ou réel, un monde au sein duquel la musique tient la place la plus prépondérante, et remplace la narration habituelle. Un monde aux couleurs incroyables, aux contrastes prononcés, aux reliefs hypnotiques, et aux personnages typiques, de ceux que l’on aime retrouver d’une aventure à l’autre pour comparer ses expériences. Le groupe israélien sait depuis longtemps quelle est son optique, et prône depuis ses débuts l’ouverture, le métissage le plus poussé, pour oser repousser les frontières d’un Rock progressif qui se veut aussi métallique que Folk, et ce quatrième album du collectif à des allures de perfection cachée sous la perfection, tel un diamant déjà taillé vendu pour brut. Quatre ans après le déjà inoubliable Vagabond, qui traînait sa sagesse sur les routes de la beauté, Mountain Fever nous entraîne à la recherche d’une montage que les musiciens se proposent de nous aider à gravir avec leur savoir-faire et leur imagination. Et si l’ascension est difficile, la victoire n’en est que plus satisfaisante.
Depuis Suspended Animation Dreams, SUBTERRANEAN MASQUERADE a toujours joué l’économie, ne proposant des œuvres que lorsqu’il les jugeait satisfaisantes et épanouissantes d’un point de vue artistique. Pas le genre d’assemblée à parler pour ne rien dire ou à plastronner d’un succès d’estime, SUBTERRANEAN MASQUERADE est une association d’esthètes, qui poussent leurs capacités à bout, essayant même de produire des sons dont on ne les aurait pas jugés capables. Mélangeant les accents orientaux aux attaques les plus franches du Rock, mixant la Pop la plus précieuse au Metal le plus puissant, le groupe nous a toujours offert des cartes du tendre qu’on prend des heures à déchiffrer. En découvrant leur dernier achèvement, l’émerveillement le succède au plaisir, et nous sommes immédiatement tentés d’accoler l’étiquette de « meilleur album » à Mountain Fever. Parce qu’il semble le plus ouvragé, le plus mélodique, le plus varié et le plus enchanteur de leur discographie. Bien que d’obédience progressive, le septet n’a jamais joué la carte de l’outrance gratuite en nous assommant de morceaux interminables, simples prétextes à des démonstrations techniques rébarbatives. Leurs chansons ont toujours mis en avant la mélodie et l’envoutement, et ces dix nouvelles pistes ne font pas exception à la règle. Dès « Snake Charmer », nous tombons justement sous le charme de ce reptile qui s’insinue dans notre cœur et notre âme, via une mélodie de toute beauté et une souplesse rythmique digne des RUSH. Et comme une fois encore, la production relève du miracle, l’équilibre n’en est que plus stable, et pourtant miraculeux quelque part. A l’image de la voix unique et incroyable de Davidavi Dolev, la plus jeune recrue avec le batteur Jonathan Amar, et qui manie le chant comme d’autres le pinceau : l’homme aime les nuances, imite Steve Perry et Mike Patton, Mikael Åkerfeldt et Joey Tempest, et fait preuve d’une palette vocale à rendre quatre-vingt-dix pour cent des chanteurs jaloux et morts de honte.
Il est impossible de comparer les israéliens à telle ou telle référence. On pourrait, dans un accès de facilité citer les MYRATH, OPETH évidemment, THY CATAFALQUE, et quelques autres qui eux aussi côtoient les étoiles, mais en découvrant la multiplicité de « Diaspora My Love », on se souvient du pourquoi du comment, et du fait que SUBTERRANEAN MASQUERADE n’a aucun équivalent sur la scène. Toujours à la lisière, n’ayant aucun problème pour s’échapper du Metal et à s’éloigner de la puissance brute, Mountain Fever est un voyage au long cours, ce deux qu’on entreprend dès l’aube, les paupières encore collées, mais les yeux emplis d’espoir de merveilles. « Mountain Fever », en title-track joue le Rock le plus consensuel et ouvragé possible, avec ses chœurs surprenants et sa mélodie une fois encore cristalline et magnifique. Doté d’un break aux percussions orientales, d’une ligne de basse aussi ronde que les formes d’une danseuse, et d’arrangements exotiques, ce titre est le premier gros choc de l’album, qui ne contient que des performances remarquables. Le groupe parvient en cinq ou six minutes à suggérer des images sonores que d’autres groupes ne pourraient dessiner en vingt ans de carrière, et si le travail remarquable en rythmique du tandem Golan Farhi/Jonathan Amar est d’importance, la somme des arrangements en arrière-plan en dit long sur les possibilités.
Avec trois guitaristes à sa disposition, le groupe joue sur du velours, et les parties tricotées par Omer Fishbein, Tomer Pink et Or Shalev permettent de juxtaposer des riffs vraiment épais aux arpèges plus délicats, les accords en son clair et les soli denses, mais d’une simplicité abordable par tous. Cette chronique aurait matière à faire des pages et des pages, tant chaque morceau nécessiterait une chronique à lui seul. Prenons le cas de « Somewhere I Sadly Belong », sa longue intro aux percussions répétitives agit comme un mantra, alors que ses harmonies d’arrière-plan ne cessent de moduler, laissant l’orgue nous entraîner dans les années 70, tandis que les riffs font allusion aux SMASHING PUMPKINS et à PLACEBO. Soudainement, sans prévenir, le septet se souvient des agressions les plus virulentes des nineties, avec cette embardée rythmique soulignée d’un chant rauque et agressif. Un refrain totalement incongru et semblant né de l’imagination d’un DEEP PURPLE magnifié casse encore la dynamique, et prouve que les israéliens jouent sur plusieurs dimensions en même temps, niant la logique d’un déroulement musical classique pour créer une autre réalité, beaucoup plus fascinante.
« The Stillnox Oratory » à l’opposé, débute comme un numéro de crooner de Mike Patton, dans un de ses nombreux side-project. Mais c’est évidemment le long et imposant « For The Leader, With Strings Music » qui nous plonge dans le marasme du progressif le plus classique, avec toutefois cette touche personnelle qui anime tout l’esprit de l’album. Les segments se succèdent à un rythme raisonnable mais appuyé, les parties les plus rythmiquement classiques sont soulignées de prestation hors-normes, le chant survole l’instrumental avec une habileté surnaturelle, et le tout s’impose dans les grandes largeurs comme un nouveau standard de perfection pour les groupes désireux de se démarquer à l’avenir.
Evidemment, surprise s’entend, je ne peux pas vous dévoiler l’intégralité du voyage sans vous faire perdre le plaisir de la découverte. Mais après quelques écoutes attentives et passionnés, il s’avère que Mountain Fever pourrait bien incarner le meilleur de SUBTERRANEAN MASQUERADE, et son sens du métissage toujours aussi culotté et créatif. L’avenir nous dira, dans quelques années, si ce quatrième album était celui de la maturité ou non, mais le simple fait que le groupe parvienne encore à nous surprendre et à nous émerveiller près de vingt-cinq ans après ses débuts est révélateur de son potentiel encore intact et de sa marge de manœuvre impossible à évaluer. Plus qu’un album, Mountain Fever est une fantaisie poétique enivrante.
Titres de l’album:
01. Snake Charmer
02. Diaspora My Love
03. Mountain Fever
04. Inward
05. Somewhere I Sadly Belong
06. The Stillnox Oratory
07. Ascend
08. Ya Shema Evyonecha
09. For The Leader, With Strings Music
10. Mångata
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20