Amusant de chroniquer le premier EP d’un groupe qui n’en est pas un…Enfin, étymologiquement si, puisqu’il résulte d’un processus collectif, mais pas dans le sens ou tout un chacun l’entend à la base…
Vous n’avez rien compris ? Normal, alors je vous explique.
MOUTH OF MAGGOTS est en fait une collaboration dématérialisée dans tous les sens du terme, et le résultat d’un effort commun partagé par trois musiciens, sans qu’ils ne se rencontrent jamais, autrement que par contact mail et téléphonique.
Association de Will Goodyear, Aaron D.C. Edge et Nick Cacioppo, trois acteurs/actifs de l’underground qu’on retrouve au casting de combos comme LUMBAR, BETWEEN THE BURIED AND ME, THE COMMUNION, MINOR FRET, GROHG, DAKESSIAN, PROCESS BLACK, PHEMÜT et une poignée d’autres, ce trio démoniaque propose donc en cette fin d’année son premier EP, sans que l’on ne sache vraiment si le produit en question connaîtra une extension.
Sous l’égide de composition d’Aaron D.C. Edge, les membres de ce faux trio ont enregistré leurs parties indépendamment des autres, et chacun dans leur coin.
Ainsi, la batterie a été jouée par Will Goodyear et fixée par Scott Crouse aux Sweatshop Audio studios, la guitare et la basse par Aaron D.C. Edge aux Myelin Studios, tandis que le chant fut l’œuvre de Nick Cacioppo, et plaqué sur bits par Jay Newman aux Humanless Compound Studios.
Comme vous le constatez, le procédé est assez étrange, et pourtant, miracle oblige, le résultat fait preuve d’une homogénéité terrible, et évoque plus une osmose commune qu’un assemblage de pièces de puzzle éparses. Comme quoi, même séparés par le temps et l’espace, des musiciens peuvent encore parvenir à susciter des émotions tangibles et concrètes, qui les rapprochent une fois la finalité atteinte.
Mais réduire tout ça à un simple gimmick serait une énorme erreur. Car au-delà de son processus de création et d’enregistrement, ce Mouth of Maggots est aussi un redoutable pamphlet bruitiste, en appelant tout autant à la non-sensibilité du Crust, du Hardcore, du Powerviolence, mais aussi du Blackened Core.
Axé autour de trois titres de durée homogène, cet effort de groupe individuel fait la part belle aux guitares abrasives dignes du Post Hardcore New-yorkais, ainsi qu’à des exercices rythmiques aux multiples cassures, le tout supervisé d’un chant absolument rauque et exhorté, et évoque un genre de crossover entre les UNSANE, les NAILS, TRAP THEM et même les PIG DESTROYER pourquoi pas, soit l’essence et la quintessence de l’underground US sans complaisance.
Mais loin de ne jeter en pâture qu’un chaos à peine organisé, le trio est parvenu sans jamais se rencontrer de visu à trouver l’équilibre parfait entre attaque bruitiste nihiliste et musicalité un tant soit peu mémorisable, sans qu’aucun de ses morceaux ne soit enterré sous une linéarité quelconque.
Pour faire simple et corréler le contenant au contenu, je dirais que ce premier EP des MOUTH OF MAGGOTS est musicalement à l’image de sa pochette.
Complexe, mais direct. Séduisant dans la forme, mais terrifiant dans le fond. Aussi lumineux qu’il n’est sombre dans son assemblage de composantes Core traitées avec la même finesse que ce trait graphique représentant un visage grotesque.
Certes, le message passe puisqu’il est déjà plus ou moins assimilé depuis longtemps, mais les trois acolytes virtuels sont parvenus à insuffler à leur son extrême quelques variations intéressantes qui les dissocient de la masse grouillante de groupes stériles.
On remarquera évidemment – logique chronologique oblige – la force de l’entame « Screaming Flesh Target » qui se complaît dans une virulence à mi-chemin entre un TRAP THEM salement costaud et un DISCHARGE qu’on aurait levé trop tôt, avec quelques divergences à la NAILS tout à fait captivantes de blasts.
Une rythmique puissante et méchamment véloce qui se calque sur des riffs sombres et froids comme du Suédois pas décongelé, pour un accompagnement vocal mixé en arrière-plan et menaçant comme des ellipses de regards qui en disent plus long que prévu sur l’animosité ambiante.
Déluge de riffs monolithiques, brisures dans l’évolution, et finalement, construction brutale progressive qui mène à une explosion de haine contenue.
C’est terriblement bien fait, et surtout suffisamment « aéré » pour qu’on n’ait pas le sentiment de cheminer pendant des heures dans un décor inamovible, et « Rack Melisma » de changer justement les perspectives du panorama en accentuant la pesanteur poisseuse d’un Crust à tendance Sludge, union fatale d’un BARONESS en pleine descente de schizophrénie et d’un CURSED impliqué dans un exorcisme pas facile…
« Body Painting with DNA Evidence » rappelle quant à lui en conclusion le FETISH 69 le plus dérangé et dérangeant, accompagné dans son délire par un FORENSICS perturbé dans sa peinture d’une dissection musicale absolue.
La distorsion s’épaissit de plus en plus, les riffs se veulent plus gras, alors même que le thème majeur virevolte avec une légèreté étonnante, porté dans son envol par des stridences inopinées et des hurlements de plus en plus aigus. Le trio parvient même à décocher une flèche de riffs délicieusement accrocheuse, ce qui ouvre ma foi des perspectives fort intéressantes pour l’avenir du groupe…s’il existe.
Alors certes, les mecs ont bossé leur partition en solo, mais le résultat produit est loin d’être un simple collage hasardeux d’idées étalées. La cohésion est frappante, et le résultat valide, dans un registre fouillé qui picore les fleurs du mal Hardcore, Sludge, BM et Crust.
Imaginez les lèvres pulpeuses et bleues d’une femme sublime, allongée sur la table en alu d’une morgue. Et visualisez les asticots s’évader de sa bouche entrouverte. C’est un peu l’effet produit par cet EP.
Attirant et répugnant à la fois.
Vous avez compris le processus.
Titres de l'album:
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49