C’est jeudi, c’est Grind, c’est youpi. Pas Joel Grind, hein celui qui passe son temps à mixer et masteriser des albums comme Zappa enchaînait les live, non, le Grind, le vrai, celui qui mule et qui met des pétards dans les crottes de ton clébard. Enfin le vrai, à en croire ce groupe de barges, c’est plutôt vers le faux qu’il faudrait loucher, puisqu’ils se vantent de jouer du False Grind, sans vraiment savoir ce que ça signifie. Il est vrai qu’après écoute, tout ceci est bien trop pro et carré pour passer pour des tronçons vite assemblés, d’autant plus que les morceaux durent plus de deux minutes. Alors, False Grind ou pas, on s’en cogne, justement parce que ça cogne, que ça vient du New Jersey comme BON JOVI ou Bruce Springsteen, et que c’est à peu près aussi bien fait et choc qu’une calotte dans la tronche d’un gamin trop capricieux au supermarché. Dans les faits, la formation de GROUND remonte à l’orée des années 2010, et c’est en 2013 que les gus ont sorti leur première démo, avant que je ne les remarque à l’occasion de la parution d’Under, la même année. Depuis, les bestiaux n’ont rien lâché, de EP en splits, en passant par des trucs plus conséquents, joué avec la même énergie et la même inconscience de bestiaux. De fait, ces mecs-là sont plutôt francs du collier, et vous offrent une pochette qui ne laisse place à aucun doute. Vrai ou faux, c’est bien de Grind et de Powerviolence dont il s’agit, c’est gras comme un kebab de merde en juillet payé dix euros, mais aussi plus intelligent qu’il n’y parait. Douze morceaux pour à peine vingt minutes de barouf, le tout pour les cinq dollars habituels sur leur Bandcamp, autrement dit une bonne affaire.
Alors comme ça, ils font le deuil de l’innocence. Mais laquelle ? Celle de cette nouvelle génération qui héritera d’un monde en perdition ? Des allusions à la religion et ses abus ? Ceux de la drogue comme semble l’indiquer cette menaçante seringue sur la pochette ? La société consumériste qui ne laissera qu’un champ de ruines pollué par des tours de vice squattées par les plus riches ? Des gosses à la rue ? Oui, c’est un paquet cadeau, mais heureusement, Mourn Innocence a le mérite d’envisager tout ça sous un angle musicalement positif et agencé, et nous évite le bordel discontinu des formations Grind les plus ténues. D’ailleurs, plus qu’un groupe de Grind, GROUND est un groupe de Hardcore dans la tradition la plus noble, en abordant tous les sous-genres avec le même sérieux artistique, histoire de nous calotter dans les grandes largeurs et nous offrir une déculottée. « Compassion Fatigue » d’ailleurs, joue plutôt le jeu d’un Hardcore festif et mastiff, fastif, avec des tendances au Fastcore assez prononcées, malgré quelques growls de bête en arrière-plan. En piquant au Beatdown ses décélérations éléphantesques et gravissimes, au Grind ses blasts imbéciles et au Powerviolence ses tonalités les moins ambivalentes, le quatuor (dont j’ignore les noms et rôles respectifs et je m’en cogne) frappe tous azimuts, et propose une musique hautement jouissive, pas linéaire pour deux sous piqués à sa grand-mère, et brosse un tableau de la violence contemporaine assez plaisant.
Bons musiciens, les mecs jouent en rang serrés, osent même pas mal de trucs au-dessus des deux minutes, frisent les prétentions Thrash lorsque le tempo se calme, mais atteignent quand même une hystérie globale notable. Ainsi, « Motel Succubi » est le genre de truc une fois expurgé de ses penchants les plus vilains qui passerait très bien sur un album de Crossover, avec ses sifflantes, ses riffs plus Metal que la moyenne, et ses breaks millimétrés qu’on peut facilement ranger. Tout à fait à l’aise pour combler cent-vingt secondes avec un max d’idées, les originaires du New Jersey ne visent pas le titre de groupe de l’année, mais nous font plaisir en cavalant D-Beat pour mieux nous broyer Crust’n’Grind (« Gridlocked »), et lâchent des riffs mémorisables que le chien peut ramener à la place de sa balle, soignant les vocaux qui sont hurlés d’une voix juvénile qui ne s’en laisse pas conter. Alternant les humeurs et les tendances avec flair, le quatuor à l’humour promotionnel solide ne nous prend donc pas pour des imbéciles, et étale sa science sur une douzaine de compos, dont une excellente reprise des DESPISE YOU pour terminer leur gâchis qui n’en est pas un. Avec un son qui relègue la concurrence dans les chiottes d’un bar de province, une guitare qui lamine tantôt suédois, tantôt anglais, mais souvent ricain, des passages Mosh et Core qui collent aux oreilles (« Delusions of Grandeur »), mais aussi quelques saillies plus instantanées et affolées (« Mourn Innocence », « Deject », là pour le coup on est plus dans le True Grind que le False Hardcore), Mourn Innocence passe aussi vite qu’un pogo dans le pit, et nous laisse les tympans même pas fêlés, et le sourire bien accroché.
Un peu de brutalité heureuse n’ayant jamais fait de mal à personne, et la crédibilité étant le cadet des soucis de ces quatre tarés, appréciez ce nouvel EP/LP (avec eux et leur sens de la vitesse on ne sait jamais) pour ce qu’il est, à savoir un joli mélange qui annonce de vilains lendemains. Et jeu de lendemains, jeu de super vilains, alors pas la peine de choisir son (Band)camp. Le leur est ouvert à toute proposition pour un bakchich très modique.
Titres de l’album :
1.Compassion Fatigue
2.Most Likely to Recede
3.Motel Succubi
4.Gridlocked
5.Delusions of Grandeur
6.Larcenous Facade
7.Plastic Makes Perfect
8.Deject
9.Plausible Deniability
10.Mourn Innocence
11.Intent to Fall
12.No More...Feelings (Despise You Cover)
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